dimanche 12 janvier 2025

Café littéraire # 68

Reprise en douceur après les fêtes pour ce 68ème Café littéraire avec 11 personnes présentes, et sur la table des « bredele » confectionnés par Régine. 

Rosemay est toujours plongée dans la saga « Les sept sœurs » qu‘elle nous a présentée la dernière fois, elle est venue en auditrice. 

Martine nous a apporté un livre de Camille de Peretti intitulé L’inconnue du portrait. L’auteur est partie d’une histoire vraie pour construire un roman où tout s’emboîte petit à petit. Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt « Portrait d’une dame » est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie. Un grand mystère qui va titiller l’imagination de l’auteur. Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. L’autrice nous fait voyager dans le temps et l’espace avec légèreté à travers une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants. Martine ne s’est pas ennuyée une seconde, un roman qui tient en haleine jusqu’à la fin.

Gérard nous présente une trilogie Le bureau des affaires occultes d’Eric Fouassier, une série de romans policiers historiques. Ça se passe au moment de la restauration, c’est très bien documenté, on est en1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente. Le jeune inspecteur Valentin Verne est muté à la brigade de Sûreté, fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime. Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour l’irrationnel, Valentin sait en décrypter les codes. Nommé à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences. Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le surnom du Vicaire ? Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ? Un style simple et efficace, qui se lit facilement, Gérard a apprécié et attend que le tome 4 (qui ne devait pas être prévu à la base) sorte en poche pour l’acheter. 

Poursuivons avec Régine qui a lu un roman court et dense, La nuit des pères de Gaëlle Josse, une histoire familiale compliquée. Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père décline, il entre dans les brumes de l’oubli. Après de longues années de séparation, il s’agit peut-être de l’ultime possibilité de comprendre qui était cet homme destructeur, si difficile à aimer, et qui n’aura cessé de se dérober aux siens pour partir obstinément arpenter la montagne. Sur une poignée de jours, l’histoire familiale se noue et se dénoue. Quel drame s’est-il joué autrefois pour faire planer sur eux trois l’ombre des silences jamais percés ? À travers leurs voix qui se succèdent affleurent l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu’à son crépuscule. Une belle écriture et une histoire passionnante, où l’amour circule malgré tout. Régine nous le recommande. 

Christine nous propose Leçons de chimie : la brillante destinée d’Elisabeth Zott, de Bonnie Garner, une autrice américaine. Brillante ? Elizabeth Zott l’est. En tout. Mais dans l’Amérique patriarcale des années 1960, rares sont les hommes qui s’en aperçoivent. À l’Institut de chimie où elle travaille, les remarques sexistes fusent à son passage. Quand on ne lui vole pas ses recherches, tous la renvoient à cette cuisine dont elle n’aurait jamais dû sortir… Alors elle y reviendra. D’une manière tout à fait inattendue : elle devient la vedette de télévision d’une émission culinaire très populaire. Son anticonformisme étonne, détonne, secoue les ménagères… Reste à trouver la délicate alchimie du bonheur… Un très bon moment de lecture, avec de l'humour et de la révolte, de la tendresse et de la compréhension ! 

Fabienne souhaite nous parler d’un livre de Maylis de Kerangal, Jour de ressac, dans lequel l’autrice nous embarque dans une enquête policière qui explore aussi le passé de sa ville, Le Havre, et c’est la première fois qu’elle écrit à la première personne. La narratrice, qui fait des doublages pour le cinéma, reçoit un jour l’appel d’un policier. On a trouvé le corps d’un homme, près de la digue nord du Havre. Dans sa poche, un ticket de cinéma avec son numéro de téléphone. Elle, qui n’est pas retournée dans la ville portuaire depuis ses 20 ans, revient sur ses traces. Elle se laisse emporter par la vague de ses souvenirs, en particulier celui de Craven, son premier amour parti sans laisser d’adresse. Avec les récits du passé, ceux d’aujourd’hui, des témoins, des policiers, des gens du port, se tisse une histoire ancienne et nouvelle. Maylis de Kerangal nous dévoile les ressorts de la naissance d’un roman. C’est très bien écrit, Fabienne a apprécié ce roman où l'enquête criminelle du départ vire à l'enquête intime. 

Jeannine a reçu un superbe cadeau de Noël de la part de sa sœur, un roman graphique de Jen Wang, une autrice de BD américaine, qui fait à la fois les textes et les magnifiques illustrations. Mon refuge narre l'histoire d'une adolescent(e) en quête de sens, Ash qui décide de tout quitter pour se lancer dans une aventure en pleine nature, accompagné(e) de son chien. À la recherche de la cabane secrète de son grand-père, iel découvre les défis de la survie, l’introspection et le poids des attentes sociales. Écrit à la manière d'un journal de bord, c’est une bande dessinée touchante qui aborde de nombreuses thématiques contemporaines comme : l’écologie, la question du genre, la solitude chez les ados, l’impression de ne pas trouver sa place, le décalage entre les réalités environnementales et une jeunesse des réseaux sociaux… Jeannine a été très touchée par ce livre magnifique et souhaite maintenant lire le premier ouvrage de l’auteur. Un livre qui fait débat autour de la table, faut-il être optimiste, pessimiste sur l'avenir, les avis sont partagés... 

Catherine a apporté un livre de Zoé Brisby, Les mauvaises épouses, nous sommes en 1952, Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada sur une base militaire qui étudie la bombe atomique. À chaque lancer, il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle ne laisse rien paraître. Mais l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie, remet tout en cause. Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin…. Un roman glamour et palpitant sur deux femmes qui font un choix de vie : celui de l’émancipation. Une pépite à découvrir ! 

Noëlle fait la promotion rapide de deux livres locaux, Le sorcier d’Ornans, de Philippe Kœberlé, qui aurait cru que cette charmante petite cité historique, Ornans, la « petite Venise du Doubs » allait être le théâtre d'un assassinat incompréhensible pour toute la population ; une enquête difficile aux multiples rebondissements qui nous plonge dans les vallées profondes, les forêts obscures, qui nous mène, de villages isolés en moulins abandonnés, au cœur de la nature et de l'histoire franc-comtoise. Un thriller passionnant ! Et Le jardin des délices de François Hegwein, un plaidoyer pour la renaissance d'une librairie indépendante à Valentigney, dont tous les bénéfices seront reversés lorsque cette librairie renaîtra de ses cendres. Noëlle souhaite surtout nous parler du dernier livre de Marc Lévy, La librairie des mots interdits. Cet auteur, souvent classé dans la littérature de gare, semble avoir évolué avec ce roman. Mitch, libraire passionné, est arrêté un matin pour un crime impensable : il a transgressé la loi en vendant des livres interdits. Après cinq années de prison, il n'a qu'un désir, retrouver sa liberté et sa librairie. Mais le destin en décide autrement. Le même jour, Mitch croise le procureur qui l'a fait condamner et rencontre Anna, une jeune chef qui pourrait bien être la femme de sa vie. Que faire quand on est pris entre une irrépressible envie de vengeance et une irrésistible envie d'aimer ? Peut-on rêver d'un avenir sans s'être acquitté du passé ? Noëlle a apprécié ce livre qui fait réfléchir dans le contexte actuel, où la culture est menacée.  

Je vais clore cette séance en parlant d’un auteur que je ne connaissais pas, Eric Pessan, qui a été invité en résidence par PMA dans le cadre de « capitale française de la culture », et qui avait comme mission d’écrire un livre sur son expérience dans la région. La première fois que je l’ai rencontré, c’était à la Médiathèque de Montbéliard, où il nous a fait découvrir au fil des rayons quelques-uns de ses livres "coup de cœur", dont un que je vous présenterai. Puis je l’ai rencontré à la librairie, avec des échanges autour de ses livres. Sébastien nous avait lu des extraits de Rien dans mon enfance, que j’ai trouvé original et que j’ai acheté. Il s’agit d’une longue suite anaphorique pour dire la surprise et l’incompréhension de l’adulte face à un monde auquel il n’était pas préparé. Un petit exemple " Rien dans mon enfance ne laissait imaginer qu’un trou noir serait un jour photographié". L'ouvrage est une suite de plus 200 anaphores commençant par « Rien dans mon enfance.. » et traitant de sujets divers et variés. J’ai revu Eric Pessan il y a quelque temps à la librairie où il est venu présenter le livre qu’il était chargé d’écrire suite à sa découverte du Pays de Montbéliard. Théorie du coyote marque l'aboutissement des échanges et des réflexions, fruit de rencontres enrichissantes et contrastées. Dans ce texte, l’auteur s'attache à définir la culture, ses bienfaits, son sens, sa place dans nos vies, dans la construction d'une société, sa complémentarité manifeste avec l'éducation. C’est très intéressant de découvrir la région et sa culture à travers son regard. Et sur ses conseils, j’avais acheté Nomadland de Jessica Bruder, un essai percutant et bouleversant sur les nouveaux nomades travailleurs aux États-Unis. Ils ont tout perdu, leur job, leur maison, leur argent et leur retraite. Pendant trois ans, Jessica Bruder a suivi les pas de ces " hobos " d'un genre nouveau, telle l'incroyable Linda May, 69 ans, qui rêve de bâtir sa propre géonef. L’auteur nous livre des récits de parcours de vie de ces "travailleurs nomades" traversant l'Amérique pour de petits boulots exténuants, mal payés, dans des conditions dantesques pour des personnes souvent âgées de plus de 60 ans. Un récit plein d'humanité, poignant qui nous touche et nous interpelle ! Une autre vision de l’Amérique… 

Nous avons terminé la soirée autour des galettes, dont une très bonne réalisée par Jeannine. 

Bernadette 

Le prochain Café littéraire aura lieu le Mercredi 19 février à 19h

lundi 6 janvier 2025

Rencontre "Petites Fugues"

Les "Petites Fugues"  et les "Amis des Livres"

Bernadette, Chantal, Cédric et moi nous sommes rendus le jeudi, 28 novembre 2024, à 10 heures, au CDI du lycée Nelson Mandela d’Audincourt. Nous avons été accueillis entre autre par Catherine Kiachko, professeur documentaliste. Catherine inscrit depuis plusieurs années l’établissement aux "Petites Fugues". Elle travaille avec le professeur de français des étudiants de BTS Plasturgie 2ième année pour préparer la venue d’un auteur ou d’une autrice proposé(e) par la Région Bourgogne-Franche-Comté, dans le cadre de ce festival. Cette année, cette préparation a été menée avec 9 étudiants de BTS plasturgie. Ils ont travaillé sur le roman intitulé « Que sur toi se lamente le tigre », d’Emilienne MALFATTO. Ce roman a reçu le prix Goncourt du premier roman en 2021. C’est un roman très court, mais très intense, qui traite du patriarcat dans l’Irak rural d’aujourd’hui. Les étudiants, avec leur professeur de français ont préparé des questions. Bernadette, Chantal et Cédric ont d’ailleurs participé à une séance de préparation. Ces questions ont animé et rythmé la rencontre avec Emilienne. Le dialogue a été très riche, les échanges denses et argumentés, le tout dans une ambiance décontractée et amicale. Emilienne a répondu aux questions des étudiants de façon précise et adaptée, avec beaucoup de naturel. Elle est venue avec Rafael Roa, photographe colombien, qui a travaillé sur un autre roman d’Emilienne Malfatto intitulé « L’absence est une femme aux cheveux noirs ». Rafael a lui aussi répondu aux questions posées par les étudiants et apporté son regard sur la dictature et la mémoire familiale … Cette rencontre a été très intense en terme d’échanges et de réflexion. Les étudiants se sont montrés concernés par les situations difficiles évoquées dans le roman étudié. Nous nous sommes séparés en nous disant que nous avions vécu un grand moment et que nous devrions poursuivre cette collaboration.

Jeannine

jeudi 21 novembre 2024

Café littéraire # 67

Gros succès pour ce 67ème Café littéraire, puisque nous étions 16, un record ! 

Danièle a apporté deux livres, dont un auteur japonais, Akira Mizubayashi qui a écrit des œuvres source d’émotions pour elle. La première, Suite inoubliable, un roman écrit en français, parle du destin tragique d’un jeune violoncelliste emporté dans la folie de la guerre. Il écrit une ode très émouvante à la musique et au métier de luthier. Les histoires entremêlées des personnages, tous habités par une même passion mélomane, pointent chacune à leur façon l'horreur de la guerre. Issue d’une famille de musiciens, Danièle a été particulièrement touchée, mais il peut y avoir plusieurs lectures, en tout cas un roman d’une grande beauté. On passe des émotions auditives aux émotions olfactives et gustatives avec Marsha Mehran, une jeune femme originaire de Téhéran. Partie très jeune de son pays, elle a écrit Une soupe à la grenade, une fiction historique gourmande et mélancolique qui suit trois sœurs ayant fui l'Iran et leur installation dans un petit village irlandais, où elles sont plus ou moins bien accueillies. Elles y ouvrent le Babylon Café et bientôt les effluves ensorcelantes des épices envahissent le village. L’originalité de ce livre, c’est qu’on y trouve les recettes. Mais on y parle aussi de la condition féminine en Iran. L’auteur, née en 1977 a été retrouvée morte en 2014 dans des conditions mystérieuses. Triste destin ! 

Catherine a apporté un tout petit livre, En garde d’Amélie Cordonnier, qui est journaliste, une histoire vécue qui fait froid dans le dos. Dans ce livre, elle raconte l'enfer qu'elle a vécu avec sa famille à partir du moment où elle a été signalé à tort à la protection de l'enfance. Le couple se retrouve convoqué pour s’assurer que leur fils et leur fille sont bien en sécurité avec eux. La machine est lancée et rien ne semble pouvoir l’arrêter, car il est bien difficile de prouver l'amour et l'attention portés à ses enfants. Pire que tout, un assistant social s’installe chez eux, les regarde vivre... Amélie se met à soupçonner chaque voisin, chaque bonjour et chaque sourire. La vie d’une famille bouleversée pendant des mois sur un coup de fil anonyme. 

Martine nous présente le dernier livre d’Olivier Adam, Il ne se passe jamais rien ici. Dans un village isolé des bords du lac d’Annecy, le corps de Fanny est retrouvé au pied des falaises. Son ex petit-ami, un peu marginal, est le coupable idéal. L’auteur tisse une profonde réflexion sociale sur fond de suspense et dans ce roman choral, il va consacrer un chapitre à chacun des nombreux personnages concernés par cette affaire et leur donner la parole. On entend ainsi vingt-cinq voix différentes, avec une analyse fine et juste des comportements. Et même si l’on commence à percevoir le dénouement avant la fin, ce n’est pas du tout gênant. Un très bon roman noir de la veine de ses premiers livres...

Fabienne, toujours fidéle à Franck Thilliez, a lu Norferville. Lorsque le corps de sa fille est retrouvé dans le Grand Nord québécois, Teddy Schaffran, détective et criminologue lyonnais, se rend à Norferville, une petite cité minière, où aucune route ne permet d’accéder. Il y rencontre Léonie Rock, flic métisse qui, elle aussi, a connu l’enfer… Par -20°, on y suit la quête de vérité de deux êtres malmenés par la vie. Dépaysement garanti avec ce thriller, qui mettra en scène la violence des hommes autant que les croyances ancestrales. 

Jeanine a apporté Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour, un livre qui a fait grand bruit à sa sortie, qu’elle a offert à une amie qui souhaitait le lire, et qu’elle a lu à son tour. Au regard du sujet, elle était très sceptique, et au fil du livre, elle y a trouvé du plaisir. Une déclaration d’amour d’un homme à son chien, une véritable leçon de vie, avec des phrases très longues et très alambiquées, mais auxquelles on s’habitue très vite. Il se promène en montagne avec son bouvier bernois et on a l’impression de les accompagner. Jeanine qui, pour reprendre son expression, n’est pas « chien » du tout, a apprécié car c’est un livre sur l’amour porté à un être qui n’est pas humain, mais qu’importe, et sur la mort et le deuil. Au premier paragraphe, elle était en larmes. Une histoire pleine d’humanité et de vie, malgré la perte d’un être cher. 

Rosemay souhaite nous parler d’une série de sept livres, déjà évoqués ici il y a quelque temps. Il s’agit de Les sept sœurs de Lucinda Riley, à la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a adoptées aux quatre coins du monde lorsqu'elles étaient bébés, Maia d'Aplièse et ses soeurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève. Pour héritage, elles reçoivent chacune un mystérieux indice qui leur permettra peut-être de percer le secret de leur origine. Donc, chaque tome raconte la quête d’une des sœurs dans son pays natal. Rosemay craignait que ce soit très historique, mais pas du tout, on apprend beaucoup de choses sur chaque pays. Après la mort de l’auteur, c’est son fils qui a poursuivi avec talent l’écriture du huitième tome. C’est très agréable à lire et on entre tout de suite dans l’histoire, Rosemay a adoré !

Poursuivons avec Gérard qui nous présente une romancière suédoise, Camilla Grebe, et son dernier polar, L’énigme de la Stuga. Lykke Andersen mène une vie heureuse, mondaine et épanouie : éditrice accomplie, compagne d’un auteur renommé et mère de jumeaux. Au lendemain d’une fête, Le cadavre de Bonnie est retrouvé dans la stuga, une petite dépendance dans le jardin, où vivent les garçons. Ces derniers nient catégoriquement avoir commis le crime mais il s’avère que la porte était fermée à clé de l’intérieur… Huit ans plus tard, Lykke est placée en détention provisoire. Face à l’inspecteur responsable de l’affaire, elle va devoir retracer le fil de l’enquête afin de trouver le véritable coupable du crime. L’intrigue est particulièrement bien menée, le suspense reste entier tout au long du livre écrit de manière très fluide. Gérard a lu ce livre avec bonheur et souhaite découvrir d’autres livres de l’auteur. 

Christine a apporté un livre au titre pour le moins intriguant, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, d’Olivier Sacks, un médecin neurologue britannique. Dans ce best-seller, l’auteur nous conte les affections neurologiques les plus bizarres qu’il a rencontrées. Ce recueil clinique de vulgarisation nous fait découvrir l’univers intime des patients et ainsi entrer dans le monde aussi surprenant que fascinant des lésions cérébrales. Comprendre comment s’adapter à son mal et à sa nouvelle identité, comment accompagner les patients et tenter de mieux les comprendre pour améliorer leur situation, tel a été le défi du Dr. Sacks tout au long de sa carrière. C’est très étonnant, car il y a des cas qu’on a du mal à imaginer, comme celui du titre par exemple, mais c’est très intéressant. 


Armelle nous présente un roman de Marie Vareille, Le syndrome du spaghetti. Léa, 16 ans, a un immense talent pour le basket. Elle ne rêve que d’une chose : devenir professionnelle dans la meilleure équipe du monde. Entrainée par son père, qu’elle considère comme son modèle, elle avance vers un avenir qui apparaît comme tout tracé. Léa, insouciante, ne s’attend pas à ce qu’un jour sa vie s’écroule. Elle va faire la rencontre d’Anthony, 17 ans, qui semble avoir abandonné ses rêves depuis bien longtemps mais qui a appris à se battre pour la vie qu’il souhaite. Leur rencontre va provoquer de vrais bouleversements, chacun va apprendre de l’autre et avancer. Une magnifique leçon de vie, croire en soi et ne pas abandonner malgré les échecs et les coups du destin, telle pourrait être la conclusion. 

Cédric qui participe au projet avec le lycée Mandela a lu deux livres de l’écrivaine Emilienne Malfatto, jeune journaliste qui s’est rendu dans différents pays. Le premier, Que sur toi se lamente le tigre, raconte le destin d’une jeune Irakienne, enceinte alors qu'elle n'est pas mariée, et qui attend la mort. Pour sauver l'honneur de la famille, son frère va la tuer. Un très court roman choc qui a reçu le Prix Goncourt du premier roman. Jusqu’à la fin, on ne saura pas si elle va être sauvée ou pas, il reste une lueur d’espoir dans ce roman très sombre. Inspirée par les réalités complexes de l’Irak qu’elle connaît bien, Emilienne Malfatto nous fait pénétrer avec subtilité dans une société fermée, régentée par l’autorité masculine et le code de l’honneur.  Le second, Les serpents viendront pour toi, se passe en Colombie où, avec un courage qui force l’admiration, l’auteure va partir à la rencontre de ceux qui ont connu Maritza, 61 ans, mère de six enfants sauvagement assassinée chez elle, devant l’un de ses garçons. C’est une guerre qui ne dit pas son nom. En Colombie, chaque année, des centaines de « leaders sociaux » sont tués dans l’indifférence générale. Syndicalistes, responsables associatifs, simples citoyens voulant faire valoir leurs droits… Un livre puissant qui fait réfléchir. 

Françoise nous annonce que son livre est un peu plus rose que les précédents présentés. Un roman de Simonetta Greggio, qui s’intitule La douceur des hommes, qu’elle a acheté lors du Festival des littératures étrangères consacré à l’Italie. Une grand-mère, Fosca, sachant sa fin proche, emmène sa petite-fille d’adoption, Constance, dans un road trip à travers le sud de la France et l’Italie. Elle lui raconte sa vie, riche d'hommes, d'amants mais surtout la vie d'une femme libre. À son retour, Constance découvre dans les affaires de sa « grand-mère » des lettres, des photos, un livre de recettes de cuisine, mais surtout un mystérieux carnet noir qui lui révèle une Fosca méconnue.  Une histoire délicate et émouvante entre deux femmes de génération différente, portée par une écriture fluide et légère. Très agréable à lire ! 

C’est au tour de Chantal qui a lu un livre de François Garde, L’effroi, un roman qui parle de musique ce qui a attiré son attention. En  résumé, le livre retrace la parcours de Sébastien Armant, violoniste alto à l'Opéra de Paris, à partir du moment ou, dans un geste de révolte, il va se lever et tourner le dos au chef d'orchestre, Louis Craon qui vient de faire le salut nazi. Son geste va très vite lui apporter une notoriété qu'il ne cherchait pas, le récit au jour le jour d’une existence qui bascule suite à un geste héroïque… Chantal évoque ensuite un auteur qu’elle aime beaucoup, Antoine Choplin, et son livre Partie italienne, Gaspar est un artiste reconnu et sollicité. Pourtant, en ce début de printemps, il ne rêve que de quitter Paris et s'installer Campo de'Fiori, à Rome. Là, à une terrasse de café, devant un jeu d'échecs, il joue contre des amateurs de passage et savoure la beauté des jours. Un matin, une femme s'installe à sa table pour une partie. Elle s'avère être une adversaire redoutable et gagne très vite. Elle s'appelle Marya, vient de Hongrie. L'histoire entre eux naît...  C’est très très beau… D’ailleurs Chantal avait déjà lu et relu La nuit tombée, du même auteur, qui parle d’un retour à Tchernobyl et qu’elle avait adoré. 

Régine a été impressionnée par le livre Les exportés de Sonia Devillers, déjà présenté l’an dernier par Françoise, et qui ne laisse pas les lecteurs indifférents. Pour rappel, la journaliste raconte les dessous de l'arrivée en France de sa mère et de ses grands-parents, juifs ayant fui la Roumanie communiste à la faveur d'un troc à peine croyable, « le secret le mieux gardé du régime de Ceausescu ». C’est très bien écrit et poignant ! 

Quant à moi, je vais vous parler d’un auteur que j’ai découvert à la Grande Librairie, déjà évoqué ici puisqu’il s’agit de Philibert Humm, un jeune écrivain aventurier dans l’âme. J’ai déjà présenté Roman fleuve, un livre très drôle, rempli d’humour et d’autodérision. Comme il venait à Besançon, j’ai acheté son dernier livre, Roman de gare raconte le périple de l’auteur et d’un copain qui, sur un pari, vont monter clandestinement dans des wagons de marchandises, sans savoir où ils vont, comme les hobos aux Etats-Unis. un roman qui part en retard, s'arrête sur les voies et finit en eau de boudin. Et sur place, à Besançon, je lui ai acheté Les tribulations d’un Français en France, coécrit avec Pierre Adrian, il nous a expliqué qu’à la fin du confinement, il a décidé de parcourir la France en auto stop avec la pancarte « N’importe où », ce qui a inspiré ce livre. Dans la première partie il voyage en van Volkswagen, avec la certitude qu'il peut faire le tour du monde sans quitter la France.  C’est ainsi qu’il découvre la Venise du Gâtinais ou la Tolède du Cotentin, et dans la seconde partie, propre à l’auto stop, il nous parle plutôt des gens qui l’ont embarqué dans leur voiture et qui sont souvent des personnages atypiques. On passe vraiment un bon moment avec cet auteur éminemment sympathique. 

Isabelle a lu Moka de Tatiana de Rosnay, un livre poignant, Justine a 40 ans, un mari britannique, Andrew, et deux enfants. Elle travaille en tant que traductrice free-lance et mène une petite vie tranquille. Mais un mercredi après-midi, tout va basculer. Son fils adolescent est renversé par un chauffard en plein Paris. L'inconnu prend la fuite, des témoins ont à peine le temps de noter quelques chiffres de la plaque d'immatriculation. Sérieusement blessé, Malcolm sombre dans le coma. L'enquête piétine. Justine et Andrew, sous le choc, s'enlisent dans la rancœur, l'incompréhension. Leur couple se fragilise. Contre l'avis de son mari, de ses parents, Justine ne renonce pas à retrouver le responsable de l'accident. Un roman bien construit qui aborde tous les aspect de cette tragédie. Isabelle tient à ajouter deux mots à propos d’un livre qu’elle a trouvé dans une boîte à livres, Côté jardin d’Alain Monnier. Un roman déroutant, qui débute dans un climat réaliste douloureux, pénible - la maladie - puis bascule dans un univers de folie. Alain Monnier construit un étrange récit fait de confidences. Ses personnages, sortes de marionnettes timbrées, cruelles, viennent déverser leurs délires aux oreilles du personnage principal, en font le héros inerte et muet du roman.  Un roman puissant qui traite de l'emprise, c’est machiavélique...

Bernadette

Le prochain Café littéraire est fixé au Mardi 7 janvier à 19h à la Louisiane

jeudi 31 octobre 2024

Atelier d'écriture -Octobre 2024

Neuf personnes avaient répondu présentes pour cet atelier d’écriture proposé par Françoise. Les vacances scolaires en ont empêché beaucoup d’être là. Nous avons accueilli avec plaisir Elena, une très jeune fille qui n’avait jamais pratiqué et qui s’en est fort bien sortie. 
Françoise avait prévu de nous faire écrire sur le thème des Jeux Olympiques.

1/ Le premier exercice était une mise en bouche. Il fallait écrire le nom de la ville ou de la région où nous avions passé nos dernières vacances . Ensuite écrire un acrostiche à partir de ce nom. Pour rappel dans un acrostiche les lettres du mot choisi sont écrites verticalement les unes sous les autres, et on écrit un vers commençant par chacune des lettres. 

2/ Un peu de culture générale Cette fois on passe aux Jeux Olympiques, Françoise nous pose une petite colle en nous demandant à quoi ressemble le symbole des Jeux Paralympiques et comment il se nomme. Certaines d’entre nous savait à quoi il ressemblait , mais personne ne connaissait le nom. En fait il s’agit de trois virgules, rouge, bleue et verte que l’on appelle les agitos. Ce mot vient du latin agito, signifiant « je bouge ». Françoise nous a également collés en nous demandant le nombre de disciplines représentées, elle nous donne le chiffre de 46, selon les sites, il y a beaucoup de nombres différents, mais ça tourne autour. 

3/ Pour le troisième exercice, nous devions tirer un sport dans une boîte et dire en quelque ligne ce que ce sport nous évoquait. 

4/ Puis nous avons dû retirer trois sports supplémentaires dans la boîte, et nous transformer en journalistes pour relater aux lecteurs ces quatre compétitions auxquelles nous avions assisté. Ce fut très cocasse… Beaucoup de rires 

5/ Après avoir beaucoup cherché, car ils sont rares, Françoise nous a lu un poème de Paul Souchon sur le sport que je vous reproduis ici 

Athlètes au repos 

Dans le matin doré, par groupes, les Athlètes 
Devisent, demi-nus, 
Et pour lier leurs corps de fines bandelettes, 
Des rayons sont venus. 

Debout sur le gazon, sous l'oeil qui les contemple,
Ils évoquent des dieux 
Qui seraient descendus d'un invisible temple 
Pour prendre part aux Jeux. 

Bientôt, le mouvement dégagera la forme, 
Nous les verrons courir
Et nous croirons qu'ils sont soustraits à cette norme 
Qui nous fait tous mourir. 

Fils du soleil, héros, race forte et charmante 
Qui dressez le flambeau 
Par-dessus le présent dont l'ombre nous tourmente 
Vers l'avenir plus beau, 

Vous êtes primitifs comme le vent et l'onde, 
La plante et l'animal
Et, quand vous régnerez, vous chasserez du monde 
La laideur et le mal. 

Car vous avez en vous l'esprit de sacrifice 
Qui vous fait purs et sains, 
Une nouvelle foi vous brûle, inspiratrice 
Des héros et des saints. 

Paul Souchon 

Pendant la lecture, nous devions noter tous les mots qui nous plaisaient, ensuite on en retenait huit dans cette liste et pour chacun d’eux il fallait trouver un mot qui rimait. Puis avec ces seize mots il fallait écrire un poème de seize vers. Quand on a déjà les rimes, ce n’est pas si facile de caser les mots pour que ça ait du sens. 

6/ Enfin nous avons terminé avec la phryge, mascotte officielle des Jeux. Elle a fait beaucoup parlé d’elle, car elle n’était pas toujours au goût des gens. Maintenant que vous savez ce qu’est un acrostiche, eh bien il fallait en écrire un avec les lettres du mot phryge. 

Même si parfois l’exercice peut sembler difficile, l’inspiration finit toujours par arriver, et nous avons passé une bonne soirée. 

 Bernadette

lundi 7 octobre 2024

Café littéraire # 66

Nous étions une douzaine pour ce soixante-sixième café littéraire de rentrée. 

Gérard
a pris la parole pour nous parler du livre Sur les chemins noirs, d’un écrivain souvent décrié pour ses opinions, mais qui a un très beau style. Sylvain Tesson est tombé d’un toit, a été longtemps hospitalisé, et a décidé de faire sa rééducation seul en suivant les chemins noirs, ces petits chemins que l’on voit sur les cartes. C’est court, agréable à lire en été, car ça donne envie de le suivre. C’est une introspection, même si parfois des amis viennent le rejoindre, et la description des décors fait partie intégrante du livre. Gérard a eu beaucoup de plaisir à le lire. 

Régine a lu une saga, La villa aux étoffes d’Anne Jacobs. Les six volumes racontent l’histoire d’une famille d’industriels allemands de 1912 jusqu’après la deuxième guerre mondiale. On suit cette famille sur plusieurs générations, le fils épouse une servante juive, ce qui va l’obliger à partir aux Etats-Unis avec son fils musicien, avant qu’elle ne revienne vivre à Augsbourg. C’est très bien documenté au niveau historique. Régine a lu les six tomes cet été et a passé un bon moment. 

Fabienne s’excuse presque de nous présenter encore un polar, puisqu’il s’agit de Le poète de Michael Connelly. Pour résumer, l'affaire est claire pour tout le monde : Sean McEvoy, de la police de Denver, s'est suicidé d'une balle dans la tête. Pour tout le monde, sauf pour Jack, son frère jumeau. Un mot retrouvé près du cadavre le met sur la piste d'autres suicides de flics qui n'en étaient peut-être pas. Un thriller qui nous plonge dans un suspens imparable et ininterrompu. 

Pour ma part, je reviens sur deux livres qui avaient été chaudement recommandés en juin et je n’ai pas été déçue. Sur les conseils de Christine, j’ai lu Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi. Ce n’est pas vraiment le genre de livre que je lis habituellement, mais je suis rentrée dedans sans problème et je me suis laissée embarquer. J’ai également lu Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson, un livre magistral sur le féminicide que je recommande chaudement. Sinon je viens de lire le livre de Gaël Faye, Jacaranda, dont on parle énormément en ce moment, et qui revient sur le génocide au Rwanda. C’est très bien écrit, très pesant par moment, mais c’est magnifique. De plus j’ai pu le faire dédicacer à Besançon et l’auteur est vraiment un garçon adorable. Ceux qui ont aimé Petit pays aimeront forcément ce livre. Parions qu’il aura un prix littéraire.

Thérèse qui nous rejoint pour la première fois, est désolée de ne pas pouvoir nous montrer de livres, car elle est adepte de la liseuse. Elle nous parle cependant de La vie en fuite de John Boyne, qui avait écrit quatre ans auparavant Le garçon au pyjama rayé. Ce livre raconte une vie hantée par les traumatismes de l’enfance et de l’adolescence, l’histoire d’une femme habitée par des secrets enfouis, pourtant amenés à ressurgir à la fin de son existence. Il interroge ainsi le poids de l’Histoire et illustre la question de la responsabilité et de la culpabilité. La vie en fuite est un roman à l’intrigue haletante qu’on ne lâche pas, jusqu’à la dernière page. 

Durant les vacances, Noëlle a relu Les enfants de la Terre et Millenium, deux sagas qu’elle redécouvre toujours comme si c’était la première fois. Mais elle souhaite nous parler de Il nous restera ça de Virginie Grimaldi, un livre qui fait du bien. C’est l’histoire d’une colocation improbable entre trois personnages abîmés par la vie. Au cœur du dix-septième arrondissement de Paris se retrouvent Jeanne, 74 ans, dont la joie de vivre fout le camp après la mort subite de son mari adoré, ainsi qu’Iris, 33 ans, qui fuit son passé et se met en quête d’une nouvelle vie et puis Théo, 18 ans, qui dort dans le métro. Tous deux cherchent désespérément un endroit où se loger, et se font accueillir par Jeanne. Ensemble, ils vont devoir s’apprivoiser. Des liens se créent sous nos yeux. Avec beaucoup de sensibilité et d’humour, elle nous fait vivre un ascenseur émotionnel. Un roman qui réchauffe le cœur. 

Françoise va nous parler d’un livre publié en 1954, d’un auteur qui s’appelle Albert Cohen. Pourquoi a-t-elle choisi ce livre ? Parce qu’il y a quelques mois, elle a vu à la télévision une pièce de théâtre intitulée Le livre de ma mère, interprété par Patrick Timsit et elle a beaucoup apprécié. Ce livre bouleversant est l’évocation d’une femme à la fois ordinaire et sublime, une mère, aujourd’hui morte, qui n’a vécu que pour son fils et par son fils. Une ode à toutes les mères et à tous les fils ! Ce livre mérite d’être lu. Livre très différent La colère et l’envie d’Alice Renard, une jeune autrice de 21 ans, avec une écriture extraordinaire. Elle y fait le portrait d'une enfant qui n'entre pas dans les cases. Isor n'est pas comme les autres. Une existence en huis clos s'est construite autour de cette petite fille mutique rejetant les normes. C'est une histoire d'amour éruptive, d'émancipation et de réconciliation. Toutes les critiques sont dithyrambiques, original, à découvrir !

Martine souhaite nous présenter deux livres de Jeanne Benameur, La patience des traces, son dernier, et Les insurrections singulières, sorti en 2011. Bien qu’éloignés dans le temps, ces livres ont des points communs. Les insurrections singulières a vu le jour suite à des cafés de parole qu’elle avait animés avec des ouvriers d’Arcelor Mittal. C’est un roman intime et social, l'histoire d'un ouvrier, entre France et Brésil. Parcours de lutte et de rébellion, voyage au centre de l'héritage familial. L’autre est plutôt un roman d’introspection. On y suit Simon, un psychanalyste qui arrête son activité et décide de partir en voyage au Japon, après un évènement anodin à nos yeux mais lourd de sens pour lui : un bol brisé le matin au petit déjeuner. Après avoir passé toute sa vie à écouter les autres et les aider à se trouver ou se retrouver, il ose enfin franchir ses propres barrières et s’engager lui-même sur le chemin de la quête de soi. C’est poétique et très bien écrit. 

Armelle a apporté Boomerang de Tatiana de Rosnay, une histoire où la mort est omniprésente, sous différentes formes, autour d'un homme en pleine crise de la quarantaine qui cherche à lever le mystère qui entoure la disparation tragique de sa mère... Alors que sa sœur était sur le point de lui révéler un secret…. c’est l’accident. Elle est grièvement blessée. Seul, l’angoisse au ventre, alors qu’il attend qu’elle sorte du bloc opératoire, Antoine fait le bilan de son existence. Boomerang dose avec adresse suspense, comédie et émotion. Armelle a passé un bon moment. 

Christine nous présente un livre de Laurent Chenot, qui fait de la médecine chinoise, et qui répond à la question : comment devenir responsable de sa santé et ne plus dépendre des médecins et des médicaments ? Les 7 péchés capitaux de la diététique moderne, se résument en 7 mots : l'excès, le raffinage, la cuisson, les mélanges, les poisons chimiques, les stimulants et enfin la précipitation. Tout un programme ! Christine va nous lire ce qui lui correspond dans ce livre et conclut qu’il faut bien du courage… L’auteur dit qu’il reste beaucoup de choses à manger, même si on en supprime pas mal. C’est intéressant, mais ça demande beaucoup de sacrifices et de discipline. Avis aux courageux… 

Jeanine a lu Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andrea, l’auteur de Veiller sur elle, souvent évoqué ici. Ce roman nous plonge dans l'enfance et l'adolescence d'un jeune garçon placé dans un orphelinat pyrénéen. On suit avec effroi sa difficile adaptation et ses relations avec certains adultes, mais on se réjouit que malgré cet environnement hostile, l’amitié puisse exister. Un roman plein de tendresse que Jeanine a adoré. Autre livre qu’elle vient de finir, Les Méditerranéennes d’Emmanuelle Ruben, qui a obtenu plusieurs prix littéraires en 2022, et qu’elle a acheté à cause de sa couverture. Un roman qui nous fait suivre Samuel à la recherche de sa famille maternelle, du récit des origines au cours d'un dîner de Hanouka jusqu'au voyage au pays. L'histoire d'une famille juive d'Algérie à travers la vie de ses femmes et les pérégrinations du chandelier qui passe de génération en génération. Un roman très exubérant, dans lequel les hommes sont pratiquement absents, une vrai leçon d’histoire, que Jeanine a lu avec énormément de plaisir. 

Cédric souhaite nous parler d'un livre de Kazuo Ishiguro, lauréat du prix Nobel de littérature en 2017. Dans Nocturnes : cinq nouvelles de musique au crépuscule, l’auteur explore l'amour et le temps qui passe à travers cinq nouvelles musicales. Un crooner prêt à tout pour un drôle de come-back, un mélomane qui tente de percer… Des amis liés par la passion d’un même genre musical, un saxophoniste en mal de reconversion ou bien encore un violoncelliste faussement naïf… Les principaux personnages de ces histoires sont en quête d’un autre mouvement à jouer dans cette symphonie si singulière qu’est la vie. Il y a une atmosphère, du suspense aussi, un certain charme suranné dans ces cinq nouvelles d'un autre temps. Cédric l’a trouvé dans la boîte à livres de Taillecourt, où l’on peut parfois faire de belles découvertes. 

Bernadette 

 Un atelier d’écriture aura lieu le Mardi 29 octobre 

 Le prochain Café littéraire aura lieu le Mardi 12 novembre

lundi 29 juillet 2024

Café littéraire # 65

Nous étions neuf lectrices assidues pour ce dernier café littéraire de la saison. 

Jeannine
a pris la parole pour nous parler de deux livres plusieurs fois évoqués ici et qu’elle a appréciés, Tout le bleu du ciel de Mélissa da Costa, malgré une invraisemblance vers la fin, ce livre lui a donné envie d’aller dans les Pyrénées, un peu à l’eau de rose, mais juste ce qu’il faut. Quant à La décision de Karine Tuil, elle a été remuée par ce livre et ce métier que finalement on ne connaît pas. Son chouchou du moment Jacky Schwartzmann a sorti une BD, dont il a écrit le scénario avec Sylvain Vallée qui l’a illustrée. C’est de la même veine que ses romans, un homme en cavale, des mafieux à sa recherche et une paroisse comme planque idéale… tel est le programme d’Habemus Bastard, nouvelle bande dessinée, qui joue avec les genres entre polar, humour et satire. Les illustrations sont belles et le fait que ça se passe à Saint-Claude dans le Jura a plu à Jeannine, qui trouve qu’il y a beaucoup de finesse dans cet ouvrage. Elle souhaite encore nous parler d’un magazine féministe auquel elle est abonnée, qui s'appelle Clara, qui paraît six fois par an, et qui traite de culture, de sport, de sciences, par rapport à la place de la femme dans tout ça, très intéressant… 

Christine a apporté deux livres, Le couteau de Salman Rushdie, qu’elle a lu par curiosité, n’ayant jamais rien lu de cet auteur. Il s’agit essentiellement de la tentative d’assassinat qu’il a subie, il revient aussi sur des événements de sa vie, c’est donc autobiographique. C’est facile à lire, bien écrit, et on se rend compte que pour quelques chapitres qui n’ont pas plu dans Les versets sataniques, il l’a payé pour le reste de sa vie. Le Couteau se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et finalement porteuse d’espoir sur la vie, l’amour et le pouvoir de la littérature. C’est également une ode à la création artistique comme espace de liberté absolue. Le deuxième livre est très original, un peu fantastique, traduit du japonais. Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi raconte un huis-clos dans un café au Japon, où l’on a la possibilité de retourner dans le passé . Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Ce sont toujours les mêmes personnes, le même serveur, qui sont présents et ce délicat roman introspectif est aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, il s’en dégage une douce philosophie qui nous incite à vivre pleinement le présent. Christine a été émue par ce livre, son atmosphère dépaysante, il fait partie des livres qu’elle gardera dans sa bibliothèque. 

Chantal, qui aime beaucoup David Vann , est tombée sur ce roman qui n’est pas très récent, et qui s’intitule Aquarium. Elle en a déjà lu trois de cet auteur, ça se passe parfois en Alaska ; là où il est né, souvent dans des milieux assez hostiles. Celui-ci se passe à Seattle, où Caitlin, 12 ans, vit avec sa mère dans un modeste appartement. Pour échapper à son quotidien, elle visite chaque soir un aquarium, où elle se lie peu à peu d'amitié avec un vieil homme. Un jour, elle découvre que sa mère le connaît et qu'un lien secret les unit. Ca va devenir un cauchemar, avec malgré tout l’idée d’un pardon, d’une résilience. L’écriture est très riche, mais il faut s’y habituer, car les dialogues sont insérés dans le texte, sans tirets. Un roman très dur, comme Chantal les aime, mais qui intrigue, alors pourquoi pas ? Passons à Vivre vite de Brigitte Giraud, prix Goncourt 2022. En 1999, l’auteur s’apprêtait avec son conjoint à acheter la maison de leur rêve à Lyon, lorsque celui-ci emprunte une moto très puissante pour aller au travail, et se tue. Elle va néanmoins y emménager avec son fils. Vingt ans plus tard, des immeubles vont envahir le quartier, et la maison va être rasée. Avant de quitter cette maison, elle revient sur cet accident, sous forme de vingt-trois chapitres, commençant par et si ... et si…, et si… , pour tenter de donner un sens à cette mort absurde, d’ailleurs Vivre vite est un titre emprunté à Lou Reed, l’un des musiciens préférés de Claude, son compagnon. Une histoire personnelle très touchante. 

C’est au tour de Catherine de nous parler d’un polar qui fait partir d’une trilogie de Nicolas Lebel. Le premier L’heure des fous, elle ne l’avait pas trouvé très bien, par contre celui-là Le jour des morts, elle l’a beaucoup aimé. Il y a un capitaine qui est génial, en résumé, on est à Paris à la Toussaint, le capitaine Mehrlicht et ses acolytes sont appelés à l’hôpital Saint-Antoine : un patient vient d’y être empoisonné. Les victimes se succèdent, la France prend peur, qui est cette jeune femme d’une trentaine d’années que de nombreux témoins ont croisée ? Comment peut-elle tuer depuis quarante ans et en paraître trente ? Surtout, qui sera sa prochaine victime ? Catherine nous lit deux passages qu’elle a adorés. C’est policier, mais ça parle aussi des travers de la société, c’est très bien ! Un petit mot pour dire que Catherine a lu Veiller sur elle, et que comme les autres lectrices, elle a beaucoup aimé. 

Pour ne pas faillir à la tradition, Fabienne nous a apporté un thriller, La femme parfaite de J.P. Delaney. Abbie est amnésique lorsqu'elle se réveille à l'hôpital. L'homme à son chevet prétend être son mari. Fondateur d'une start-up innovante de la Silicon Valley, il lui apprend qu'elle est artiste et mère d'un petit garçon. Cinq ans auparavant, la jeune femme a eu un grave accident et les innovations dans le domaine de l'intelligence artificielle ont permis son retour à la vie, dans un corps de robot. L'auteur aborde aussi les thèmes de l'intelligence artificielle et de l'utilisation des robots dans l'amélioration de notre vie quotidienne. Un thriller psychologique bien construit, un roman surprenant, qui nous emmène de surprise en surprise, un roman particulier que Fabienne a apprécié, même si certaines d’entre nous restent sceptiques face au sujet. 

Martine va reparler brièvement de Nicolas Lebel, et particulièrement d’une trilogie comprenant La capture, Le Gibier, et enfin L’hallali dont elle va nous parler. C’est plein de ressources, de rebondissements, Yvonne Chen n’a pas d’amis et elle n’en veut pas : ils l’ennuient ou finissent par mourir. Lorsque, en ce 5 janvier, son téléphone sonne, elle sait donc que ce n’est pas un ami qui l’appelle. Les Furies, ces tueurs à gages sans foi ni loi, sont de retour et leur chef Alecto propose à Chen de participer à l’une de leurs danses… Deux frères se disputent le contrôle d’un prestigieux vignoble dans les Vosges et, d’après le commanditaire anonyme, il ne doit en rester qu’un. On ne s’ennuie pas du début à la fin. Puis Martine a lu Python de Nathalie Azoulai, auteur dont elle avait déjà présenté La fille parfaite, qu’elle avait beaucoup aimé. Dans ce livre ce qui l’a intéressée, c’est le titre car dans ses dernières années d’enseignement, Martine a dû se mettre à Python, qui est un langage codé pour écrire des algorithmes. Ce roman (mais est-ce vraiment un roman ?) montre Boris qui a « passé la nuit à coder ». Il ne déjeunera pas avec son père, Pierre, et ses invités. Parmi eux, la narratrice, qui le regarde, les écouteurs sur les oreilles, taper sur son clavier inlassablement. Retranché du monde, il semble « garder jalousement un trésor ». Un jeune homme qui « aurait pu avoir dansé, bu ou baisé toute la nuit » est resté chez lui, à « coder ». Quelle est la puissance de ce code qui aspire la vitalité de millions d’obsessionnels ? La question va faire basculer la vie de la narratrice, la jeter dans un monde à mille lieues du sien, et pourtant si proche. Martine a appris beaucoup de choses sur Python, mais elle trouve qu’à la fin ça devient un peu glauque. Elle l’a lu jusqu’au bout, mais a été fatiguée par toutes les références cinématographiques, littéraires et scientifiques qui l’ont obligée à faire des arrêts pour se documenter. Elle a peine à croire à cette histoire, pas convaincue donc… Par contre elle a adoré Philippe Besson et son livre Ceci n’est pas un fait divers. Un tout petit livre qu’on lit presque en une fois. L’auteur se penche avec humanité et sensibilité sur le sujet des féminicides. L’histoire est inspirée d’un fait réel. Un mari qui tue son épouse (17 coups de couteau) avant de prendre la fuite, alors qu’elle s’apprêtait à le quitter après des années de violences et d’humiliations  et la fille qui entend tout. C’est finement écrit, on sait qu’il y a de l’espoir, mais que ce sera difficile, à lire absolument… 

Sur les conseils de Gérard, j’ai lu Le roman de Jim, que j’ai beaucoup aimé, j’attends le film avec impatience, et sur les conseils de Françoise, j’ai lu Meccano, qu’elle n’avait pas lu jusqu’au bout. Ce n’est pas un livre facile, car la première partie est très technique, j’ai préféré la deuxième partie, j’ai appris beaucoup de choses sur les trains, et la façon dont c’est écrit est originale, puisque c’est comme de la poésie, sans les rimes, mais il va à la ligne au milieu des phrases. Un livre hors du commun ! Mais je souhaite présenter Ne réveille pas les enfants d’Ariane Chemin, sur un fait divers de 2022 qui m’avait marquée. Le 24 mars 2022 une famille française se jette du septième étage de son balcon, face au lac Léman, à Montreux, en Suisse. “Suicide collectif”, concluent presque aussitôt les enquêteurs, malgré la présence de deux enfants mineurs. Un an plus tard, le dossier est clos. La journaliste établit avec justesse des liens entre cet événement, réduit par la justice suisse et la presse à une banale histoire de complotistes à tendance survivaliste, et des faits tout aussi dramatiques qui se sont déroulés en Algérie le 15 mars 1962, quelques jours avant les accords d’Évian. Une enquête sur une affaire qui a défrayé la chronique mais de laquelle finalement on sait peu de choses. 

Nous terminons avec Françoise qui nous présente un livre différent, puisqu’il s’agit d’un livre de cuisine, Ayurveda cuisine pour tous les jours, d’Archcena Nagalingam. Un livre qui présente les principes de l’ayurveda et bien entendu des recettes. Pour rappel, la cuisine ayurvédique est une manière de prévenir et guérir des maladies tout en prenant plaisir à manger. Savoir quoi manger en fonction de sa constitution n'est pas toujours facile, et les livres semblent être remplis de concepts complexes et de longues explications érudites. Dans ce livre, on découvre des principes simples et ludiques et plus de 80 recettes végétales pour mieux manger. Il y a trois types de profils, les trois doshas qui sont Vata, Pitta et Kapha. Grâce à un questionnaire, Françoise s’est totalement retrouvée dans Kapha. L'Ayurveda est une médecine ancestrale, mais aussi une philosophie et un véritable mode de vie qui s'occupe du bien-être de l'être humain dans sa globalité. Elle a testé certaines recettes qui sont très bonnes. C’est une cuisine végétarienne évidemment. Un très beau livre dans lequel il faut se plonger…

Puisque nous sommes en été, nous terminons la séance avec une dégustation des délicieuses glaces de Nanou. Bonnes vacances et belles lectures à tous. 

Bernadette

 Le prochain Café littéraire aura lieu le mardi 24 septembre.
 Il sera précédé de l’Assemblée Générale.

lundi 29 avril 2024

Café littéraire # 64

Une bonne douzaine de lectrices et un lecteur se sont retrouvés pour ce 64ème Café littéraire. Des livres divers et variés ont été présentés par chacun. 

Catherine
a pris la parole pour nous parler d’un livre plusieurs fois évoqué ici et qui fait l’unanimité, La carte postale d’Anne Berest. Un roman qu’elle est en train de lire et qu’elle trouve très prenant. Dans ce roman d'enquête, Prix Renaudot des lycéens 2021, l’auteur remonte son passé familial pour en retracer l'histoire marquée par la Shoah. Un beau témoignage de notre histoire. Elle a lu également le premier roman d’Emmanuel-Robert Espalieu, intitulé Fleur de sang. Fin du XVIIe siècle, en s'éprenant de Marguerite, fille unique de l'exécuteur des hautes oeuvres pour la ville de Joigny, Charles a tout perdu : son grade de lieutenant dans l'armée du Roi-Soleil, son titre de comte, et surtout l'amour et l'estime de son père. Une fille de bourreau ne pouvant convoler qu'avec un autre bourreau, Charles doit aussi apprendre les macabres ficelles de ce métier si redouté qui le condamne à vivre au banc de la société. Mais, comme pour conjurer la mort qui partout les suit, les bourreaux ont développé le précieux savoir des guérisseurs. Un livre prêté par une amie, qui rebutait Catherine, et qui finalement l’a embarquée, un formidable roman historique doublé d'une histoire d'amour particulièrement poignante. Une héroïne forte, qui se battra jusqu'au bout pour sauver celui qu'elle aime envers et contre tous. Elle nous le recommande chaudement… 

Armelle a apporté le dernier roman de David Foenkinos, La vie heureuse. La vie est parfois pleine de surprises, bonnes comme mauvaises. Notre héros quadragénaire en est la preuve. En acceptant la proposition étonnante d’Amélie de rejoindre son équipe, Eric n’imagine pas le tournant qu’il prendra bientôt. C’est lors d’un voyage à Séoul début 2020 qu’une expérience unique va le transformer à jamais… Un roman dans l’air du temps qui évoque le désir de changer de vie. L’auteur, témoin clairvoyant de notre époque, l’a bien compris depuis le Covid : hier, les nouvelles générations voulaient de l’argent, aujourd’hui, elles veulent du temps. Encore un bon livre de Foenkinos à savourer. 

Gérard nous signale que Le roman de Jim, dont il nous a chaudement parlé la dernière fois, fait l’objet d’un film, qui sera projeté au Festival de Cannes, raison supplémentaire pour le lire. Sinon il a lu La décision de Karine Tuil, un roman déjà présenté ici en 2022. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. En résumé, des conflits de loyauté pour cette juge dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle. C’est très bien écrit, on a l’impression d’être dans le cabinet du juge. Dans le cadre du Club de lecture Simone Veil, Gérard a lu Automobile club d’Egypte d’Alaa El Aswany, première fois qu’il lit un auteur arabe. Il pensait ne pas pouvoir arriver au bout mais après une vingtaine de pages, on est vraiment dans l’histoire. L’auteur choisit de décrire un microcosme, soit l’Automobile Club d’Egypte.. On est en 1947 avant l’arrivée de Nasser au pouvoir. Ce vénérable cercle privé très sélect a réellement existé et a connu son heure de gloire au temps du dernier roi d’Egypte, le roi Farouk.  Tous ces personnages se croisent, s’aiment ou s’affrontent en un ballet incessant. Des destins croisés, une fresque historique qui permettent aussi de comprendre l’Égypte actuelle . Très intéressant ! 

Régine a lu il y a longtemps Liv Maria de Julia Kerninon. Elle se souvient avoir tellement aimé ce livre qu’elle l’a offert plusieurs fois, mais elle ne peut pas nous en dire beaucoup plus. J’ai donc cherché sur le net un petit résumé : enfant solitaire, née des amours étonnantes d'un père suédois et d'une mère à l'esprit rebelle, Liv Maria devra, pour fuir la violence des hommes, s'exiler à Berlin où elle rencontrera son premier amour, un professeur d'anglais, qui marquera à jamais son corps et son âme. Dans les pas de Liv Maria, l’auteure nous fait naviguer entre liberté, identité et féminité, se demandant comment rester une femme libre lorsque l’on a tant vécu, lorsque l’on devient épouse et mère. Ça donne envie de le lire… 

Christine a suivi les recommandations de Gérard et a demandé au libraire un livre de Pierric Bailly. Elle est repartie avec L’homme des bois. A 61 ans, dans une forêt du Jura, Christian Bailly a chuté dans le vide. On l'a retrouvé trois jours plus tard, mort. Son fils, l’auteur, a mené l'enquête, pour lui dire adieu. Ce n’est n’est pas seulement le récit par son fils de la mort brutale et mystérieuse d’un père. C’est aussi une évocation de la vie dans les campagnes française à notre époque, l’histoire d’une émancipation, d’un destin modeste, intègre et singulier. C’est enfin le portrait d’une génération, celle des parents du narrateur, travailleurs sociaux, militants politiques et associatifs en milieu rural. Christine a trouvé ce livre très émouvant, elle a eu l’impression d’un fils qui essaie de renouer les liens avec un père, dont il n’était pas vraiment proche. Ca se passe dans le Jura, et elle aime quand elle reconnaît les lieux. Christine écoute France-Culture, où Georges Pérec est décrit comme un génie de la littérature. Elle a donc voulu tester avec La vie mode d’emploi, celui paraît-il qu’il faut lire quand on n’en a pas lu d’autres. Dans les presque six cents pages de ce roman, le narrateur décrit la situation d'un immeuble à un instant donné, le 23 juin 1975, alors qu'il est presque huit heures de soir. Comme si la façade avait été enlevée, nous sont dépeints tous les décors, tous les gens qui sont dans l'immeuble et leur occupation. Parfois, nous est racontée leur histoire, celle de leur famille. Pour Christine ça s’est compliqué, car il présente par exemple Le 2ème B, le 3ème C, puis il revient en arrière, il faut sans cesse rechercher de qui il parle, Elle a renoncé. C’est peut-être dommage, car ce livre est décrit comme un chef-d’oeuvre… 

Fabienne, toujours adepte de romans policiers, a apporté Douze ans, sept mois et onze jours de Lorris Murail. Une cabane perdue dans les forêts du Maine, aux USA. C'est là que Walden est abandonné par son père. À partir de maintenant, le garçon va devoir se débrouiller pour survivre dans les bois. Avec pour seule richesse quelques boîtes de conserve, un livre sur la nature et une carabine. À la fin de chaque journée, Walden note son âge sur une écorce de rondin. Douze ans, sept mois et quatre jours, au moment où commence son apprentissage pour le moins étrange… On ne sait pas pour quelle raison le père l’abandonne là, c’est intéressant car le père comme le fils vont se poser beaucoup de questions. Un vrai thriller, bien ficelé et bien écrit, destiné à la base à la jeunesse, mais qui plaît aussi aux adultes. 

Françoise nous propose de nous parler de deux livres qu’elle n’a pas, car elle les a rendus à sa fille, mais elle pense qu’ils ont le mérite d’être lus. Le premier, Journal pauvre de Frédérique Germanaud relate une expérience personnelle. Elle avait une bonne situation dans l’industrie, elle décide de tout abandonner pour écrire .Pendant une année sabbatique, de juillet 2015 à juillet 2016, Journal pauvre interroge ce qu'est subsister sans salaire et se consacrer à l'écriture. Cueillette, glanage, troc, affût des bonnes occasions : une économie de la main à la main s’organise, pour que vivre ne soit pas seulement survivre et que cette expérience de pauvreté soit libre et sereine. Ce journal à durée limitée s’achève sur la décision de quitter définitivement le monde du travail salarié et un modèle économique imposé, ouvrant ainsi sur la possibilité de renouveler ce qui fut au départ une tentative d’habiter autrement le monde. Un petit livre très agréable à lire, dans lequel on se rend compte que finalement tous les objets auxquels nous sommes si attachés ne sont pas si utiles que ça. Le deuxième livre s’appelle Mécano de Mattia Filice, présenté à la Grande Librairie il y a quelques mois. L’auteur transforme son expérience de conducteur de train en une grande fresque épique, dans un premier roman inattendu, avec une écriture très originale. Sa fille a adoré, mais Françoise en a lu les trois-quarts, car c’est quand-même très technique. Technique et poésie se mélangent et c’est à découvrir malgré tout ! 

Jeanine a eu la chance de visiter la Cité de la BD à Bruxelles, et en traversant la boutique, elle est tombée en arrêt devant un livre de Zeïna Abirached, Le piano oriental, entre la BD et le roman graphique avec des illustrations magnifiques. Un récit inspiré de la vie d'un ancêtre, inventeur d'un nouvel instrument de musique dans le Beyrouth des années 1960. Folle tentative pour rapprocher les traditions musicales d'Orient de d'Occident, ce piano au destin méconnu n'aura vu le jour qu'en un seul exemplaire, juste avant que la guerre civile ne s'abatte sur le Liban. Une métaphore amusante et touchante de la rencontre de deux cultures, de deux mondes, qui cohabitent chez Zeina et dans son œuvre. Jeanine, qui d’ordinaire lit peu de BD a été emballée par ce livre. Ensuite elle a visité le Musée Soulages à Rodez et en passant par la boutique, où l’on trouve tout ce qui parle de noir, elle tombe sur un autre livre de Zina Abouchareb, Mourir partir revenir le jeu des hirondelles. Le livre retrace un moment de la jeunesse de l'auteur, à Beyrouth, et plus spécialement dans leur immeuble d'où ils ne pouvaient quasiment pas sortir, pendant la guerre dans les années 80. Elle vient juste de le commencer, en tout cas une belle découverte… 

Noëlle que l’on retrouve après une longue absence a relu deux livres qu’elle avait aimés. Elle vu une émission à la télévision sur nos très très lointains aïeux qui étaient partis en Asie, et ça lui a donné envie de relire Le clan de l’ours des cavernes de Jean M. Auel, le premier livre de la saga Les enfants de la terre. Quelque part en Europe, 35 000 ans avant notre ère, petite fille Cro-Magnon de cinq ans, Ayla est séparée de ses parents à la suite d'un violent tremblement de terre. Elle est recueillie par le clan de l'ours des cavernes, une tribu Neandertal qui l'adopte, non sans réticence, ayant reconnu en elle la représentante d'une autre espèce, plus évoluée. C’est très bien écrit, très documenté, il y en a 7, mais ça se lit très facilement. Autre série dont souhaite nous parler Noëlle, Millénium, les trois premiers ont été écrits par Stieg Larsson, qui est décédé à l’âge de 50 ans, les trois suivants par David Lagercrantz, et le septième par Karine Smirnoff. Elle nous a apporté le sixième intitulé La fille qui devait mourir, À Stockholm, un SDF est retrouvé mort dans un parc du centre-ville, certains de ses doigts et orteils amputés. Dans les semaines précédant sa mort, on l’avait entendu divaguer au sujet de Johannes Forsell, le ministre de la Défense suédois. S’agissait-il des délires d’un déséquilibré ou y avait-il un véritable lien entre ces deux hommes ? Michael Blomqvist a besoin de l’aide de Lisbeth Salander. Mais cette dernière se trouve à Moscou, où elle a l’intention de régler ses comptes avec sa sœur Camilla. C’est un peu gore, mais Il y a quand-même une morale dans toutes ces livres. L’histoire lui a plu, mais le style de l’auteur beaucoup moins. 

Pour ma part, j’ai apporté un très beau livre Les yeux de Mona, écrit par Thomas Schlesser, un historien de l’art, que j’ai découvert à la Grande Librairie, le livre est déjà un best-seller dans le monde entier. Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde. C'est le temps que s'est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une œuvre d'art, avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux. Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Et l’on retrouve les 52 chefs-d'œuvre à l'intérieur de la jaquette dépliable. Pour apprécier, il faut bien sûr s’intéresser un minimum à l’art, mais la relation entre cette petite-fille et son grand-père est très émouvante et on apprend beaucoup de choses sur les œuvres décrites. Vraiment passionnant ! Lorsque je suis allée acheter ce livre, j’ai vu qu’Olivier Bourdeaut, un auteur que j’affectionne, avait écrit un quatrième roman que je me suis empressée d’acheter. Après En attendant Bojangles, Pactum Salis et Florida, voici Développement personnel. En panne d’inspiration pour ce roman, l’auteur loue une maisonnette à Ibiza pour se concentrer sur l’écriture, et finalement il va nous raconter sa vie, avec beaucoup d’autodérision. Il revient sur son enfance compliquée, sa courte et chaotique scolarité et le périlleux apprentissage du métier d’écrivain. C’est à la fois drôle et émouvant, je n’ai pas été déçue. 

Et honneur à nouveau à Pierric Bailly dont Martine a lu le dernier livre La foudre, qui fait d’ailleurs partie de la sélection du Livre Inter. C’est l'histoire d'un berger du Haut-Jura, prêt à partir s'installer avec sa compagne à la Réunion. Parallèlement, il retrouve la femme d'un ex-ami emprisonné pour meurtre, en attente de son procès en assises. Foudroyé par un amour passionnel, et hésitant sur la suite à donner à sa vie, il tente un temps de vivre avec l'une et avec l'autre avant de faire un choix. Martine a aimé la lenteur de ce roman et les lieux qu’elle connaît, dans lesquels elle pouvait se projeter. Elle s’attendait à un coup de foudre, puisque c’est le titre, mais ce n’est pas le cas, la foudre arrive dans les dernières pages et dans la dernière phrase où le héros dit « Je me lève, j’attends la foudre ». Si vous voulez en savoir plus, il faut le lire. 

Nous terminons avec Rosemay qui nous présente un livre de Lucinda Riley, faisant partie d’une saga de 7 livres, Les sept sœurs, elle adore prendre un livre et être tout de suite transportée, et là c’est le cas. À la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a ramenées des quatre coins du monde et adoptées lorsqu’elles étaient bébés, Maia d’Aplièse et ses sœurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève. Pour héritage, elles reçoivent chacune un mystérieux indice qui leur permettra peut-être de percer le secret de leurs origines. Maia est le premier tome de la série, la piste de Maia la conduit au-delà des océans, dans un manoir en ruines sur les collines de Rio de Janeiro. C’est là que son histoire a commencé… Secrets enfouis et destins brisés : ce que Maia découvre va bouleverser sa vie. Donc il y a un roman pour chacune des filles, c’est bien traduit et très prenant. Autre lecture appréciée par Rosemay, La fille sans nom de J.S. Monroe, un livre qu’elle a acquis par un échange dans une bourse. Une femme arrive chez Tony et Laura, certaine de rentrer chez elle. Celle-ci ne se rappelle plus de rien hormis cette adresse. Le couple décide de s'en occuper et la surnomme Jemma. Ils l'emmènent chez leur médecin qui se souvient de l'avoir déjà vue mais sans pouvoir se rappeler dans quelles circonstances. Tony et Laura se demandent si l'inconnue ne serait pas en fuite et simulerait son amnésie. Tout au long du livre, on se crée divers dénouements, qui évoluent au fil de la lecture. Un très bon livre plein de suspense, dans le lequel on ne s’ennuie pas une seconde.

Bernadette 

Prochain atelier d’écriture : Mardi 14 mai 2024 

Prochain Café littéraire : Mercredi 19 juin 2024