dimanche 17 mars 2024

Café littéraire # 63

Quelques absentes pour ce 63ème Café littéraire. Mais nous avons eu le plaisir d’accueillir Régine et Gérard, un couple de lecteurs venus grossir nos rangs. Bienvenue à eux ! 

Christine
a pris la parole pour nous présenter deux livres. Tout d’abord Fabriquer une femme, dernier livre de Marie Darrieussecq, et même si Christine a déjà lu plusieurs de ses ouvrages, elle n’aime pas vraiment son écriture. Ce roman raconte l’entrée dans la vie adulte de deux amies adolescentes, Solange et Rose. Nous sommes dans les années 80, en province dans le Pays basque, à Bordeaux, puis à Paris. Deux destins à la fois liés et différents, qui permettent à l’auteur au-delà de cette histoire, de parler de la condition féminine dans tous ces aspects, mais ce n’est pas un manifeste féministe non plus ! Christine, hormis le style, a néanmoins trouvé ce livre intéressant et a été émue par certains passages. C’est un peu triste, désespérant par moment, mais il faut le lire. Dans un tout autre registre, un livre plutôt distrayant, Le temps des loups d’Olivier Maulin. Pour résumer, trois frères vivent dans une ferme délabrée dans les Vosges, un seul travaille pendant que les deux autres glandouillent. Quand ces deux derniers montent le projet de kidnapper une américaine, célèbre écrivain, le troisième frère sera malgré tout présent au cas où cela tourne mal. Et rien ne se passera comme prévu ! Christine a passé un bon moment, et elle aime quand ça se déroule dans des lieux qu’elle connaît. Un roman à décou­vrir pour un humour omni­pré­sent et pour ses intrigues éton­nantes. 

Françoise a lu Mes pas dans leurs ombres de Lionel Duroy. Elle l’a emprunté à Chantal qui nous l’avait présenté il y a quelques mois. Françoise est très attachée à ce qui touche à la Roumanie, elle a été bouleversée par ce roman construit comme une enquête sur les rafles et la collaboration en Roumanie au début de la 2ème guerre mondiale. Elle nous présente également Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur, femme rabbin et écrivaine, souvent confrontée à la mort et qui essaie de transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent. Elle conte, à travers onze chapitres, la manière dont on donne un sens à la mort à travers la parole. Ce n’est ni morbide, ni déstabilisant, c’est vivre la mort en lui donnant un sens. Plusieurs aspects sont évoqués, les histoires des gens qui meurent avec de grands noms comme Simone Veil ou Marceline Loridan, elle y associe les textes sacrés et le conte. Françoise trouve que c’est remarquablement écrit par une fille qui doit être très intelligente. Elle nous parle des journées interreligiosités auxquelles elle a assisté, bien que n’étant pas croyante, elle s’intéresse à l’histoire des religions. C’était passionnant ! 

Gérard a apporté deux livres, le premier il l’a lu dans le cadre du Club de lecture du Centre Simone Veil, où les livres sont imposés, ce qui permet de lire des livres qu’on n’aurait peut-être pas lus autrement. Il s’agit d’un livre de Walker Hamilton, un auteur écossais décédé en 1969. Tous les petits animaux raconte l’histoire de Bobby qui a trente et un ans, mais qui a gardé la naïveté et les réactions d'un petit garçon. Sa mère est morte. Fuyant la cruauté de son beau-père « le Gros », il se retrouve seul sur les routes. Il y rencontrera M. Summers, un vieil homme solitaire, meurtrier impuni, dont l'étrange métier est d'enterrer « tous les petits animaux »… À eux deux ils formeront la plus inattendue des paires, capable du meilleur comme du pire. Ce roman plein d'humanité aborde, mine de rien, tous les grands sujets comme le droit à la différence, la pédophilie, l'écologie, la souffrance animale, l'avenir de l'homme ou encore la violence de nos sociétés, autant de sujets dont on ne parlait pas à la sortie du livre. Un style percutant, des dialogues vifs et efficaces, un petit livre qui se lit très rapidement, mais qui a laissé Gérard perplexe, quant à la véritable intention de l’auteur. Passons au coup de cœur de Gérard, Le roman de Jim de Pierric Bailly, un auteur né à Champagnole en 1982. Son avant-dernier roman évoque avec une grande beauté une forme d’attachement, hors des liens du sang. Aymeric, le beau-père de Jim, a rencontré Florence, sa mère, alors qu’elle était enceinte de six mois. Tous les trois mènent une vie heureuse dans le Jura jusqu’à ce que le père biologique, Christophe, revienne suite à une tragédie personnelle. Gérard qui est un adepte de Bernard Clavel a retrouvé chez cet écrivain la même façon d’écrire. Un auteur à suivre… 

Régine n’a pas apporté de livre, ce sera pour la prochaine fois. 

C’est donc à mon tour de présenter L’empire du froid de François Garde, un livre que j’avais mis sur ma liste avant de me rendre aux « Livres dans la boucle », sans savoir si j’allais l’acheter, mais l’auteur a su me convaincre. C’est donc au travers d’une compilation de 99 textes (classés par ordre alphabétique), à la fois insolites, instructifs et emplis d’humour, que François Garde nous livre ses perceptions du froid. Il y mêle les histoires des premières explorations vers les pôles, des aventures menées vers les plus hautes altitudes, mais aussi des anecdotes autour de notre perception quotidienne du froid. Des récits à frissonner, à savourer au coin du feu. C’est extrêmement varié, puisque tous les thèmes y sont abordés, que ce soit l’histoire, la géographie, les sciences, la gastronomie, la philosophie et j’en passe. J’y ai appris beaucoup de choses, d’ailleurs je vais partager quelques passages en les lisant, comme la recette du pemmican, l’agression du froid lors de la naissance, ou l’éruption volcanique en 1783 d’un volcan islandais qui avait modifié le climat pendant une bonne année, provoquant famines et intoxications dans toute l’Europe. En conclusion et de façon humoristique, il dit qu’il vaudrait mieux se battre pour le froid, que contre le réchauffement climatique, ce serait plus positif. 

Armelle, qui était venue en observatrice la première fois, avait promis d’apporter un livre. Ce sont deux livres dont elle souhaite nous parler ce soir, tout d’abord Kilomètre zéro de Maud Ankaoua. Un livre de développement personnel, des leçons de vie, en résumé Maëlle est directrice financière dans une start-up en pleine expansion. Elle mène une vie bien rodée jusqu’au moment où sa meilleure amie lui demande un immense service. Une question de vie ou de mort…  Maëlle accepte la mission et se rend au Népal où elle doit prendre possession d’un document qui permettra à son amie de guérir. Au cours d’expériences et de rencontres bouleversantes, Maëlle va apprendre les secrets du bonheur profond et transformer sa vie. Mais réussira-t-elle à sauver son amie ? Armelle nous avoue ensuite être allée à la librairie et avoir demandé un petit livre qu’elle pourrait présenter au Café littéraire. La libraire lui a conseillé un premier roman J’ai huit ans et je m’appelle Jean Rochefort d’Adèle Fugère, en lui disant qu’elle allait sourire. Rosalie Pierredoux, 8 ans, sent toute la tristesse du monde peser sur ses épaules. Un matin, sans prévenir, Jean Rochefort et sa moustache vont changer son regard. Poétique, inventif, drôle, c’est inclassable, ça se lit en une heure et ça fait du bien ! 

Nous terminerons avec Isabelle qui a apporté La commode aux tiroirs de couleurs, dont j’ai peut-être déjà parlé, mais il y a quelques années. C’est le premier roman de la chanteuse Olivia Ruiz, qui a tous les talents, elle chante, danse et maintenant écrit. À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours. C’est autobiographique, mais un peu romancé aussi car il y a eu des secrets. Isabelle trouve que c’est bien écrit, c’est prenant, ça parle de la condition des femmes et des immigrés. Les lieux, les époques, ainsi que l’Histoire, omniprésente, constituent le point fort du roman. Ils donnent une crédibilité aux drames que vit cette famille. En conclusion, un très bon roman. 

Bernadette

Le prochain Café littéraire se déroulera le Mardi 23 avril.