Nous étions une quinzaine de lecteurs pour ce 22ème café littéraire qui s’est tenu à la Louisiane.
Après un tour de table pour se présenter car certains venaient pour la première fois, c’est
Yvonne qui a pris la parole pour nous parler d’un livre de Blandine Le Callet,
La ballade de Lila K, livre qu’elle n’a pas pu lâcher. Elle n’aime pas spécialement la science-fiction et pourtant elle a adoré ce roman.
La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge. Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité. Dans ce roman, on navigue entre deux mondes, un monde aseptisé et le monde d’avant (c'est-à-dire celui d’aujourd’hui).
Yvonne nous a brièvement parlé des romans qu’elle a traduits du néerlandais (sa langue maternelle) au français. Elle vient de terminer la traduction du roman
Le combat de l’ombre après
Un papillon dans la tempête deux polars de Walter Lucius.
Edith, fan inconditionnelle de Philippe Besson nous a présenté son dernier livre
Arrête avec tes mensonges, Barbezieux, 1984. Le lycée charentais, les adolescents en jean ajusté, la terminale C et, l'année prochaine, l'espoir de poursuivre des études à Bordeaux pour échapper à cette ville « vouée à disparaître ». Philippe a 17 ans et ne se doute pas encore qu'il deviendra écrivain. En revanche, il sait depuis l'âge de 11 ans qu'il préfère les garçons. Cet hiver-là, il tombe amoureux de Thomas. Une passion réciproque, un amour impossible mais inoubliable. C’est un livre plein de sensibilité et de souffrances qui a touché
Edith. Deux époques différentes s’y côtoient, les années 80 et aujourd’hui.
Catherine a lu deux livres qui lui ont plu, surtout parce qu’ils se passent en Franche-Comté et rappellent des endroits connus, comme la résurgence du Doubs. Le premier
L’origine du crime de Sébastien Lepetit est un polar tournant autour du tableau de Courbet « L’origine du monde ». Une toile de Gustave Courbet volée dans un musée, un peintre qui meurt avant même d'être interrogé par la police, un trafic de faux tableaux, une veuve troublante à bien des égards... Mensonges et faux-semblants, ce n'est plus une enquête, c'est un casse-tête ! C’est là que le Commissaire Morteau entre en action, Morteau comme par hasard !
Le second est le livre d’Isabelle Bruhl-Bastien,
Résurgence, l'histoire du destin croisé de deux femmes, Mathilde et Aurore. Cette dernière mène une double enquête en suivant son intuition et en écoutant son cœur fraîchement greffé. Elle revient ainsi sur l'histoire de Mathilde rencontrée dans une librairie quelques mois plus tôt. Aux prises avec de vieux démons enfouis, elle se retrouve dans un tourbillon d'intrigues qui la mènent de Lyon à Belfort, en passant par Nancy, puis Saint-Pétersbourg.
Véro a été touchée par le livre de Philippe Torreton,
Mémé, dans lequel il dresse le portrait amoureusement ciselé de sa grand-mère, Denise, femme de peu de biens mais de beaucoup de cœur. Ecrit sept années durant, le pouce sur l'iPhone, dans les trains, les avions, Mémé dessine à petites touches l'univers modeste de Denise Porte, la « Mémé Alain » de Triqueville, décédée en 2005. Un livre qui réveille des souvenirs en chacun de nous et qui ne peut laisser indifférent, c’est très bien écrit, ce qui ne gâche rien.
Jean-Daniel montre le début du petit guide d’Audincourt préconisé par
Robert, qui en a fait un prototype en écrivant les deux premiers chapitres.
Robert rebondit sur cette présentation pour réaffirmer son projet.
Denis V. est volontaire pour s’attaquer à un autre chapitre. Avis aux amateurs…
Pour ma part, j’ai apporté deux petits livres très drôles que l’on m’a prêtés. Le premier est de Thierry Maugenest et s’intitule
Les rillettes de Proust et autres fantaisies littéraires, un petit livre désopilant, irrévérencieux, farfelu et littéraire à souhait. S'adressant précisément aux passionnés des belles-lettres et à tous ceux que l'écriture démange,
Les rillettes de Proust se font fort de leur délivrer moult conseils avisés afin d'obtenir le label tant convoité de "grantécrivain". Résultat : cinquante "fiches-conseils" pour apprendre à taquiner la Muse, en trouvant aussi bien le "mot juste" qu'en évitant pléonasmes et adverbes inutiles.
Le second
Cher auteur… de mes jours infortunés est de Jacques Géraud. Vingt-quatre personnages, très divers et pour la plupart très connus, douze de chaque sexe, de Julien Sorel à Meursault, de Phèdre à Zazie, de Molloy à Jean Valjean, de la Blanche-Neige du conte au Corbeau de la fable, prennent tour à tour la plume pour dire à leur auteur, familièrement tutoyé, tout le mal qu’ils pensent de leur rôle, leur état, leur emploi, leur destin ! On sourit et on compatit à la lecture de ces missives essentielles à la compréhension de la littérature selon saint Lagarde et Michard. Et vous suivrez les vingt-quatre personnages sur le chemin où ils jouent à s’inventer une deuxième vie. De plus ces opuscules sont joliment confectionnés "à l'ancienne", en papier velin dont les pages ne sont pas massicotées.
Denis V. a apporté une nouvelle revue trimestrielle qui s’appelle
America, revue consacrée à l'Amérique des années Trump vue par les écrivains. Si
America ne veut exister que pendant les années de l'administration Trump, la revue ne se présente pas cependant comme une revue d'actualité politique. Clairement, elle proposera des reportages, des enquêtes, des grands entretiens et des chroniques, le tout "signé par les meilleurs écrivains français et américains", indique François Busnel dans son éditorial.
America salue dans son premier numéro Sinclair Lewis, Bret Easton Ellis et Philip Roth, trois auteurs américains qui "nous avaient bien dit" dans leurs récits qu'un président comme Donald Trump serait élu.
Françoise dont c’était le premier café littéraire, nous parle avec enthousiasme du livre de Guillaume Gallienne et Laura El Maki
Un été avec Victor Hugo, passer un été avec Victor Hugo ce n'est pas seulement se reposer à l'ombre d'un géant mais aussi voyager en sa compagnie, aimer jusqu'à l'épuisement et partager son sens de l'humour loin de l'image scolaire. Ce livre présente l’auteur sous toutes ses facettes, et
Françoise nous dit que dès qu’on l’a posé, on a envie de se replonger dans les œuvres de ce grand auteur.
Denis F, de retour parmi nous après une longue absence, ne résiste pas au plaisir de nous lire un passage du livre
Les rillettes de Proust, qu’il était en train de feuilleter. Il s’agit d’un passage de « Roméo et Juliette », traduit par un ordinateur. C’est là qu’on mesure toute l’importance du traducteur, et du travail effectué par notre amie
Yvonne. Sinon il a lu ou relu Cesare Pavese, le 27 août 1950, dans une chambre de l'hôtel Roma, à Turin, Cesare Pavese se tuait en absorbant une vingtaine de cachets de somnifère. Sur ce suicide, il n'y a pas de meilleure explication que le journal intime découvert après sa mort
Le métier de vivre. Denis trouve que ce livre n’a pas pris une ride et qu’il est très actuel. Il nous parle encore d’un livre plus philosophique
Liens qui lient, liens qui tuent de Jean-Claude Maes, un livre sur l’emprise et ses dérives. L’ouvrage, sérieusement documenté et dénué de bavardages inutiles ou ennuyeux, apporte une multitude d’informations. Sa réflexion stimule par la confrontation dynamique des nombreux modèles qui s’y trouvent convoqués. Ici, les psychanalystes de tous bords croisent, les thérapeutes de famille de tous poils, dans un compagnonnage fait d’anthropologues, de linguistes, de sémioticiens et de philosophes. Un livre qui donne envie d’explorer une problématique qui par sa nature même pourrait parfois nous inviter à s’en détourner.
Noëlle qui aime les livres qui font du bien (comme on la comprend !) a lu
Debout les vieux d’Ondine Khayat. Léonce a beau avoir 72 ans, être mise à la retraite du jour au lendemain lui reste en travers la gorge. Et puis que va-t-elle faire de ses journées, de sa solitude, des souvenirs – douloureux – qui remontent à la surface ? Soudain, elle se sent vieille, et inutile... ce qui n'arrange en rien son mauvais caractère. Qu'à cela ne tienne, ses voisins de la Résidence des Mouettes décident de la sortir de ce début de dépression… C’est drôle, mais aussi émouvant. Elle a également beaucoup aimé
Les yeux des chiens ont toujours soif de Georges Bonnet. L’auteur nous relate la rencontre d'Émile et Louise, septuagénaires jusqu'alors solitaires et confinés entre appartement, jardin public et cimetière, mais finalement sujets aux plus intenses débordements du cœur. Ces êtres - auxquels il ne doit, en principe, plus rien arriver - sont vulnérables à l'amour, à ses joies comme à ses peines, quand même il ne leur viendrait pas à l'esprit de nommer le sentiment qui les traverse et les rend à la vie. Des livres qui remontent le moral !
Enfin
Céline a clôturé la séance avec
Comment ne pas tuer une araignée d’Alex Epstein. Les énigmatiques histoires d’Alex Epstein sont de petits poèmes en prose, parfois d’une seule ligne, souvent de moins d’une page. 87 fictions ironiques et philosophiques à la fois, qui peuvent se lire d’un trait ou bien se savourer à petites gorgées. Drôles de paraboles mêlant fréquemment l’histoire à l’imaginaire, elles explorent des thèmes liés aux anges, au mysticisme, à la mythologie, aux livres, à différents voyages, à la géographie, aux animaux mystérieux… Leur brièveté, qui a pour effet d’obliger le lecteur à concentrer son attention, lui fait aussi prendre conscience de tout ce qui peut être dit en si peu d’espace.
Le prochain café littéraire aura lieu le mardi 9 mai