vendredi 21 février 2025

Café littéraire # 69

Pour ce 69ème Café littéraire, nous avons le plaisir d’accueillir trois représentants de la bibliothèque d’Audincourt, Diane, Morgiane et Pascal venus nous parler d’une possible collaboration avec nous, et d’événements à venir. 

Suite à la rencontre entre Jeanine et les bibliothécaires, l’idée est venue que nos lectures profitent aussi aux lecteurs de la bibliothèque. Jeanine a donc préparé des petites fiches cartonnées, avec pour en-tête « Les amis des livres ». Nous pourrions écrire cinq mots que nous a inspirés le livre, ou quelques phrases, au choix. Au dos de la fiche, l’auteur et le titre pour qu’elle puisse être glissée dans le bon livre. On peut mettre son prénom ou pas. C’est tout à fait libre, il n’y a pas d’obligation. Jeanine se chargera de collecter les fiches. Il y a d’autres projets, mais pour l’instant, on va déjà tester ça. Il pourrait aussi y avoir une petite affiche à la bibliothèque annonçant les lieux et dates des Cafés littéraires. Pascal en profite pour nous parler de la quinzaine des « Littératures étrangères » qui se déroulera du 1er au 17 avril, et qui est consacrée au Portugal avec trois auteurs invités. Il y aura des rencontres avec les auteurs, des ateliers culinaires avec le lycée Mandela, une conférence sur la « Révolution des œillets » le 10 avril, organisée par l’Atelier, deux soirées festives au « 5 », nouveau tiers-lieu associatif, et bien d’autres animations. Le programme sera transmis prochainement.

Isabelle fait une parenthèse, suite aux précédents Cafés littéraires, elle a lu La nuit des pères de Gaëlle Josse, un superbe livre, merci à Régine qui nous en a parlé, et Roman fleuve, de Philibert Humm,  dont j’ai parlé à plusieurs reprises et avec lequel elle a passé un très bon moment de détente. Elle enchaîne avec un roman de Marie Vareille, Ainsi gèlent les bulles de savon, dans lequel nous suivons le destin de trois femmes. De Paris aux volcans ensoleillés d’Indonésie en passant par un petit campus américain à la frontière canadienne, de vibrants portraits de femmes aux destins entrecroisés se dessinent. Quel secret les unit ? Quelle est leur véritable histoire ? Ça évoque des sujets comme la perversion narcissique, l’ambivalence de la maternité, la dépression post-partum, les relations parents-enfants et l’amitié. Ça se finit bien, car c’est Marie Vareille, cependant ce n’est pas mièvre. Isabelle qui n’avait pas vu le film L’amour ouf, a lu le roman éponyme de Neville Thomson. Elle a beaucoup aimé, c’est une histoire d'amour entre deux adolescents sur fond de chronique sociale, au réalisme cru, tantôt triste tantôt violente. C’est plutôt bien écrit, on n’entre pas dans le pathos, mais contrairement au précédent, ça se termine mal.

Catherine nous présente un premier roman, Les lettres d'Elise, écrit par Charlotte Plumel, une amie de sa fille, qui adore lire, aime écrire depuis toujours, et qui s’est lancée dans la rédaction d’un roman. N’ayant pas trouvé d’éditeur, elle s’est auto-éditée, grâce à une cagnotte sur internet, et les personnes ayant participé ont reçu le livre gratuitement. Catherine l’a trouvé bien, même s’il y a quelques imperfections dans certaines phrases, ce qui arrive lorsqu’il n’y a pas de correcteur. Blessée et meurtrie lors d'un reportage de guerre en Afghanistan, Elise part se réfugier auprès des siens dans son village natal. Après la découverte de lettres de son arrière-grand-père écrites dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, elle décide de plonger dans le passé familial. Accompagnée de deux nouvelles amies inattendues, Elise découvre des secrets enfouis et des récits bouleversants, révélant les liens profonds qui unissent sa destinée à celle de son entourage. Entre reconstruction personnelle et exploration historique, ce trio étonnant traverse une quête émotionnelle qui le transforme et le rapproche. Les ombres du passé permettront-elles à Elise de retrouver un sens à sa vie et le goût du bonheur ? Une histoire prenante et originale.

Pascal souhaite nous parler de son coup de cœur de l’an dernier, Les voleurs d’innocences de Sarai Walker, si l’on aime les romans gothiques et les sagas familiales, alors il nous le conseille. Dans les années 50 en Nouvelle-Angleterre, six sœurs aux prénoms de fleurs grandissent dans une maison victorienne qui ressemble à un énorme gâteau de mariage. Les filles rêvent toutes de s’échapper de cette maison oppressante avec une mère « hantée » qui voit des fantômes dans la maison et un père absent, démissionnaire. Seul le mariage leur permettra de quitter le foyer et commencer leurs vies, mais une malédiction plane sur la famille, si elles se marient, elles meurent. Seule la dernière, restée célibataire, va y échapper et devenir la narratrice de l’histoire. Un roman captivant, résolument américain et féministe avec de nombreux rebondissements, qu’on ne peut pas lâcher ! Pascal veut nous présenter deux livres autobiographique d’Isabela Figueiredo qui sera présente à Audincourt dans quelques semaines. Dans le premier, Carnet de mémoires coloniales, elle revient sur son enfance en exil au Mozambique. Elle y dépeint sa relation aux adultes, à ses parents, à son père. Un livre sur le colonialisme, où elle décrit des mécanismes de domination toujours éminemment violents. Dans le second, La grosse, lorsque le roman débute, Maria Luisa vient de subir une gastrectomie. Elle a perdu quarante kilos, "un second corps". Mais après une vie à être grosse, à se sentir grosse, à subir les brimades, même si son corps a changé, elle sera "toujours une grosse". A travers ce livre, on a aussi l’histoire du Portugal des années 60 jusqu’à aujourd’hui. L’écriture est très belle et très sensuelle. A lire avant la rencontre avec l’auteur. 

Martine a lu Tata de Valérie Perrin, Tata, c’est l’histoire de Colette, la tante d’Agnès, une femme qu’elle n’a d’ailleurs jamais appelée Tata ! Sœur de son père. Colette est une femme ordinaire. Cordonnière de métier, dans un petit village, Gueugnon, en Bourgogne. Tout le village la connaît, Colette Septembre !  Colette est morte deux fois ! La première fois en 2007 et la seconde fois en 2010 ! Sa nièce, Agnès, n’y comprend plus rien ! Agnès a toujours été proche de sa tante. Une chose est sûre : elle l’a enterrée en 2007 et ne l’a ensuite plus jamais revue. Normal puisqu’elle était morte ! Il est évident que ce n’est pas pensable cette histoire de « remourir » ! Agnès va mener son enquête tout au long des 634 pages. Et quand le lecteur arrive à la fin de l’histoire, il n’a qu’une envie, c’est que cela ne s’arrête pas ! Il y a beaucoup de personnages, mais on arrive à s’y retrouver. Colette vivait seule, mais en réalité beaucoup de personnes gravitaient autour d’elle. Martine n’a pas retrouvé l’écriture poétique de Changer l’eau des fleurs, mais c’est un autre style tout aussi prenant. Le seul bémol serait que l’auteur a voulu traiter trop de problématiques dans un seul livre. 

Diane a apporté deux livres, le premier est une BD qui a la particularité de ne pas comporté d’écriture, on a seulement les images pour comprendre l’histoire, ce qui demande beaucoup d’attention. Un océan d’amour du duo Lupano-Panaccione nous conte l’histoire d’un couple de Bretons. Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Un message écologique accompagne cette histoire d'amour ou se mêlent prouesses graphiques et narratives pour mettre en scène plus de 200 pages muettes. Le second Beyrouth sur Seine de Sabyl Ghoussoub que Gilles nous avait présenté en 2023, a beaucoup touché Diane, qui a des origines libanaises du côté paternel. Un roman d’histoire orale dans lequel il va interroger ses parents, et c’est à travers leurs réponses, plus ou moins contraintes, qu’il raconte la guerre du Liban, mais il avoue ne pas tout comprendre, tant c’est confus. 

Moi qui ai toujours envie de présenter quatre ou cinq livres, je n’ai rien lu d’exceptionnel ces derniers temps et j’ai toujours du mal à parler de livres que j’ai lus depuis longtemps, sans m’y être replongée. J’ai choisi Le livre 2 mes envies, de Grégoire Delacourt, un auteur que j’aime beaucoup. Je n’ai pas lu le premier, juste vu le film. Mais j’avais envie de lire celui-là, qui est la suite. Pour résumer le premier, Jocelyne, mercière à Arras, fait une liste de ses envies, mais le jour où elle gagne 18 millions d’euros au loto, elle prend peur, le cache à ses proches. Quand son mari le découvre, il prend l’argent et la fuite. Dans le second livre, on apprend qu’il est revenu, qu’il n’a dépensé que 3 millions d’euros, mais elle ne veut pas le reprendre. Il va décéder quelque temps après. Et Jocelyne se demande ce qu’elle va faire des 15 millions restants, tant ces millions lui brûlent les doigts, la perturbent, lui gâchent la vie. D’ailleurs, pour essayer de s’en sortir, elle participe au groupe de parole des gagnants anonymes. Elle veut faire le bonheur des autres, mais ce n’est pas forcément facile… Une lecture agréable, pas forcément sérieuse, ni réaliste, mais on passe un bon moment et on se demande forcément si l’argent fait vraiment le bonheur. 

Thérèse a pris son téléphone, car ses livres sont dans sa liseuse. Elle dit que ça lui permet de lire beaucoup de livres, nous aussi on en lit beaucoup, ça prend juste un peu plus de place ! Elle souhaite donc nous parler de La librairie Morisaki de Satochi Yagisawa, un roman pour les amoureux des livres. Takako a le coeur brisé lorsque Hideaki, l'homme qu'elle aime, lui annonce ses fiançailles. Dévastée, la jeune femme ne supporte plus de le croiser au travail et démissionne. Takako a bien du mal à remonter la pente... jusqu'au jour où elle reçoit un coup de téléphone de son oncle Satoru, qu'elle n'a pas revu depuis de nombreuses années.  L'homme, un peu excentrique, est à la tête d'une vieille librairie d'occasion, implantée à Jinbôchô, le quartier des bouquinistes à Tokyo. Il lui propose de venir l'aider, et même de s'installer au premier étage de la boutique. Voyant enfin l'avenir lui sourire, Takako accepte et découvre parmi tous ces livres un nouveau langage qui lui était jusque-là inconnu... Un roman tout en douceur qui aborde plusieurs sujets comme la maladie, la rupture amoureuse, l'amitié, le lien familial et surtout l'amour des livres. 

Armelle a lu Il nous restera ça de Virginie Grimaldi, l'histoire d'une colocation improbable entre trois personnages abîmés par la vie. À 33 ans, Iris trimballe sa vie dans une valise. Théo, 18 ans, a peu de rêves, car ils en foutent partout quand ils se brisent. À 74 ans, Jeanne regarde son existence dans le rétroviseur. Rien ne les destinait à se rencontrer. Quand le hasard les réunit sous le même toit, ces trois êtres abîmés vont devoir apprendre à vivre ensemble. Ce roman qui aborde la précarité, l'isolement, la vieillesse ou encore la perte d'un être cher, est très agréable à lire. 

Françoise, à la demande de Jeanine qui ne s’en souvient pas, a apporté un livre de photos. L’occasion de parler de l’association « Mode ouverture » créée par Erick Peugeot, et du Ph’arts où se déroule tous les mois de belles expositions. Il y a une quinzaine d’année, Erick a débuté une série intitulée Au plus près des mots, qui regroupe à présent 85 tableaux mêlant poésie et photographie, autour de l’univers du livre et de l’écriture. Cette série a été exposée dans de nombreux lieux, et a fait l’objet du livre que Françoise nous présente aujourd’hui. Les textes sont de Jean-Claude Vrinat, un très bel ouvrage… tiré en quelques exemplaires seulement, donc précieux pour Françoise. 

Nous terminons avec Jeanine qui a reçu en cadeau L’arbre nu, premier roman de la grande écrivaine coréenne Pak Wan-seo publié en 1970. Cette œuvre autobiographique dépeint l'émancipation progressive d'une jeune femme qui tente de survivre dans un Séoul en guerre. Entre souvenirs et aspirations à l’amour, elle se débat pour échapper au chagrin de sa mère et à la menace qui pèse sur la ville. Sa rencontre avec un peintre sera peut-être l’arbre auquel s’accrocher pour ne pas tomber. Jeanine a déjà lu des livres japonais, et là c’est très différent, elle a eu un peu de mal à y entrer car c’est très lent, la lenteur asiatique, et là elle traîne car elle n’a pas envie de le terminer, elle est bien dedans, même si c’est très dur. Jeanine veut aussi nous parler du livre Le roitelet de Jean-François Beauchemin, auteur qu’elle ne connaissait pas. Un homme vit à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et le chat Lennon. Depuis l’enfance, il partage aussi son quotidien et ses questionnements, sensibles et profonds, avec son frère cadet, schizophrène. Ici se révèlent, avec une indicible pudeur, les moments rares d’une relation unique, teintée tout autant d’inquiétude que d’émerveillement au monde. C’est un livre simple, mais bouleversant, où le mot « amour » occupe une grande place, et où règne le calme et la sérénité. Très belle écriture pour ce roman que Jeanine a adoré. 

Nous terminons la soirée autour d’une boisson et de la brioche russe apportée par Jeanine. 

Bernadette 

 Le prochain Café littéraire aura lieu le Mercredi 26 mars à 19h

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