Nous étions une dizaine de lecteurs pour ce café littéraire de rentrée.
Catherine s’est lancée la première pour nous parler de ses lectures estivales. Elle a lu des livres qui avait été présentés ici, par exemple Marie d’en haut, d’Agnès Ledig, un livre qu’elle a beaucoup aimé, Les gratitudes de Delphine de Vigan, un ouvrage qu’on ne lâche plus jusqu’à la fin, et Le lambeau de Philippe Lançon, un livre beaucoup trop dur, que Catherine n’a pas pu terminer. Mais ce soir elle souhaite nous parler du livre de Guy Boley, Fils du feu, un auteur franc-comtois qui a exercé de multiples métiers. C’est autobiographique et l’écriture est très belle, d’ailleurs Jean-Daniel fait remarquer que ça sonne comme des alexandrins.
Edith que nous étions contents de revoir a découvert un auteur qu’elle a beaucoup apprécié et quand Edith aime, elle ne compte pas. Il s’agit de Tanguy Viel, dont elle a lu le dernier roman, et comme elle a adoré, elle en a acheté deux autres. Ce sont de petits romans qui se lisent assez facilement, il y a donc Paris-Brest, très bien, avec une écriture singulière, très rythmée, il écrit comme il pense. Il se penche sur le mal qui est en nous, dès la première page on connaît le dénouement, tous ses livres sont construits ainsi, ce qui maintient le suspense jusqu’au bout. Edithnous lit un passage de son dernier livre Article 353 du code pénal, la rencontre entre le narrateur et le personnage qui est mort, ce qu’on apprend dès le début.
Jean-Daniel a lu surtout des essais politiques, dont il ne nous parlera pas ce soir. Il préfère nous présenter un livre d’Isabelle Autissier et Erik Orsenna, Salut au Grand Sud. Le 8 janvier 2006, sur le voilier "Ada", ils ont d'Ushuaia levé l'ancre. Cap au 180. Deux mois plus tard, ils sont revenus et ils racontent… Ce n’est pas un roman, mais le récit de leur voyage, où l’on apprend par exemple qu’il n’y a qu’une dizaine de beaux jours par an. C’est très différent du Grand Nord, qu’ils avaient déjà découvert ensemble, et relaté dans le livre Passer par le Nord.
C’est à mon tour de parler de mes lectures estivales, j’ai lu un livre de Gilbert Sinoué sur le peintre Van Eyck, enfin plutôt sur son fils adoptif, L’enfant de Bruges, qui va devoir percer le mystère d’un complot qui vise un certain nombre d’artistes en les assassinant. J’ai bien aimé me retrouver dans l’ambiance de l’époque. J’ai lu également Les forêts de Ravel, de Michel Bernard, un livre qui nous entraîne aux côtés du musicien lors de la première guerre mondiale. Bien intéressant aussi, mais ces deux livres étant un peu anciens, je préfère coller à l’actualité en présentant Kiosque, de Jean Rouaud. Un roman dans lequel il revient sur son expérience, de 1983 à 1990, où il vendit les journaux rue de Flandre à Paris. Une activité à laquelle il mit un terme lorsque, en 1990, il publia son premier roman "Les Champs d’honneur" qui reçut le prix Goncourt. Il y est question du Paris encore populaire de la fin des années 1990, avec un échantillon de personnages pittoresques. Même si certains passages sont un peu longs, j’ai pris plaisir à découvrir un métier que je ne connaissais pas.
Annie, en visite chez sa sœur Christiane, lit beaucoup, elle a lu tous les livres de Sorj Chalandon, mais est un peu déçue par le dernier, qui s’intitule Une joie féroce. L'écrivain journaliste se met dans la peau d'une femme pour raconter l'histoire d'un groupe de femmes en guerre contre le cancer, et en lutte pour la liberté. C’est toujours très bien écrit, avec un vocabulaire très riche, et un peu d’humour. Par rapport aux autres livres, très forts, celui-là est peut-être un ton au-dessous. Autre auteur apprécié par Annie, Jean-Paul Dubois, et son dernier livre Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, qui raconte comment un homme vertueux se retrouve en prison. Un roman décalé bourré d’humour acide et de tendresse.
Chantal annonce alors qu’elle va plomber l’atmosphère avec ses lectures, à commencer par le dernier livre de Houellebecq, Sérotonine, qu’elle ne nous recommande pas, ça se lit bien, mais on a envie de se jeter par la fenêtre après. Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret. Chantal qui a pris des spectacles à Ma scène nationale, a été interpellée par la pièce Doreen, qui lui rappelle étrangement un livre lu naguère, Lettre à D d’André Gorz. Le 22 septembre 2007, l’auteur se suicide à l’âge de 84 ans avec sa femme Dorine, atteinte d’une maladie incurable. Quelques mois plus tôt, il avait mis de côté son costume de philosophe et de journaliste pour écrire cette lettre à sa femme. Ce livre avait beaucoup ému Chantal. Elle nous en lit un extrait… Magnifique… Et cela lui a également rappelé La dernière leçonde Noëlle Chatelet, la sœur de Lionel Jospin. L'auteure aborde le sujet de la fin de vie et témoigne de sa relation avec sa mère. Une femme âgée, qui décide de mettre un terme à ses jours et demande à ses enfants de la soutenir dans ce geste, de lui en donner le courage. Leurs échanges sont empreints de tendresse, de souvenirs, parfois aussi de tristesse et d'incompréhension. Un très beau témoignage.
Denis nous présente Les papillons de comptoir, après le succès des Brèves de comptoir, Jean-Marie Gourio a repris son tour de France des bistrots, rouvrant quelques dizaines de bars dans sa mémoire et nous présentant ces clients qui l'ont marqué et qu'il a aimés. C’est beau, il y a de de l’humour, de la poésie, Denis a apprécié. Ensuite il nous parle de Louis Chevalier, qui sélectionne toujours un poème dans la revue Le 1, hebdomadaire d’Eric Fottorino, etc’est ce que Denis lit en premier. Ici il s’agit d’un recueil de cet auteur qui s’intitule La voix du poète : une anthologie pour comprendre l’actualité, une sélection de textes offrant une illustration poétique de thèmes de l'actualité comme la démocratie, le féminisme, les inégalités, l'écologie, etc. Denis choisit de nous lire un texte de Victor Hugo, un poème posthume édité en 1935, mais toujours d’actualité.
Christiane n’a pas eu beaucoup de temps pour lire durant ses vacances. Elle a commencé un pavé qu’elle n’a pas encore terminé, La dentellière d’Alençon, de Janine Montupet, une véritable bible de l’histoire de la dentelle. Ça se passe au temps de Louis XIV, c’est à la fois l'histoire d'une femme d'exception, un tableau exact de la vie à Alençon au XVIIe siècle et une célébration de l'art de la dentelle. Dans un tout autre style, La classe de neige, d’Emmanuel Carrère, prix Fémina 1995, un livre terrible, on entre vraiment dans la peau du héros, Nicolas. Et, tout au long du livre, on se demande ce qu'a subi cet enfant pour être si inquiet. Et on imagine tout... sauf la vérité ! La véritable surprise du roman, c'est le dénouement, et c’est terrible. Christiane termine en nous lisant quelques extraits d’un livre de poésies écrites au Vème siècle par le Chinois Xie Lingyun, traduites par un de ses compatriotes avec des passages de Claude Roy.
Et nous terminons avec Noëlle, qui a profité de l’été et de sa rééducation pour lire et relire de nombreux romans, mais ce soir elle nous présente La cerise sur le gâteau d’Aurélie Valognes. Le livre parle de la retraite, on l’attend toute sa vie, on en rêve, et quand elle est enfin là, c’est le pied ! Ce n’est pas Brigitte, retraitée depuis un an, qui dira le contraire. Pour elle, ce n’est que du bonheur. Jusqu’au drame : la retraite de son mari ! Car pour Bernard, bourreau de travail poussé vers la sortie à 61 ans, c’est une autre paire de manche. Ajoutez à cela des voisins insupportables et une famille très envahissante : la retraite ne serait donc pas un long fleuve tranquille ? Noëlle a beaucoup aimé, c’est la vie de tous les jours. Elle aime aussi les romans d’anticipation et souhaite nous parler du livre de Stephenie Meyer (auteur de Twilight), Les âmes vagabondes. Un livre qu’elle a trouvé magnifique, l’histoire d’âmes vagabondes qui viennent habiter les vivants, parfois contre leur gré…
Rendez-vous pour les deux prochains cafés littéraires le mercredi 6 novembre et le mardi 10 décembre.
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