dimanche 9 mai 2021

Compte-rendu du café littéraire #46

C’est masqués, mais très contents de se revoir après six mois d’interruption, qu’une douzaine de lecteurs se sont retrouvés autour d’un verre pour ce 46ème café littéraire. Certains ont beaucoup lu pendant le confinement, d’autres ont avoué ne pas avoir pu, le stress étant trop présent. 

Nous sommes heureux de retrouver Jean-Daniel qui a lu des livres qui font du bien, comme ceux de Gilles Legardinier, mais ce soir il préfère nous présenter deux livres très différents. Tout d’abord Les aventuriers du Cilento de Michel Quint, un livre qui l’a énormément marqué. Michel Quint nous plonge dans une Italie du Sud solaire et misérable, où le héros est à la recherche de ses racines, pour un fascinant roman sur ceux qui résistent à la tentation totalitaire, avec courage et passion. Un livre très très fort qu’il n’est pas près d’oublier. Deuxième coup de cœur de Jean-Daniel, Annette, une épopée d’Anne Weber, le récit d’une vie exceptionnelle, celle d’Anne Beaumanoir, presque centenaire, vivant dans la Drôme, engagée dans la résistance, engagée dans le soutien au peuple algérien, engagée toujours, puisqu’aujourd’hui elle est l’une des initiatrices du Conseil National de la Nouvelle Résistance qui vient de se créer.

Cédric a lu Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin, un auteur lorrain. L’histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes. Laurent Petitmangin a obtenu le Prix Stanislas 2020 pour ce premier roman sensible et puissant sur l'amour filial, l'engagement politique qui peut conduire au pire. Ça se lit vite, mais Cédric n’est pas sûr qu’on en retienne quelque chose. Il a plus été intéressé par la partie familiale que par la partie politique. 

Christine nous présente tout d’abord L’énigme Alexandrie de Steve Berry. Elle n’a pas trop l’habitude de lire des romans policiers, mais elle a choisi celui-là, car ce n’est pas trop sanguinolent et l’intrigue est intéressante. L’expert en manuscrits Cotton Malone, se lance sur les traces des secrets de la bibliothèque disparue d'Alexandrie. 50 avant J.-C. : la bibliothèque d'Alexandrie, qui renferme plus de 700.000 volumes, est de loin la plus grande collection de manuscrits religieux, philosophiques et scientifiques de son époque. Elle va soudainement disparaître sans laisser de traces, dans des circonstances qui demeurent, aujourd'hui encore, mystérieuses. Un livre plein de rebondissements, qui vide la tête, et qui apprend beaucoup de choses sur l’histoire antique. Autre livre présenté par Christine, Quand blanchit le monde de Kamila Shamsie. En 1945, à Nagasaki, le monde blanchit... Rescapée de l'apocalypse nucléaire, Hiroko porte à jamais dans sa chair les brûlures d'une vie détruite. De Karachi à New York, jusqu'à l'Afghanistan, dans un demi-siècle fiévreux et grave où s'affrontent sans relâche le bien et le mal, elle part en quête d'un recommencement. Et dresse, à travers les conflits, un hymne bouleversant à l'humanité. Un livre qui apprend également beaucoup sur le monde et sur l’histoire. 

Chantal a oublié ses livres et ses notes mais nous parlera néanmoins de deux livres. Le premier, De pierre et d’os, de Bérangère Cournut a obtenu le Prix Fnac 2019. Aussi scientifique que poétique, ce roman nous invite à explorer l’Arctique sur les pas d’une jeune Inuit, à travers les légendes magiques de ce peuple fier, dans une nature austère à l’attraction magnétique. Une nuit, alors que la jeune fille sort de l’igloo, la banquise se fracture et elle va se trouver séparée de sa famille. Elle va se mettre à la recherche d’un autre groupe, en survivant comme elle le peut. Une approche intéressante de cette culture, illustrée par des photos. Pendant le confinement, Chantal a eu envie de relire (suite à une série télévisée) un petit livre d’Antoine Choplin, sorti en 2012 et qui s’intitule La nuit tombée. Gouri, le personnage principal, traverse de nuit la campagne ukrainienne sur sa moto. A celle-ci est accrochée une remorque… car il revient sur une vie ancienne, à Tchernobyl, dans des lieux désertés, une zone sinistrée après le 26 avril 1986, il revient pour accomplir une mission… 

C’est au tour d’Edith de nous présenter La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante, plus connue pour L’Amie prodigieuse. Elle a trouvé ce livre tout aussi captivant que les précédents, avec la même ambiance des quartiers pauvres de Naples, des rapports compliqués entre les adultes, des différences notables entre les classes sociales. Un très beau livre qui se lit facilement. Autre coup de coeur d'Edith, Les sept sœurs, premier volume d’une série de 7 tomes, écrit par une ancienne actrice irlandaise reconvertie dans l’écriture, Lucinda Riley. Un tome pour chacune des sœurs, livre très poétique, rempli d’amour et de tendresse, qui raconte l’histoire de ces filles adoptées par un homme richissime qui, à sa mort, leur laissera un indice pour retrouver le mystère de leurs origines. 

Quant à moi (Bernadette), j’ai lu pas mal de livres, donc j’ai apporté les deux premiers que j’ai trouvés dans mes rayons. Tout d’abord, La commode aux tiroirs de couleurs d’Olivia Ruiz, une artiste que j’aime beaucoup, qui a de multiples cordes à son arc et dont c’est le premier roman. C’est l’histoire de sa famille émigrée espagnole, en partie autobiographique mais aussi en partie romancée, car comme dans toutes les familles il y a eu beaucoup de non-dits. Un livre bien écrit et émouvant. Le second est un livre qui a obtenu le Goncourt de la Nouvelle en 2020, et qui s’intitule Au coeur d’un été tout en or d’Anne Serre. Ce sont des nouvelles très courtes, deux trois pages, et je trouve que c’est un art très difficile de raconter une histoire en si peu de mots. C’est très varié, il y en a d’émouvantes, de terrifiantes, mais qui parlent toujours de personnages atypiques. A lire entre deux romans. 

Denis nous présente un petit livre, Les euphorismes de Grégoire écrit par Grégoire Lacroix. Délicieux à lire en picorant, au fond de son canapé. Les euphorismes de Grégoire, c'est une collection unique de maximes profondes ou dérisoires, mariant humour noir et paradoxes lumineux. Ce livre est le tome 3. Denis nous met l’eau à la bouche en nous en lisant quelques-uns, dont celui-ci « Si le temps vous semble long, prenez-le dans le sens de la largeur. » Cette lecture a déclenché les rires, ça fait du bien. Ça rappelle un peu l’humour de Pierre Dac, entre autres. 

Christiane a lu le dernier livre de Grégoire Delacourt, Un jour viendra couleur d’orange, dont le titre est emprunté à un poème d’Aragon chanté par Jean Ferrat. Au début elle a été un peu déçue, pensant que c’était un livre sur les « gilets jaunes », mais ce roman aborde beaucoup de sujets différents, les soins palliatifs dans les hôpitaux et l’autisme, en particulier. L’auteur oscille entre le social et les sentiments. Tous les personnages qui traversent ce livre ont une âme et du cœur. Ils ont un visage que ce soit dans la colère, la douleur ou l’amour. Par les temps qui courent cela fait du bien de lire un tel roman. Autre coup de cœur de Christiane, Vania, Vassia et la fille de Vassia, de Macha Méril. Tout au long de ce récit s'écrit l’autobiographie de Macha Méril, fille du prince Wladimir Gagarine et de Marie Belsky, qui se fera connaître dans les années 60 comme une figure de la nouvelle vague. Elle entremêle de manière très habile souvenirs de son enfance et grands épisodes politiques du XX° siècle... Livre très intéressant mais très long à lire. 

Joël nous fait voyager à travers deux livres, l’un russe et l’autre anglais. Tout d’abord Sonietchka de Ludmila OulitskaÏa, petit livre tout simple. Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C'est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu'elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. C’est agréable à lire, il y a de l’humour, un peu grinçant parfois. Ce livre a obtenu le Prix Médicis étranger en 1996. Le second livre nous emmène en Angleterre, ce livre Etés anglais d’Elisabeth Jane Howard nous conte une intrigue familiale au cœur d'une riche demeure occupée par des bourgeois anglais et leurs domestiques... L’intrigue se déroule en 1937, un livre plein d’humanité et d’intelligence, dont la suite devrait sortir bientôt. 

Martine rappelle que lors d’un des derniers cafés littéraires, Edith avait parlé d’un livre d’Eric Fottorino, auteur que Martine apprécie particulièrement, elle est donc allée rechercher dans sa bibliothèque un petit livre qu’elle avait acheté puis oublié, et qui s’intitule Je pars demain. Dans ce livre, l’auteur raconte, alors qu’il avait 40 ans, la préparation de la course du Midi libre, qu’il va faire parallèlement à la course officielle, puisque c’est un passionné de cyclisme. C’est prenant comme un roman car il y lâche des bribes de son histoire personnelle. Edith prend la parole pour vanter la revue Zadig, créée par Eric Fottorino, qui est trimestrielle et qui est une superbe revue, comparable à un livre. Autre livre apporté par Martine, le dernier d’Eric Orsenna dont elle est fan, Briser en nous la mer gelée. Une histoire d’amour entre deux personnes d’un certain âge qui vont se séparer avant d’essayer de se retrouver. Martine se laisse emporter par ses digressions géographiques, ses descriptions et par sa poésie. Un univers qu’elle apprécie ! 

Jeanine, nouvelle venue, ne savait pas qu’il fallait apporter un livre. Elle a peu lu pendant le confinement, elle ne pouvait pas, l'anxiété peut-être, mais elle s’est rattrapée cet été. Une amie prof de français lui a prêté Seules les bêtes de Colin Neil, un roman qu’elle a adoré. Il y a quatre histoires, quatre personnages dont seuls deux ont un lien et ce n’est qu’à la fin du livre que ça prend du sens. C’est très bien écrit et comme Jeannine a aimé, son amie lui a envoyé d’autres livres du même auteur, dont une trilogie, Les hamacs de carton, qui se passe en Guyane où l'auteur a vécu. Ce sont des romans policiers mais pas seulement, une intrigue très bien menée, un peu trash parfois, mais aussi toute une partie culturelle qui donne envie de découvrir cette région du monde. Les deux tomes suivants s’intitulent Ce qui reste en forêt et Obia. Jeannine espère qu’il y en aura d’autres.

Et l’on termine avec Noëlle qui pense que l’on a beaucoup de chance d’aimer les livres. Seule pendant le confinement, elle en a lu et relu bon nombre, dont Les semeurs de bonheur de Cécile Pardi. Comme elle le dit souvent, Noëlle aime les livres qui font du bien, avec des gens très ordinaires, qui peuvent faire des choses extraordinaires et faire changer le monde. C’est l’histoire d’une cinquantenaire au chômage, au bord de la dépression, elle adopte un chien en piteux état qui va changer sa vie et beaucoup d’autres vies. C’est magnifique et Noëlle y croit, ça pourrait arriver si on s’en donnait la peine. Autre livre, Là où tombe la neige, de Philippe Koeberlé, un auteur franc-comtois. Une enquête menée dans le Haut-Doubs suite à la découverte du corps d’une femme dans une grotte. La neige recouvre les traces des hommes, mais pas celles de leurs crimes... 

Nous nous donnions rendez-vous le Mercredi 4 novembre, sans savoir 
 que le virus allait encore nous séparer pendant de longs mois.

Bernadette

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire