dimanche 30 janvier 2022

Compte-rendu du café littéraire # 48

Nous n’étions que cinq à avoir bravé les frimas pour ce 48ème Café littéraire. Cependant la discussion fut animée puisque la séance s’est terminée aussi tardivement que les fois précédentes. 


A tout seigneur, tout honneur, c’est Denis qui a commencé en nous présentant une bande dessinée Fourmies la Rouge d’Alex W. Inker. Fourmies est une ville du Nord de la France, région chère à Denis, où se sont passés de graves évènements à la fin du XIXe siècle. Le 1er mai 1891, malgré les interdictions patronales, les ouvriers grévistes ont décidé de défiler dans la cité textile de Fourmies (Nord), pour réclamer la journée de huit heures. Deux régiments d'infanterie de ligne, cantonnés tout près, se mettent en position sur la place centrale de Fourmies. En fin de journée, une foule revendicative déboule sur la place, un officier ordonne aux soldats de tirer... Neuf personnes meurent. Alex W. Inker, entraîne le lecteur au plus près des personnages, le plongeant en apnée au cœur des événements aux côtés de : Maria, la jeune et belle ouvrière aux cheveux de feu, Kléber, le jeune porte-drapeau amoureux de Louise, Louise, l'ouvrière gouailleuse, Émile, le gamin innocent pêcheur de grenouilles, gavroche bravache et frondeur, Un soldat, l'idéaliste qui ne tirera pas et n'épaulera même pas son fusil Lebel, Un vieux soldat, le salaud qui achèvera les blessés à la baïonnette. Une très belle œuvre qui remet en mémoire des évènements quelque peu oubliés, genre de bande dessinée historique, bien documentée que Denis apprécie tout particulièrement.

Chantal a deux livres à nous présenter, tout d’abord American Dirt de Jeanine Cummins, un livre puissant et bouleversant, qui raconte l’immigration des Mexicains vers les Etats-Unis, où le livre a fait polémique à sa sortie. American Dirt raconte l'épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d'avancer vers la frontière américaine. On y suit le parcours de Lydia, libraire menant une vie calme, et de son mari Sebastian, journaliste engagé menacé par les cartels de la drogue. Cette femme et son fils, seuls rescapés d’une fusillade lors d’une fête familiale, vont être contraints de fuir le pays. L’auteur a passé cinq ans à se documenter sur le sujet. Chantal a trouvé ce roman palpitant, très bien écrit, ça se lit comme un polar. Sinon elle a lu Histoire de la nuit de Laurent Mauvigné, un énorme pavé (634 pages) offert par ses enfants, dont l’épaisseur lui a fait peur. L’auteur fait des phrases très longues qui peuvent s’étaler sur une page, en se perdant dans des détails, mais ça maintient le suspense. Chantal a eu du mal à rentrer dans l’histoire, mais finalement c’est un roman très prenant. L’action principale se résume en peu de mots : un trio mal intentionné pénètre dans un hameau et terrorise ses rares habitants. Au terme de cette épreuve, le sang coulera. Frissons garantis !

Joël va nous parler d’un livre qu’il n’avait pas trop envie de lire au départ, et qui l’a passionné. C’est le livre de Clara Dupont-Monod, S’adapter, qui a reçu le Prix Fémina et le Prix Goncourt des Lycéens. La naissance d'un enfant handicapé racontée par sa fratrie, tel est le sujet du livre, qui pourrait paraître rébarbatif, mais dont l’écriture est magnifique. Ca se passe dans les Cévennes, région que Joël aime beaucoup, et chaque chapitre est consacré à l’un des trois autres enfants de la fratrie, de la relation qu’ils ont avec ce frère lourdement handicapé et de leur place au sein de la famille. Il tire un coup de chapeau aux lycéens qui ont lu et élu ce livre puissant, qui ne laisse pas indifférent. Autre titre lu par Joël, Changer : méthode d’Edouard Louis, un jeune écrivain de 29 ans très particulier, l’auteur de En finir avec Eddy Bellegueule. Une autobiographie racontant la vie d’un fils de rien, homosexuel donc rejeté par sa famille, par l’école, et qui atteint les hautes sphères intellectuelles, une sacrée revanche sur la vie. 

Christine a apporté trois livres, dont deux rapides à lire, l’un assez distrayant, qui fait rire, ce qui fait du bien de temps en temps. C’est un livre d’Alain Bauer qui s’intitule Les criminels les plus cons de l’histoire, il y a les génies du crime qui arrivent à berner tout le monde et il y a ceux qui se font pincer très facilement par manque de jugeote, ils brillent par leur malchance, leur manque de discernement ou d'organisation. Christine nous en lit un exemple, et c’est drôle ! Autre livre, celui-ci de Michel Onfray, La nef des fous, dans lequel l’auteur a réuni tout ce qui paraît fou dans notre société. Jour après jour, il a noté, avec une pointe d'humour, les aberrations et contradictions d’un monde qu'il définit comme décadent. Et ça fait peur ! Enfin livre plus sérieux, Le crépuscule des maudits d’André Besson, un livre basé sur une rumeur qui circulait en Allemagne et qui disait qu’Hitler aurait eu un fils d’Eva Braun. En fait ce livre raconte les derniers moments du Reich, une partie de l’histoire dont on parle finalement assez peu, un récit passionnant qui nous fait entrer dans la psychologie des ces hommes embrigadés. 

On termine avec un livre que l’on m’a offert, que je n’aurais sans doute pas acheté, mais qui m’a beaucoup intéressée. Hamnet de Maggie O’Farell, une romancière et journaliste britannique, qui raconte l’histoire méconnue de la femme et du fils de Shakespeare, prénommé Hamnet. Celui qu’on connaît comme un immense auteur, a, entre les pages de ce roman, une famille, une femme, des enfants et des parents, et pas toujours le beau rôle. Porté par une très belle écriture, ce roman est la bouleversante histoire d'un frère et d'une sœur unis par un lien indéfectible, celle d'un couple atypique marqué par un deuil impossible. C'est aussi l'histoire d'une maladie " pestilentielle " qui se diffuse sur tout le continent. Mais c'est avant tout une magnifique histoire d'amour et le tendre portrait d'un petit garçon oublié par l'Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.

Bernadette

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