Denis V. était venu avec le Bouquet des expressions imagées de Claude Duneton et Sylvie Claval. L'originalité de cet ouvrage, devenu un classique, est de traiter les expressions imagées en suivant un classement à la fois thématique et chronologique, qui permet de suivre l'évolution des perceptions, idées et sentiments qu'elles traduisent. Cette édition, revue, corrigée et augmentée par Sylvie Claval, qui œuvra aux côtés de Claude Duneton à la première, parue en 1990, comporte environ 3 000 nouvelles expressions, anciennes ou actuelles. La meilleure illustration qui soit des richesses inépuisables et de la vitalité permanente d'une langue qui ne cesse d'être inventive. Denis ouvre une page au hasard et nous lit les expressions qui reflètent une erreur, intéressant mais…. Quand Denis signale qu’il y a le mot sexe, les dames réclament quelques exemples, ce sera plus drôle ! En voici quelques-uns à la volée pour désigner le membre masculin, branche de corail (poétique), laboureur de nature (pourquoi pas), le doigt qui n’a pas d’ongle (heureusement) et bien d’autres encore… On a enrichi notre vocabulaire.
Anne-Marie a été séduite par Les chaussures italiennes d’Henning Mankell, sa plus belle œuvre, d’après le Nouvel Obs. A soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus depuis une décennie sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l’archipel. Depuis qu’une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s’est isolé des hommes. Pour se prouver qu’il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s’y immerge chaque matin. Au solstice d’hiver, cette routine est interrompue par l’intrusion d’Harriet, la femme qu’il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt. Fredrik ne le sait pas encore, mais sa vie vient juste de recommencer. Le temps de deux solstices d’hiver et d’un superbe solstice d’été, dans un espace compris entre une maison, une île, une forêt, une caravane, Mankell nous révèle une facette peu connue de son talent avec ce récit sobre, intime, vibrant, sur les hommes et les femmes, la solitude et la peur, l’amour et la rédemption. Anne-Marie, qui vient d’apprendre qu’il existe une suite Les bottes suédoises va s’empresser de le lire.
N’ayant pas lu de roman exceptionnel ces derniers temps, j’ai apporté deux livres d’une collection très sympathique qui s’appelle Dictionnaire insolite de… aux Editions Cosmopole. J’ai acheté Le Vietnam et Barcelone, parce que ce sont deux endroits que j’ai beaucoup aimés, mais il existe bien d’autres lieux dans la collection. Le format dictionnaire permet une lecture fractionnée, on peut y grappiller en désordre, ou du moins dans l’ordre qui sied au lecteur. Les entrées sont pertinentes et les informations fournies sont riches et utiles. Ce ne sont pas des guides de voyage, car on n’y trouve pas de quoi se loger ou préparer une visite. Mais ils offrent néanmoins une préparation, plus intérieure, et des clés de compréhension au dépaysement. De petits livres à offrir ou à s’offrir.
Catherine souhaite nous parler du roman Les haines pures d’Emmanuelle Locatelli. Juillet 1945. Gabrielle, 26 ans, revient en Provence dans la ferme familiale qu'elle a fuie quelques années plus tôt. Elle y retrouve sa mère et sa sœur cadette, Louise, une jeune fille instable et fragile. Entre temps il y a eu la guerre, les souffrances, la Libération et la mort de ses voisins, les Roccetti, massacrés un jour d'été 1944. Lorsque débarque dans le mas des italiens un locataire un peu trop curieux, Gabrielle commence à s'interroger avec lui sur les étranges entrelacs qui semblent relier son entourage à cette tragédie. Un roman sombre et fascinant sur l'après-guerre, ses traumatismes et ses mensonges mais aussi sur les haines tenaces qui couvent dans le cœur des hommes. Emma Locatelli, écriture épurée et trame narrative parfaite, explore à la manière de Sébastien Japrisot et Philippe Claudel, la noirceur de l'âme humaine et les blancs de l'Histoire. Catherine a beaucoup aimé ce livre jusqu’à la page 375, mais n’aurait jamais dû lire le dernier chapitre qui l’a beaucoup déçue. Elle trouve que la fin n’est pas cohérente avec le reste du livre. A lire pour se faire une opinion…
Edith a lu la trilogie d’Elena Ferrante, et quand elle aime un auteur elle ne compte pas, elle lit toutes ses œuvres. Cette trilogie est un véritable phénomène littéraire. L'Amie prodigieuse, raconte le parcours de Lila Cerullo et Elena Greco, adolescentes inséparables. Avec elles, nous traversons les années 1960 à Naples, où le déterminisme social n'est pas un vain mot. Lila et Elena ont chacune leur méthode pour tenter d'échapper à la soumission patriarcale et à la pauvreté des bas quartiers. La brillante et provocante Lila abandonne l'école pour se marier avec un homme riche. Elena, elle, poursuit ses études et rompt avec le passé en quittant la ville. Edith nous dit que parfois il ne se passe rien pendant une dizaine de pages, que de la description, et pourtant on est fasciné. D’ailleurs elle ne résiste pas au plaisir de nous en lire un extrait.
Yvonne nous présente un livre de Leon Morell Le ciel de la Chapelle Sixtine. Marqué depuis sa plus tendre enfance par une rencontre avec Michel- Ange, Aurelio, un jeune paysan d'une rare beauté, se rend à Rome pour se mettre au service du plus grand artiste de son temps. À 33 ans, Michel-Ange s'estime davantage sculpteur que peintre ; pourtant, Jules II, le « Papa terribile » de la Renaissance, s'obstine à lui confier la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine. Juché sur un échafaudage à 18 mètres du sol, sa barbe tournée vers le ciel et la peinture dégoulinant sur son visage, Michel-Ange réussit le tour de force de réaliser ces fresques qui feront sa gloire. Une prouesse qu'il doit essentiellement à l'indéfectible soutien d'Aurelio, sa muse, mais également à la réalisation en parallèle d'une mystérieuse commande qui pourrait bien lui coûter la vie : une sculpture de l'un des personnages les plus sulfureux de la cité éternelle. Sans jamais s'éloigner de la vérité historique, Léon Morell retrace la période romaine de Michel-Ange, quatre années durant lesquelles, entre jalousies et luttes de pouvoir, il aura su créer l'un des plus grands chefs d'œuvre de la peinture de la Renaissance italienne. Un roman haletant, à mi-chemin entre la biographie et le thriller, décrivant sans compromis l'ambiguïté d'une Rome entre grandeur et décadence. Yvonne craignait que ce soit ennuyeux, mais c’est un livre passionnant.
Enfin Céline a lu Petit pays de Gaël Faye, livre qu’elle a beaucoup aimé, mais dont nous avons déjà parlé lors d’une de nos rencontres. Gaël Faye, qui est aussi rappeur, doit venir prochainement à Rencontres et Racines. Elle espère qu’il fera une petite visite à la librairie. Céline a repris un livre plus classique Le livre de ma mère d’Albert Cohen. Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. C'est l'évocation bouleversante d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils. Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs. "Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis." Un livre très beau, très poétique, d’après Céline qui nous en lit un extrait.
Bernadette
Le prochain café littéraire a été fixé au Mercredi 14 juin