Armelle, qui n’a pas beaucoup lu ces derniers temps, a néanmoins apporté un livre qu’elle n’a pas encore fini, mais qui lui plaît beaucoup. L’écriture est une île de Lorraine Fouchet, ancienne médecin urgentiste, autrice de nombreux romans, qui met en scène un atelier d’écriture. Alix est romancière, pour son métier, elle a renoncé au reste. Un jour, elle accepte de partager sa passion lors d’un atelier d’écriture sur l’île de Groix. Elle découvre six participants réunis autour des mots qui les bouleversent, les habitent, les hantent ou les émeuvent. Six participants de 20 à 86 ans qui vont vivre une aventure pleine de surprises et apprendre qu’écrire, c’est aussi écouter. Armelle a pensé à nos propres ateliers d’écriture animés par Françoise, chacun se dévoile et c’est à la fois drôle, émouvant, porté par une écriture agréable et facile à lire. Un roman qui fait du bien…
Andrée-Claude, qui habite Baume-les-Dames, est venue avec Armelle pour la première fois. Elle n’a pas apporté de livre, mais a pris quelques notes. Elle souhaite nous parler d’une BD, ou plutôt d’un roman graphique, d’Art Spiegelman intitulé Maus. Ce récit autobiographique alterne deux époques : les années 1980, les années pendant lesquelles il écrit son livre et les années 1930-1940 avec les témoignages bouleversants du passé de sa famille et la vie personnelle de Vladek, son père. Ayant une grande difficulté à communiquer avec lui, Art Spiegelman entreprend l’écriture de sa vie. Vladek, juif polonais, déporté à Auschwitz en 1944 avec sa femme, après une vie périlleuse de 1940 à 1944 va de cachette en cachette pendant l’occupation allemande de la Pologne. Art questionne donc son père sur les conditions de vie de l’avant-guerre, du ghetto et du camp de concentration. L’originalité du livre est d’avoir représenté les déportés sous forme de souris et les nazis sous forme de chat. André-Claude, qui s’intéresse beaucoup à cette période de l’histoire, et qui a beaucoup lu sur le sujet, a encore appris de ce livre.
Christine a lu un conte moderne, L’enfant qui sauva la terre de Didier van Cauwelaert. L’année de ses douze ans, Thomas se prépare à mourir d’une maladie orpheline, lorsqu’une clown d’hôpital lui propose un marché : rejoindre un groupe d’enfants incurables qui soignent la Terre à distance. « Plus tu te battras pour préserver la vie de la planète, plus tu rendras ta guérison nécessaire ». Mythomane, créature surnaturelle ou simple bénévole prête à tous les stratagèmes, qui est cette inconnue décidée à transformer un petit condamné en sauveur ? Réussira-t-elle le pari fou de donner à un gamin perdu une raison de survivre ? C’est étonnant, distrayant et agréable, Christine n’en dira pas plus. Elle préfère nous parler d’une romancière locale, Bérénice Vessot, auteure indépendante et coach littéraire. Son troisième roman, Tu n’es pas seule, nous parle d’une brillante étudiante en médecine, qui fréquente un petit voyou trafiquant de drogue, et elle doit, elle aussi, jongler avec l'illégalité pour vivre un minimum, sauf que tout ne se passe pas comme prévu. On comprend peu à peu son histoire et une vie qu’elle n’a pas choisi. Va-t-elle s'en sortir et enfin vivre loin de l'illégalité ? Il faut vraiment attendre la fin pour rassembler toutes les pièces du puzzle. Une bonne surprise avec ce roman qui tient en haleine !
Dans un premier temps, Isabelle nous présente Le silence de mon père de Doan Bui, une histoire vraie racontée par cette journaliste française d’origine vietnamienne, qui a reçu le prix Albert Londres en 2013. C'est l'histoire d'un père enfermé dans le silence suite à un AVC et de sa fille qui part à la recherche de l'homme qu'il fut. C'est une enquête intime menée comme un polar, un voyage dans les secrets de famille, les exils et la mémoire, de la banlieue du Mans aux ruelles de Hanoï. On est vraiment plongés dans la culture du Vietnam et c’est très prenant. Un récit, un roman-quête en forme de puzzle, drôle et nostalgique à la fois. Autre découverte d’Isabelle, Les conditions idéales de Moktar Amoudi, un premier roman qui a obtenu le Goncourt des détenus. Skander n'a pas eu la vie facile. Élevé dans un contexte précaire, sans père et avec une mère souvent absente, il a été confié à Khadija par l'ASE en région parisienne. Malgré ces obstacles, il est résolu à transformer son avenir, refusant de se laisser enfermer dans des clichés. À travers Skander, Mokhtar Amoudi plonge le lecteur au cœur des banlieues françaises, mettant en exergue les combats quotidiens de ces jeunes face au déterminisme social. Un roman d'apprentissage au charme irrésistible…
Jeanine s’est plongée avec bonheur dans le dernier livre de Jacky Schwartzmann, intitulé Bastion. Fan de l’auteur, elle n’a pas été déçue, c’est truculent, un scénario d’enfer, dont elle ne devine jamais le dénouement. C’est très fin, avec des rebondissements, l'histoire de Jean-Marc Balsan, un ancien socialiste retraité, dont l'ami d'enfance, Bernard, se rapproche d'un groupuscule d'extrême droite violent nommé le Bastion. Inquiet de l'influence de ce groupe sur Bernard, la nouvelle compagne de celui-ci demande à Jean-Marc d'infiltrer le Bastion afin de le protéger. À travers le regard de cet anti-héros, le roman explore le milieu de l'ultradroite lyonnaise, de ses militants de base à ses figures intellectuelles, en passant par un policier chargé de leur surveillance. L’auteur ne juge pas, ne condamne pas, il explique, c’est irrévérencieux, mais pas moralisateur, très intéressant. Autre lecture, La petite bonne de Bérénice Pichat, écrit d’une façon surprenante, en effet dès les premières lignes, la construction aussi audacieuse que réussie, invite le lecteur à passer d'un personnage à l'autre en alternant les styles d'écriture. L'histoire suit une jeune domestique sans nom, au service de Blaise et Alexandrine Daniel. Blaise, pianiste brisé par la Première Guerre mondiale, est revenu mutilé, tant physiquement que moralement. Alexandrine, sa femme, s'est effacée pour devenir son infirmière dévouée, mettant sa propre vie entre parenthèses. Jeanine a trouvé ce livre magnifique, elle a été transportée, elle nous donne vraiment envie de le lire.
Rosemay nous annonce du plus light avec Angélique de Guillaume Musso. Paris, Noël 2021, après un accident cardiaque, Mathias Taillefer se réveille dans une chambre d’hôpital. Une jeune fille inconnue se tient à son chevet. C’est Louise Collange, une étudiante venue jouer bénévolement du violoncelle aux patients. Lorsqu’elle apprend que Mathias est flic, elle lui demande de reprendre une affaire un peu particulière. D’abord réticent, Mathias accepte finalement de l’aider, les plongeant ainsi, tous les deux, dans un engrenage mortel. Ainsi commence une enquête hors du commun, dont le secret tient à la vie qu’on aurait voulu mener, l’amour qu’on aurait pu connaître, et la place qu’on espère encore trouver… Rosemay ne s’étendra pas plus sur ce livre, qui est un peu brouillon, elle est allée jusqu’au bout, mais est restée sur sa faim. Elle vient de commencer La symphonie des monstres de Marc Lévy, qui semble dans ses deux derniers livres, aborder des sujets plus sérieux. Il nous plonge dans la guerre que mène la Russie à l’Ukraine, en s’arrêtant plus particulièrement sur le cas des milliers d’enfants ukrainiens enlevés par les troupes russes et déportés en Russie. Un thriller qui nous immerge dans une actualité glaçante.
Après avoir regardé la série Sambre, Catherine a souhaité lire le livre éponyme d’Alice Géraud. Durant trente ans, dans le nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin de long de la Sambre. Elles portent plainte. Mais elles ne sont pas toujours crues. Et pendant longtemps, personne ne fait le lien entre ces viols. En février 2018, "le violeur de la Sambre" est arrêté. C’est un monsieur tout le monde, père de famille et ouvrier apprécié de tous. Comment a-t-il pu commettre autant de crimes, aussi longtemps, sur un si petit territoire, sans jamais être inquiété ? C’est par cette question que la journaliste Alice Géraud débute son enquête. Bien au-delà du fait divers, Sambre raconte la manière dont nos institutions et notre société ont traité les victimes de viols depuis les années 80 jusqu’à l’ère #MeToo. Ce livre change définitivement le regard. D’ailleurs Catherine nous conseille de regarder la série Flashback, qui est dans la même veine. Elle en profite pour nous signaler la venue de l’écrivain François Hegwein à la Médiathèque de Blamont le mercredi 4 juin, pour ceux qui sont intéressés.
Après une petite pause café, Martine reprend avec Les morsures du silence de Johana Gustawsson, un roman noir écrit par une Française installée en Suède. Dès le début Martine s’est demandé si elle irait au bout, car ça débute par le suicide d’une enseignante devant sa classe, très dur ! Le cadavre d'un adolescent est retrouvé sur l'île de Lidingö, en face de Stockholm, vêtu d'un costume traditionnel de la Sainte-Lucie. Vingt-trois ans auparavant, une jeune fille avait été découverte assassinée au même endroit, dans le même accoutrement. Le petit ami de la victime avait alors été condamné. Le commissaire Aleksander Storm mène l'enquête. Finalement Martine s’est laissé embarquer dans ce roman dépaysant et très prenant. Bien qu’elle lise peu de BD, elle ne parvient pas à profiter à la fois du texte et des images, elle poursuit néanmoins avec une BD de JeanLouis Tripp, Le petit frère. Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l'insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence... 45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame. Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale... Un roman graphique et autobiographique extrêmement poignant !
A mon tour de présenter le dernier livre de Philippe Besson, Vous parler de mon fils, un livre aussi fort que le précédent sur le féminicide. L’auteur se saisit de sujets de société pour les traiter de façon très humaine. Anéanti par le suicide de son fils, Vincent remonte le temps et raconte. Il raconte les brimades et injures incessantes, la lâcheté de ceux qui ont laissé faire. Dans ce puissant réquisitoire contre la violence ordinaire, la bêtise et l’intolérance, Philippe Besson analyse les mécanismes insidieux du harcèlement, tout en interrogeant les failles de l’institution scolaire et l’impuissance des adultes face à l’un des pires fléaux de notre époque. Un roman court mais bouleversant, l'auteur a su mettre l’accent là au ça fait mal, lui qui a vécu le harcèlement dans son enfance est particulièrement sensible à ce problème. Pour me remettre de cette lecture difficile, j’ai enchaîné avec Villa Gloria de Serena Giuliano. Ce livre se passe dans les Pouilles, une région d’Italie que j’ai visité et que j’avais envie de retrouver. A Villa Gloria, une maison d’hôtes pas comme les autres, Iris et sa mère, qui a donné son nom à sa maison, veillent à ce que chaque client se sente comme chez lui. En cette semaine d'avril, les nouveaux venus promettent un cru d'exception. Gregorio est le roi des râleurs. Rien ne trouve grâce à ses yeux. Valentina et sa filleule, Bianca, ont l'air un peu cabossées - surtout la petite, légèrement obsessionnelle. Doria et Edoardo forment un couple très discret. A se demander ce qu'ils ont à cacher... Quant à Carla, allez savoir pourquoi, elle a fait vœu de silence. Mais Gloria, qui aime gentiment se mêler des affaires de ses hôtes, saura percer les mystères de chacun. Ils sont de passage, ne se connaissent pas, mais ont décidé par hasard de poser leurs valises une semaine dans le même lieu. A lire pour un bon moment de détente.
Edith a apporté Trésor caché de Pascal Quignard, dont on a beaucoup entendu parler ces derniers temps. Elle l’avait apprécié à La grande librairie, mais elle trouve son écriture très bizarre. C’est très poétique, très sensible, mais il est capable dans une même phrase de changer de temps, de lieu, ou de narrateur, et c’est déstabilisant. Pour suivre, il faut parfois revenir en arrière. L’histoire est curieuse également, Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée. Finalement une belle lecture pour Edith.
Cédric a un livre et demi à nous présenter, explications… Le premier, il l’avait acheté pour un jeune en famille d’accueil dont il s’occupe, mais ce dernier ne l’a pas emporté, donc pas lu. Fils de tueurs de Rachel Corenblit, un thriller psychologique haletant, peut-être compliqué pour un jeune lecteur débutant, c’est l’avis de l’assistance. Clément, 17 ans, est le fils d'Étienne Duval, un serial killer. Après dix ans sans contact, il accepte de rencontrer sa mère incarcérée, espérant découvrir la vérité sur son passé. En échange, elle lui révélera où sont cachés les corps des victimes de son père, mais Clément ne sait pas qui est vraiment sa mère : une victime de Duval, comme lui, ou une manipulatrice ? C’est très bien fait, l’auteur aborde des thèmes profonds tels que la violence, la manipulation et la recherche de vérité. Cédric poursuit avec un livre qu’il n’a pas pu terminer, Camille s’en va de Thomas Flahaut, l’histoire de militants défaits par la répression policière et le changement climatique, à qui il ne reste que l’amitié pour continuer d’espérer. Cédric s’est arrêté lors de l’évocation du Bataclan, il y a trop de métaphores dans ce roman, il n’a pas accroché. C’est rare qu’il ne termine pas une livre, mais...
Bernadette
Le prochain Café littéraire et dernier de la saison
se déroulera
le Mardi 1er juillet à 19h à la Louisiane.