dimanche 14 octobre 2018

Compte-rendu du café littéraire #33

Lors de ce café littéraire de rentrée, une quinzaine de lecteurs se sont retrouvés pour partager leurs lectures de vacances.

Edith nous présente Cosme de Guillaume Meurice. Cosme ou l’histoire d’un fils d’immigrés espagnols, agrégé de rien, pas même bachelier, qui découvre le Graal de la poésie française : le sens caché du sulfureux et mystique poème de Rimbaud, Voyelles. Une vie entre passions partagées, infinie solitude, vertiges, long dérèglement des sens. Le récit d’un homme libre. C’est écrit dans un style haché, parfois un seul mot pour une phrase ou pas de verbe, mais Edith a eu du mal à s’arracher de ce livre très prenant. Elle a également apprécié le livre de Jean-Christophe Rufin, Le Suspendu de Conakry. Aurel, un personnage à la fois ridicule et attachant, est vice-consul de France à Conakry. Mais il est mis au « placard » du consulat depuis des lustres et raillé par tout son entourage. Quand se produit l’assassinat d’un plaisancier français installé au port depuis des mois, Il se mobilise. Sa hiérarchie est absente, il a un peu de temps devant lui pour agir : il n’a de cesse de résoudre l’énigme de cette mort. Un roman policier bien construit, à lire pendant l’été, et même après…

Catherine nous parle d’un livre d’un livre très émouvant, La Tresse de Laetitia Colombani. Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté. Il y a l’Indienne Smita qui est une Intouchable, la Sicilienne Giulia qui travaille dans l’atelier de son père et la Canadienne Sarah, avocate réputée. Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité. Au départ, le livre peut paraître bizarre, mais après quelques pages, on est pris dans l’histoire.

Fabienne a passé un bon moment en lisant Alors vous ne serez plus jamais triste de Baptiste Beaulieu. Un médecin qui a perdu le goût de vivre décide de mettre fin à ses jours. Il monte dans un taxi pour régler quelques affaires à l'hôpital et rencontre la conductrice, une vieille dame excentrique, qui possède le don de deviner le moment exact de la mort des gens. Elle lui propose de lui laisser sept jours pour revenir sur sa décision. Il cède à sa proposition. L'ouvrage est paginé à rebours. Avec beaucoup d’humour, l’auteur signe néanmoins une œuvre profonde qui interroge sur le sens de la vie.

Denise dont c’était le premier café littéraire nous a parlé avec enthousiasme du livre de Peter Wohlleben La Vie secrète des arbres. Ce livre avait déjà été évoqué par Jean-Daniel, il y a quelques mois, mais c’est toujours intéressant d’avoir plusieurs avis. Il s’agit d’un plaidoyer pour que l’on observe les arbres, qu’on les respecte, car ils communiquent entre eux, savent se protéger. Denise nous lit les titres des chapitres, par exemple « Rapport de l’arbre et de l’eau ». Elle nous parle des érables que l’on ausculte au stéthoscope pour savoir si c’est le moment de tirer le sirop. On ne verra plus jamais les arbres de la même façon.

Christiane a plusieurs livres à présenter, tout d’abord, le tome 4 de la série « Mentine », de Jo Witek, livres qu’elle destine à ses petites-filles, mais qu’elle lit toujours avant. Seule à New-York raconte le séjour de Mentine, hébergée chez sa correspondante, Joyce. Mais cette dernière la dédaigne et rechigne à lui faire partager ses activités. Mentine découvre que la famille est au bord de la crise et que Joyce cache sa souffrance sous des dehors méprisants. Christiane a lu également Une Année en Provence, installé près de Ménerbes, l'écrivain Peter Mayle en a fait une chronique quotidienne et malicieuse qui a fait le tour du monde et qui connaît en France un succès sans précédent. Enfin, dernier coup de cœur, Venise n’est pas en Italie, d’Yvan Calbérac. L’histoire d’un adolescent né dans une famille inclassable, l’histoire d’un premier amour, miraculeux et fragile. Un voyage initiatique et rocambolesque où la vie prend souvent au dépourvu, mais où Venise, elle, sera au rendez-vous.

Céline nous parle de son dernier roman La Graine, très différent du premier, livre plutôt politique, mais très romantique. On est en 2022, un parti d’extrême-droite a pris le pouvoir… Espérons que ce ne soit que de la fiction, mais quand on voit ce qui se passe dans d’autres pays, restons vigilants. Le succès semble déjà au rendez-vous pour Céline, notre écrivaine locale.

Denis V, toujours adepte de poésie, nous lit un poème extrait de Magie des fjords, livre norvégien bien évidemment. Il nous présente également un numéro Hors-série du journal « Le Monde » sur George Sand. Lui qui n’aimait pas trop les romans de cette écrivaine a découvert une autre facette de cette femme. Par exemple un extrait de la pièce, publiée en 1839, Gabriel dans laquelle on trouve la phrase « je ne sens pas que mon âme ait un sexe », l’histoire d’une fille élevée comme un garçon. George Sand ne revendique pas le vote des femmes, elle dit d’abréger le Code Napoléon et qu’ensuite elle défendra cette cause.

Nous avons retrouvé avec plaisir Denis F. qui était venu nous rendre visite après de longs mois d’absence. Même s’il est venu sans livre, nous espérons le revoir lors des prochains cafés littéraires.

Christine a lu un roman policier très amusant, plein d’humour, Tout un été sans Facebook de Romain Puértolas. Une histoire policière atypique, dans ce bled de 150 âmes oublié d'internet où même le téléphone mobile ne passe pas, Agatha Crispies se demande comment réintégrer un jour le NYPD avec de tels états de service lorsqu'un homme est retrouvé mort dans sa baignoire percé de 150 trous d'aiguilles à tricoter. L'occasion rêvée pour Agatha de mettre en pratique les techniques d'enquête que son défunt père lui a enseignées. Sachez tout de même que, cette fois, Romain Puértolas s'est permis une fin totalement immorale.

Cet été, Guy a passé 12 jours à surveiller son expo face à Nausicaa à Boulogne-sur-Mer. 10 000 entrées par jour à Nausicaa, 5 pour son expo, ce qui lui a laissé le temps de lire, il faut voir le bon côté des choses. Il s’est donc plongé dans l’œuvre de Fred Vargas, qui a une façon bizarre d’écrire ses « rom-pol » comme elle appelle ses romans policiers. On y découvre un commissaire Adamsberg, un peu abruti, on lui dit qu’il est pelleteur de nuages. L’Homme aux cercles bleus a séduit Guy, "Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? " Depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris. Mais Un matin, c'est le cadavre d'une femme égorgée que l'on trouve au milieu d'un de ces cercles bleus….

Anne-Marie, qui aime l’Histoire, a été attirée sur les rayons de la bibliothèque, par un livre qui s’intitule La Fabuleuse imposture du comte de Belfort de Thierry Desjardins. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas de rapport avec la ville de Belfort. 1848-1902. Alors que la France est en pleine métamorphose, le mystérieux marquis de Belfort côtoie à la cour de Napoléon III les personnalités les plus prestigieuses : Haussmann, Gambetta, les Rothschild, Mérimée, etc., et prétend avoir perdu ses actes de noblesse lors de la Révolution. Qui est-il ? Quel est son but ? L'histoire vraie et incroyable d'une magnifique imposture. Anne-Marie a beaucoup aimé ce roman.

Yvonne a lu ou plutôt écouté pour la première fois un livre audio, et elle a trouvé que c’était plutôt agréable, à condition de bien choisir la voix. Cela fait débat, certains pensent que ça bien être bien en voiture, mais n’est-ce pas dangereux si l’on est trop absorbé par l’histoire. D’autres ne le feront jamais, car on n’a plus le plaisir de tourner les pages, le débat reste ouvert. Il s’agit de Juste avant le bonheur d’Agnès Ledig. C’est bien écrit, à la fois joyeux et triste. Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fée. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d'une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Emu par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie ? Un livre qui fait du bien.

Je terminerai par un livre que j’ai mis plusieurs mois à lire, Falaise des fous de Patrick Grainville. Au terme de sa vie, un homme raconte son siècle dans un long récit rétrospectif qui court de la naissance de l’impressionnisme aux rivages des années 1930. Une multitude de personnages de ces années fastueuses traversent ce prodigieux roman, touffu, exubérant, limpide et sublime. On y croise des peintres, Manet, Pissarro, Vallotton, Boudin, le « Raphaël des ciels », que l’auteur place très haut dans son firmament artistique, Picasso à ses débuts ; des écrivains, Zola, Victor Hugo, le jeune Marcel Proust dans les salons, Barrès et ses errements, Léon Daudet en sa bassesse ; des hommes politiques, Clemenceau, homme d’État inflexible et intime de Monet. C’est un livre à savourer lentement, car il y a beaucoup de descriptions, on prend sa tablette pour chercher le tableau dont il parle, ça prend du temps. Mais c’est un livre fabuleux pour qui aime l’art et l’histoire.

Le prochain café littéraire aura lieu le Mardi 16 octobre à 20 h

Bernadette 

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