dimanche 7 décembre 2025

Café littéraire # 75

Douze lecteurs et lectrices se sont retrouvés pour ce 75ème Café littéraire. 

Nous commençons par un rapide compte-rendu de la rencontre au Lycée Mandela dans le cadre des « Petites Fugues ». Nous n’étions que deux pour cette rencontre, Gilles et moi. L’auteur invité, Olivier Bleys, a publié plus de 35 romans à ce jour, c’est un grand marcheur, ce qui l’inspire beaucoup, mais avec Antarctique, il s’essayait au thriller pour la première fois. J’avoue que ce n’est pas le genre de livre que j’ai l’habitude de lire, et pourtant je l’ai dévoré. Pour résumer, en 1961, cinq hommes occupent la station polaire soviétique de Daleko dont la seule finalité est la présence russe en Antarctique. Lors d’une partie d’échecs qui tourne mal, un meurtre est commis à coup de hache. Mais que faire d’un cadavre et d’un meurtrier, quand on est coupé du monde ? Un huis clos implacablement réglé, inspiré d’un fait réel, qui se transforme en un roman d’aventures original et haletant, imprégné d’humour noir. Les élèves ont posé des questions très pertinentes, et encore une fois ce fut une belle rencontre.

La séance débute avec Armelle qui souhaite nous parler d’une série de best-sellers, La femme de ménage de l’écrivaine américaine Freida MacFadden. Chaque tome raconte l’histoire de cette femme de ménage, rejetée par ses parents, avec une jeunesse mouvementée, qui a vengé une amie violée en tuant l’auteur des faits, et qui se retrouve en prison. A sa sortie, le seul travail qui s’offre à elle, est d’être femme de ménage chez des gens riches. Et finalement, sa mission est de défendre des femmes maltraitées. Une mission qui la poursuit au fil de toute la série. Armelle trouve que c’est bien raconté, bien écrit, avec une bonne intrigue et l’on est surpris à chaque fois par le dénouement. Même si ses romans ont été démontés par des magazines littéraires, elle a passé un bon moment en les lisant.

Fabienne a lu un livre de Yasmina Khadra, Le sel de tous les oublis, paru en 2020. Adem Naït-Gacem vit en Algérie dans les années 60 juste après l’indépendance. Instituteur dans un petit village, il est brisé par le départ de sa femme qui vient de le quitter pour un autre.  Alors lui aussi va tout abandonner, ses élèves, son quartier, ses amis et sombrer dans l’alcool. Réalisant que ce n’est pas une solution, il entame un voyage initiatique en solitaire et va croiser au cours de son périple des personnages improbables. C’est très bien écrit, Fabienne nous en lit quelques passages. Un livre qui se lit comme un thriller, mais qui est d’une grande profondeur psychologique. Le second, Fabienne l’a trouvé dans une boîte à livres, elle a été séduite par la couverture. Et pourtant le bonheur est là d’Enrico Galiano est un livre pour ados, dans lequel elle s’est laissé embarquer. Gioia a toujours été à part du reste du monde L’arrivée de Lo dans sa vie vient toutefois chambouler ses habitudes. Tout de suite, Gioia s’éprend de ce garçon solitaire et mystérieux qui la comprend, qui la fait rire, qui lui donne l’impression qu’elle est normale. Alors quand il cesse de venir à leur lieu de rendez-vous nocturne et ne laisse aucune nouvelle, elle panique et part à sa recherche. Ce que Fabienne a aimé aussi dans ce livre, c’est que la jeune fille collectionne dans un carnet des mots étrangers intraduisibles, répertoriés à la fin du livre. Ce roman italien bouleverse par l'exploration des sentiments de deux adolescents en souffrance psychique. Il ouvre sans cesse avec intelligence sur les questions philosophiques du sens de la vie. Apparemment, il y a un tome 2, affaire à suivre… 

Je souhaite présenter deux livres achetés lors des « Livres dans la boucle ». Il pleut sur la parade est un premier roman d’une jeune Nancéenne, Lucie-Anne Belgy. Après avoir lu un article dans le journal local, j’ai compris que c’était en grande partie autobiographique. C’est d’abord une histoire d’amour au sein d’un couple mixte, lui est juif, elle catholique, avec toutes les difficultés que ça peut engendrer, mais c’est surtout l’histoire de leur fils Ariel, qui dès son deuxième anniversaire, a de sérieux problèmes de comportement avec les autres enfants, la violence étant pour lui la seule façon de communiquer. Le tout agrémenté d’une bonne dose d’humour mais aussi d’émotion. Le titre m’a intrigué, c’est une vieille expression d’origine anglaise qui signifie « gâcher la fête à quelqu’un ». Pour moi, c’est un premier roman très réussi. Le second est d’un tout autre genre, Fabrice Capizzano a été apiculteur pendant une dizaine d’années. Une salamandre à l’oreille est son troisième roman, mettant en scène Samuel, ancien auteur à succès, devenu apiculteur suite à la mort tragique de sa compagne. Sept ans après, il vit en repli sur ses ruches, entouré de ses trois enfants, et de son vieil ami Robert, alcoolique mais lucide. Dans le village du Vercors où ils habitent, les regards sont lourds de non-dits et s'ajoutent au poids d'une culpabilité qui semble accabler Samuel. Chaque chapitre porte un titre en rapport avec les abeilles et nous parle de ces dernières, avant de plonger dans l’histoire. Le style est surprenant, pouvant passer d’un langage poétique à des mots orduriers, et décrivant même des scènes de sexe de façon très osée. J’ai trouvé d’occasion ses deux premiers livres, avec des couvertures aussi belles et des titres aussi intrigants, je m’apprête à les lire et j’en reparlerai.

Isabelle a également apporté deux livres, L’alphabet du silence de Delphine Minoui, un roman où l’auteur nous met face aux faits tragiques qui ont agité ces dernières années la Turquie. La vie de Göktay et Ayla, un jeune couple d’universitaires et parents d’une fillette de six ans, bascule brutalement en janvier 2016 lorsque Göktay est arrêté et incarcéré pour avoir signé une pétition de trop : le « Manifeste pour la paix ». Son épouse n’est pas une enseignante engagée, mais progressivement, après être restée recluse un temps, elle va s’impliquer dans la lutte contre les arrestations arbitraires et tout faire pour sortir son mari de prison. Un livre très intéressant, qui mérite vraiment d’être lu. Isabelle ne se souvenait pas avoir lu Amélie Nothomb, elle a donc choisi Le fait du prince, publié en 2008, et elle a adoré. Un homme vole l'identité d'un inconnu. La vie de Baptiste Bordave, une vie morose et banale, va soudainement changer quand, un jour, un homme sonne chez lui pour téléphoner et meurt subitement. Ne sachant que faire, il décide de prendre l'identité du mort et devient donc Olaf Sildur. C’est loufoque, ça se lit avec plaisir. 

Gilles a découvert Pierre Lemaître, auteur qu’il ne connaissait pas, à travers sa trilogie relatant la guerre de 14 et l’entre-deux-guerres, et de sa dilogie (mot peu utilisé que j’ai découvert), qui parle des « trente glorieuses ». En fait, ce sera une trilogie, peut-être même une tétralogie quand la suite paraîtra. Dans les deux premiers tomes, Le grand monde et Le silence et la colère, on fait la connaissance, en 1948, à Beyrouth, de la famille Pelletier, un couple avec trois enfants qui vont avoir des destinées très différentes. On voyage de Beyrouth à Saïgon, en passant par Paris. On suit les péripéties des membres de la famille Pelletier, dont les drames personnels se mêlent aux évènements historiques. C’est merveilleusement écrit et Gilles nous invite chaudement à les lire. Renseignements pris, le troisième Un avenir radieux est paru, donc il pourra lire la suite. Poursuivons avec Michel Folco, qui a écrit, il y a déjà de nombreuses années, sur une famille de bourreaux. Dieu et nous seul pouvons, titre du roman, est la devise écrite au fronton de la maison du bourreau. Gilles nous raconte de multiples anecdotes sur cette profession, et nous en apprendrons d’autres en lisant le livre. 

Quant à Edith, elle a beaucoup aimé Tressaillir de Marie Pourchet. Michelle, l’héroïne est mariée, mère d’une petite fille et on ressent dès le début du roman qu’elle a du mal à supporter ce mari autoritaire et rigide. Elle quitte la maison en pensant découvrir la liberté mais elle éprouve, prostrée dans une chambre d'hôtel, le supplice de l'arrachement. Une amie va venir à son secours, en lui proposant une mission dans un lycée des Vosges, région dont elle est originaire. En acceptant, elle va faire un long cheminement, revivre son enfance et ses traumatismes, elle doit remettre sa vie en question pour prendre la bonne décision, revivre avec cette homme ou pas. Toute une recherche personnelle assez forte, portée par un style percutant, mais qui s’adapte au déroulement du récit. Un livre perturbant ! 

Chaque fois que Françoise voyait Emmanuel Carrère à la « Grande Librairie », elle avait un coup de cœur pour lui et pensait qu’elle devait découvrir ses livres. C’est chose faite avec Yoga, paru en 2020, un livre de 400 pages qu’on a du mal à reposer. En parler est difficile, car c’est foisonnant, il est parti dans le Morvan suivre un stage intensif « méditation et yoga », et s’en est suivi ce livre, sur le yoga et la dépression, la méditation et le terrorisme, l’aspiration à l’unité et le trouble bipolaire. Des choses qui n’ont pas l’air d’aller ensemble, et pourtant elles sont étroitement liées. Un seul conseil, Lisez-le ! 

Cette fois Christine a pris le temps de lire un roman qu’on lui a offert et dont on a souvent parlé ici, le Goncourt 2023. Malgré un emploi du temps chargé, elle s'y est plongée et ça l’a passionnée. Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andréa raconte un demi-siècle d’histoire de l’Italie où deux personnages principaux se répondent : Mimo et Viola. Mimo est pris en charge par son « oncle » Alberto sculpteur de métier malgré « un piccolo problema », une tare visible et moquée de tous. Il souffre d’achondroplasie. À San Pietro, que va-t-on pouvoir faire de lui à part l’exploiter ? Viola a presque le même âge lorsqu’ils se rencontrent. Facétieuse, futée, et très intelligente, elle aime lire, retient tout ce qu’elle apprend et se donne comme mission de le transmettre, dit ce qu’elle pense et a un avis sur tout. Christine nous affirme que ce sculpteur a existé et qu’elle va faire des recherches sur lui. Moi il me semblait que non, et mes recherches me l’ont confirmé. Dans Version Fémina voilà ce qu’on peut lire : Ce n'est pourtant pas le cas, comme l'avait confirmé Jean-Baptiste Andrea lors d’un entretien accordé au site des magasins Cultura. « Si vous allez à l’abbaye Sacra di San Michele [où se déroule une partie du roman, ndlr], et demandez à voir la Pietà Vitaliani cachée dans ses souterrains, on vous répondra qu’un romancier français a tout inventé, que Mimo Vitaliani n’existe pas et qu’il n’y a pas de Pietà cachée dans les souterrains… ». Le personnage de ce sculpteur surdoué, passionné et parfois un brin arrogant a donc été intégralement façonné par l'auteur, tout comme l'autre personnage central du roman, Viola. Réel ou imaginaire, ceci n’enlève rien à la beauté de ce roman fascinant.

Jeanine a aimé La machine à coudre de Sami Nouri, un livre caché dans sa pile à lire, qui lui a été offert par une maman d’élève rencontrée il y a trois ans. Elle l’a ressorti pour pouvoir en discuter avec elle, et triste coïncidence, cette dernière atteinte d’un cancer, est malheureusement décédée le jour où Jeanine entamait ce livre. Elle est très émue à cette évocation, mais va néanmoins nous en parler. Sami Nouri a cinq ans lorsqu'il doit fuir avec sa famille l'Afghanistan et le régime des talibans. D'abord pour l'Iran, ensuite pour l'Europe et la France, dans des conditions effroyables. Derrière lui, il laisse la machine à coudre, cet objet de fascination qui a assuré leur survie à tous et sur laquelle son père lui a appris le métier. Arrivé seul en France à quatorze ans, ne parlant pas un mot de la langue, il est déplacé de foyer en foyer, perdu dans un monde dont il ne connaît rien. Sami se raccroche au souvenir de sa machine. Sans elle, il ne sait rien faire. Jusqu'au jour où l'on découvre son talent de couturier. Commence alors l'aventure qui le mènera dans les maisons de haute couture les plus prestigieuses. Mais sa première machine, il ne l'a jamais oubliée. Une histoire incroyable, marquée par l’exil, la pauvreté, la solitude mais aussi par la ténacité dont il a fait preuve et la rencontre de plusieurs personnes qui ont su l’aider au bon moment. 

Grande fan de Sorj Chalandon, Chantal nous parle de son dernier livre, Le livre de Kells. Pour son douzième roman, l’auteur a puisé dans son expérience personnelle pour raconter un épisode de sa vie. Kells, c’est le nom d’un personnage tiré d’un récit celtique du IXᵉ siècle, nom qu’il adopte à 17 ans. Après avoir quitté le lycée, Lyon et sa famille, il arrive à Paris où il va connaître, durant presque un an, la misère, la rue, le froid, la faim. Un livre extrêmement émouvant dont Chantal nous lit un extrait pour nous en faire goûter l’écriture. Dans ce roman d’apprentissage, il raconte ses débuts à Paris, dans la rue, ses engagements politiques et ses rencontres fondatrices. Un récit sincère et bouleversant sur la colère, la liberté et la fin des illusions. La suite, on la connaît à peu près : un peu par hasard, et grâce à un dessin de presse, Sorj Chalandon réussira à entrer par la petite porte au journal Libération, amorçant le début d’une grande carrière de journaliste. Edith qui l’a lu également avait du mal à ouvrir le livre le soir, sachant que ça n’allait pas être une lecture facile. 

Nous terminons avec Gérard qui aime bien les polars, et en particulier Bernard Minier, dont le roman Un œil dans la nuit lui a beaucoup plu. Un réalisateur culte de films d’horreur, vit retiré du monde au fond de ses montagnes…Misanthrope, arrogant, fou, et pourtant son nom fait se pâmer tous les étudiants en cinéma. Enfin une série de meurtres abominables qui pourrait bien trouver son origine dans un film maudit… Martin Servaz, enquêteur récurrent, va être confronté à la plus grande énigme de sa carrière ! Un polar haletant qui va vous faire frissonner. Dans un tout autre genre, Gérard est allé dénicher une pépite au rayon jeunesse de la Médiathèque, L’enfant, la taupe, le renard et le cheval, de Charlie Mackesy, nous plonge dans une histoire d’amitié entre un enfant, une taupe gourmande et pleine de vie, un renard que les épreuves ont rendu méfiant et un cheval sage et serein. Tous les quatre explorent le vaste monde. Ils se posent des questions. Ils traversent des tempêtes. Ils apprennent à s’aimer. Ça rappelle un peu Le petit prince, il y a beaucoup de leçons à tirer de ce très beau livre, qui peut redonner confiance aux enfants. Gérard l’a déjà lu deux fois, pour lui c’est un bijou ! 

Bernadette

Le prochain Café littéraire aura lieu le Mardi 6 janvier à 19h à la Louisiane

lundi 27 octobre 2025

Café littéraire # 74

Après l’Assemblée générale, nous étions encore une dizaine pour partager nos lectures.

Isabelle
a apporté deux livres, le premier La collision est un roman de Paul Gasner. En 2012, en plein centre-ville de Lyon, une femme décède brutalement, percutée par un jeune garçon en moto cross qui fait du rodéo urbain à 80 km/h. Dix ans plus tard, son fils, qui n'a cessé d'être hanté par le drame, est devenu journaliste. Il observe la façon dont ce genre de catastrophe est utilisé quotidiennement pour fracturer la société et dresser une partie de l'opinion contre l'autre. Il décide de se replonger dans la complexité de cet accident, et de se lancer sur les traces du motard pour comprendre d'où il vient, quel a été son parcours et comment un tel événement a été rendu possible. Un récit magistral sur les chemins du deuil et de la résilience. Quelques mots pour nous parler d’un livre de Katherine Pancol, paru en 1995, intitulé Vu de l’extérieur. Après une enfance difficile sous l’emprise d’un cousin, Doudou est en pleine crise existentielle. On vit de l'intérieur cette errance sentimentale, cette pagaille affective qui habite cette anti-héroïne. Elle est paumée, elle ne sait pas où elle va, ni qui elle aime vraiment. Résultat, elle occasionne pas mal de dégâts autour d'elle. Un roman qui sent le vécu, raconté de façon très étonnante. 

Danielle a oublié le sac avec ses livres, donc ce sera très bref. 

Françoise, exceptionnellement, n’a rien apporté non plus, car elle a passé beaucoup de temps à préparer ses ateliers d’écriture au détriment de la lecture. 

Gilles, que nous retrouvons avec bonheur après deux ans et demi de convalescence, est très heureux de se retrouver parmi nous. Il a pu se remettre à la lecture papier et nous présente plusieurs livres. Sur cette terre il y a ce qui mérite vie, un livre qui rassemble dix-sept contributions d’écrivains français, palestiniens ou franco-palestiniens. Pour donner voix aux victimes et ne pas garder le silence alors que Gaza meurt de faim. Pour exprimer l’indignation collective face au sort réservé au peuple palestinien. Pour affirmer, après Mahmoud Darwich, que « sur cette terre, il y a ce qui mérite vie. On l’appelait Palestine. On l’appelle désormais Palestine ». Gilles, en nous parlant de ce livre, souhaite mettre sa pierre à l’édifice pour sauver ce qui peut encore l’être là-bas, car tous les droits d’auteur sont reversés à Médecins du monde. Il souhaite ensuite nous lire un conte, Le paysan chinois et son cheval blanc, un conte zen de Lao Tseu qui appelle à la tempérance, à garder ses émotions sous contrôle, et surtout à se rappeler que nous n’avons pas de boule de cristal pour prédire l’avenir.  Gilles, qui a du temps à rattraper, va nous parler maintenant d’un auteur, Jan-Philipp Sendker, un écrivain né en Allemagne, et de son livre L’art d’écouter les battements du cœur, suivi d’un second Un cœur bien accordé, deux ouvrages pas du tout poétiques, mais très matériels. En 1995, perdue, dépaysée, Julia débarque de New York dans un village de Birmanie. Elle recherche son père, riche avocat d’origine birmane qui a brutalement disparu, et rencontre dans une maison de thé un vieux sage qui l’a connu. C’est très bien écrit, ça touche au plus profond, il dégage une humanité vibrante et une belle leçon de vie. La morale de toutes ces lectures, on ne sait pas de quoi demain sera fait, et Gilles est bien placé pour le savoir. Un grand bonheur pour lui de lire cet auteur ! 

Chantal a lu Clamser à Tataouine, premier roman de Raphaël Quenard, un merveilleux comédien devenu écrivain. Dans un mélange savoureux de drame, de comédie et de cynisme, il suit la vie macabre d’un psychopathe en quête de vengeance contre la société, qui va de crime en crime. Le langage peut être tour à tour très châtié ou très fleuri. Le narrateur est un loser en bout de course qui n’a plus goût à rien. Il n’est pas loin d’en finir lorsqu’il décide finalement de faire payer à la société les raisons de sa mise à l’écart. Il va tout simplement tuer une figure qui représente pour lui une classe sociale donnée. Chantal nous recommande chaudement de voir les films dans lesquels a joué le comédien, en particulier « Chien de la casse ». Elle tient à remercier Jeanine qui nous a souvent parlé de Caryl Ferey, et elle a donc découvert cet auteur à travers son livre Mapuche. L’écrivain y raconte l’histoire de Jana, une mapuche, et de Rubén un détective privé, rescapé de la dictature Argentine, qui enquête sur les disparus du régime de Videla entre 1976 et 1983. L’auteur dépeint les nombreuses arrestations, enlèvements, tortures et assassinats (organisés) des opposants politiques. Il expose le combat des « Grands-mères de la place de Mai ». Ces femmes protestent depuis 40 ans pour retrouver et rendre aux familles les enfants qui leur ont été volés lors de la dictature militaire. Parfois Chantal, qui pourtant affirme pouvoir tout lire, a dû s’interrompre, tellement c’est bouleversant. C’est très documenté et très intéressant.

Christine, fait rarissime, n’a pas de livres à nous présenter. 

Nous passons donc à Jeanine qui s’est lancée dans la saga Les sept sœurs, elle en est au troisième, mais nous en a déjà parlé la dernière fois. Elle a donc puisé dans sa bibliothèque deux livres sur les chats. Sa petite minette s’est fait écraser devant chez elle il y a quelques jours, c’est donc une façon de lui rendre hommage. L’art d’être chat : 24 très riches heures de ma vie. Intellectuel raffiné et conseiller éditorial chez Officina Libraria, le chat Padamu a accepté de dévoiler l'ordinaire de l'une de ses journées, exemplaire... Il s'est laissé portraituré sur le vif, heure par heure, et saisir par le crayon mordant de Jack Tow. Des dessins magnifiques avec juste quelques mots en légende, par exemple « L'empreinte de mes pattes sur ton dessin... Il faut savoir apprécier mon art ». Au-revoir les chats de Hiro Arikawa nous embarque, au fil de sept contes drolatiques et touchants sur les chats, dans un nouveau périple pittoresque et émouvant à travers le Japon. C’est magnifiquement écrit, et Jeanine a adoré la couverture.

Quant à Martine, elle préfère lire des choses plus légère dans le contexte actuel. Elle a donc lu Jules, dont Fabienne nous avait parlé la dernière fois, et a passé un bon moment. Elle a lu également lu l’avant-dernier livre de David Foenkinos, La vie heureuse, dont Armelle nous avait parlé en avril 2024. Un roman dans lequel l’auteur explore la mise en scène de sa propre mort comme promesse de se réinventer, une histoire singulière entre la France et la Corée, un roman réjouissant qui fait écho à nos questionnements contemporains. « Jamais aucune époque n'a autant été marquée par le désir de changer de vie. Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre.» Ça peut paraître assez convenu, mais on se laisse porter par ce roman qui fait du bien. 

Cédric a apporté un livre lu il y a quelques mois, qui aborde un sujet délicat, Le consentement de Vanessa Springora. Il y est question d’un célèbre romancier, qui a sévi auprès de petites filles, et qui n’est toujours pas jugé. L’auteur analyse dans ce livre ce qui a pu faire d’elle une proie : son besoin éperdu d’amour venant d’une figure paternelle, la permissivité des années 1970 et 1980 eu égard aux relations avec des mineurs, son admiration et celle de sa mère pour le monde des livres et pour leurs auteurs. Cédric est particulièrement sensible à ce sujet, puisqu’il s’occupe de jeunes en difficulté, et il trouve que les parents ne sont pas assez vigilants. Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l’ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d’une époque, et la complaisance d’un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

Fabienne a continué à lire Didier Van Cauwelaert et plus particulièrement L’enfant qui sauva la terre. Thomas, un jeune garçon atteint d’une maladie incurable, se prépare à affronter l’inéluctable, quand il se voit proposer un choix inattendu par un clown d’hôpital. En rejoignant un groupe d’enfants confrontés au même sort, il pourra peut-être prolonger sa vie, à condition d’aider à sauver la planète. Ce pari fou va bouleverser la vie de Thomas. Il va découvrir un monde qu’il ignorait, prendre conscience des fléaux qui menacent notre planète et développer des capacités insoupçonnées en exerçant sa pensée. Au fil de son aventure, il va comprendre que son sort est lié à celui de la planète. En luttant pour sauver la Terre, il lutte aussi pour sa propre survie, un récit à la fois émouvant et porteur d’espoir. Ça aborde plusieurs sujets, l’influence du mental sur le corps, les problèmes de la Terre, c’est bien écrit, Fabienne ne nous en dira pas plus, à nous de le lire…

Enfin je termine cette soirée avec un livre que j’ai acheté et lu avant d’aller aux « Livres dans la boucle ». J’ai donc pu en discuter avec l’auteur Thibault Daelman dont c’est le premier roman. L’entroubli, récit totalement autobiographique, raconte son enfance parisienne confrontée à la précarité, la solitude et la honte, entre une mère dévouée, parfois dépassée et excessive, un père alcoolique et inexistant, et une fratrie de cinq frères. Un récit personnel dans lequel on sent tout le poids social et le désir de s’en émanciper par l’écriture. L’Entroubli raconte une vie d’enfant, depuis ses premières années à sa majorité : la découverte de l’amitié et de la littérature qui sauve de l’oubli, du désastre. Un roman poignant, dont l’auteur a fait une lecture de mémoire durant cinquante minutes, une vraie performance ! Un écrivain dont on reparlera…

Le prochain Café littéraire aura lieu le Mercredi 26 novembre à 19h.

lundi 29 septembre 2025

Café littéraire # 73

Nous étions une dizaine pour cette rentrée littéraire encore riche en échanges. 

Armelle
a souhaité prendre la parole la première pour nous parler du livre Connemara de Nicolas Mathieu dont l’adaptation cinématographique sort en ce moment. Paru en 2022, l’auteur parle toujours un peu des mêmes sujets, la désindustrialisation, l’adolescence, les différences de classes sociales. Une belle histoire d’amour, mais qui n’est pas simple… Issue d'un milieu modeste, Hélène a quitté depuis longtemps les Vosges. Aujourd'hui, elle a la quarantaine. Un burn-out brutal l’oblige a quitter Paris, revenir là où elle a grandi, entre Nancy et Epinal. Elle s'installe avec sa famille, retrouve un bon travail, la qualité de vie en somme… Un soir, sur le parking d’un restaurant franchisé, elle aperçoit un visage connu, Christophe Marchal, le bel Hockeyeur des années lycées. Christophe, ce lointain objet de désir, une liaison qu'Hélène n'avait pas anticipé... Dans leurs étreintes, ce sont deux France, deux mondes désormais étrangers qui rêvent de s’aimer. Cette idylle sera-t-elle possible ? Beaucoup de sujets sont abordés dans ce roman, Nicolas Mathieu a le don de se couler dans la tête de ses personnages, et de rendre compte de leurs mondes avec une extrême justesse.

Andrée-Claude accompagne Armelle, mais n’a pas apporté de livre. 

C’est donc Thérèse et sa liseuse qui prennent le relais, pour nous présenter Les ombres du monde, le dernier livre de Michel Bussi, sélectionné pour le Renaudot. Elle ne lisait plus cet auteur, car elle trouvait que ses livres perdaient de l’intérêt au fil du temps, mais celui-ci est vraiment différent, puisqu’il nous entraîne au Rwanda au moment du génocide. Octobre 1990, le capitaine français Jorik Arteta, en mission au Rwanda, rencontre Espérance, jeune professeure engagée dans la transition démocratique de son pays. 6 avril 1994, un éclair déchire le ciel de Kigali. Le Falcon du président rwandais explose en plein vol. Commencent alors cent jours de terreur et de sang. Les auteurs des tirs de missiles ne seront jamais identifiés. Quelqu'un, pourtant, connaît la vérité. Noël 2024. Jorik, sa fille et sa petite-fille s'envolent pour le Rwanda. Tous poursuivent leur propre quête, tourmentée par les fantômes du passé. Un livre très bien documenté, dans lequel Thérèse a appris beaucoup sur un sujet qu’elle connaissait mal. Dans le même esprit, elle a beaucoup aimé le livre d’Olivier Norek, Les guerriers de l’hiver, qui parle du conflit Finlande-Russie pendant la deuxième guerre mondiale.

Fabienne a apprécié Jules de Didier Van Cauwelaert, un livre de 2015 plus léger que ce qui vient d’être présenté. Entre une miraculée de la chirurgie et un vendeur de macarons, une histoire de renaissance mutuelle et de passion volcanique orchestrée, avec l’énergie du désespoir, par le plus roublard des chiens d’aveugle. Un livre plein de rebondissements et de mésaventures, qui fait rire même s’ils ont la poisse. C’est facile à lire et distrayant, même si ça aborde quelques graves sujets de société. Un livre qui rend heureux ! 

Parmi tous les livres que j’ai lu cette été, j’ai eu du mal à en choisir deux, mais mon choix s’est porté sur un livre de Lorelou Desjardins que j’avais repéré sur internet et que j’ai commandé. Au coin du fjord raconte les aventures d’une Française en Norvège, et la première année de sa vie là-bas, où il a fallu s’adapter au climat et à la façon de vivre des Norvégiens. Ce livre est une célébration de l'adaptabilité et de la résilience personnelle face aux défis de l'intégration dans une nouvelle culture. Pour moi qui ne connais pas les pays du nord, ça m’a donné envie de faire ma valise. Puisque nous avons commencé dans le froid, continuons avec Sukkwan Island de David Vann. Nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer cet auteur avec Aquarium, qui était déjà un livre assez dur, mais là il faut vraiment s’accrocher. Le talent de l’auteur est tel que malgré la noirceur de ce livre, je ne l’ai pas lâché. Pour résumer, une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant, jusqu’au drame… Un environnement que l’auteur connaît bien, puisqu’il est né en Alaska. Un film doit sortir en février, je ne sais pas si j'aurai le courage d'aller le voir… 

Françoise qui nous a déjà parlé de Delphine Horvilleur, écrivaine et femme rabbin française, a lu Euh… comment parler de la mort aux enfants. L'auteure parle surtout de ses expériences personnelles, mais ne donne pas de recette, chacun se débrouille comme il peut. C’est bien écrit, il y a des références, mais Vivre avec nos morts était beaucoup plus construit. Dans une boîte à livres construite par « La lueur des contes », Françoise a trouvé le Guide des égarés de Jean d’Ormesson. Elle connaissait déjà le Guide des égarés écrit par Moïse Maïmonide au XIIe siècle, et elle voulait savoir si c’était un plagiat. C’est bien écrit, ce sont des micro chapitres sur tout ce qui concerne la vie d’un Homme. C’est à la question : "Qu’est-ce que je fais là ?" que s’efforce de répondre ce manuel de poche. Françoise a choisi cinq mots pour le résumer : Notre monde - son mode d’emploi - nos questions - philosophie - bon sens. Poursuivons avec Un si grand désir de silence d’Anne Le Maître, un livre avec beaucoup de références religieuses, une véritable apologie du silence pour prendre du recul face à une société saturée de sons et d'images. L'auteure mêle références littéraires et anecdotes personnelles pour proposer des pistes de réflexion sur le mouvement du monde. Un joli livre qui invite à la méditation, à la sérénité et à l'estime de soi, même s’il y a pas mal de redondances. 

Martine a apporté un livre de Jeanne Benameur, auteur souvent évoquée ici, il s’agit de son dernier roman, Vivre tout bas. Parmi toutes ses lectures d’été, elle a lu celui-ci, offert par une amie très chère, et elle a été un peu désorientée car elle ne s’attendait pas à ça. C’est un livre « sacrément culotté », dixit Martine, car il parle de la vie de Marie, après la mort de son fils. Dans la petite ville normande de Valognes (Manche), une église abrite un haut-relief du XVe siècle qui représente une étonnante nativité : une vierge allongée est en train de lire, tandis que, juste au-dessus d’elle, l’âne et le bœuf veillent sur l’enfant Jésus. Cette Marie, captivée par sa lecture n’a pas échappé à l’œil de la romancière Jeanne Benameur, en visite dans le coin il y a quelques années. L’autrice a relu les Évangiles et a été contrariée par le peu de place accordé à Marie, elle a décidé d’y remédier. Martine n’était pas vraiment pressée de s’y plonger, et pourtant ce fut une bonne surprise. C’est très poétique, Marie n’est jamais nommée, elle désacralise l’image de cette sainte pour en faire juste une femme qui se découvre, qui découvre la liberté. Un livre merveilleux qui a énormément ému Martine. 

Christine, une fois n’est pas coutume, va nous parler d’une BD intitulée Gaza de Mazen Kerjab. Le 7 octobre 2023, le Hamas a forcé le blocus imposé à Gaza depuis 2007 par Israël et lancé une attaque sur le territoire israélien dont le bilan sera de 1 205 morts et de 251 otages. En représailles, l’armée israélienne a envahi la bande de Gaza. Les Gazaouis ont été bombardés, assiégés, déplacés, privés de nourriture, d’eau, de soins médicaux. Entre le 9 octobre 2023 et le 1er octobre 2024, Mazen Kerbaj, artiste libanais installé à Berlin, a traduit quotidiennement, en dessins saisissants, ce qu’il recevait depuis Gaza sur son téléphone et via les réseaux sociaux. Un ouvrage très dur, mais qui reflète hélas la réalité, Christine, tout comme Martine précédemment, a des sanglots dans la voix en nous parlant de ce livre. Elle poursuit avec un sujet plus léger, mais fort intéressant, Éloquence de la sardine de Bill François. Spécialiste des animaux marins, l‘auteur nous entraîne avec simplicité et humour à la rencontre des baleines musiciennes, donne la parole à la sardine et au thon rouge, nous fait entendre la voix de l’hippocampe et le chant des coquilles Saint-Jacques. À la lumière des méduses fluorescentes aux couleurs invisibles, ce livre est une plongée dans les profondeurs de la Science et de l’Histoire, où les légendes sont souvent plus crédibles que l’incroyable réalité. Mythes, anecdotes et découvertes scientifiques nagent de concert dans ce récit, immersion onirique pour s’émerveiller et respecter cet univers insoupçonné. Christine a apprécié l’écriture et appris beaucoup de choses sur les animaux marins. Passionnant !

Nous terminons avec Jeannine qui s’est lancée dans la saga « Les 7 sœurs » que nous avons déjà évoquée plusieurs fois. Elle a trouvé le premier intéressant, ça se passe au BrésiL Elle vient de commencer le deuxième, mais elle trouve que l’écriture laisse vraiment à désirer et c’est gênant… donc elle préfère nous parler de Panorama de Lilia Hassaine, un roman policier dystopique où la France fonctionne sous un système démocratique d'un tout nouveau genre. L’action se déroule en 2049-2050, dans une ville française morcelée, où une famille a disparu. Y vivent séparément les riches, les pauvres, les marginaux, les retraités, les oisifs, les exclus. Différentes catégories sociales séparées par une zone tampon où demeure Hélène, enquêtrice et narratrice de l’histoire. La romancière mêle habilement enquête policière et critique sociale, exposant les dérives d’un monde obsédé par la surveillance et l’apparente perfection, dans une France ultra-transparente où chacun vit sous verre. C’est très bien écrit, extrêmement dérangeant et ça donne à réfléchir… 

Bernadette

                                                L’Assemblée générale aura lieu

                                  le Mardi 14 octobre 2025 à 19h à la Louisiane 

                                                      suivie du Café littéraire

mercredi 16 juillet 2025

Café littéraire # 72

Petit effectif pour ce 72ème et dernier Café littéraire de la saison reporté en raison de la chaleur. 

Jeanine
récupère les petites fiches qui ont été rédigées et qui sont très appréciées à la bibliothèque. N’oubliez pas de les remplir lorsque vous avez des coups de cœur. 

Pour une fois, j’ouvre la séance avec plusieurs livres dont certains ont déjà été présentés, je ne m’y attarderai donc pas. Ainsi, j’ai lu Nymphéas noirs de Michel Bussi, présenté il y a plusieurs années par Christine, et que j’avais gardé dans un coin de ma tête, je ne suis pas très portée sur les polars, mais quand on y parle de Giverny et de Claude Monet, je suis partante. Autre coup de cœur avec Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel qui avait également été présenté il y a quelque temps, me semble-t-il. Un premier roman bouleversant, d’une auteur suisse, sur les violences intra familiales. Je m’en suis remise avec la lecture d’un livre plus feel good, L’écriture est une île de Lorraine Fouchet, présenté la dernière fois par Armelle. J’ai beaucoup aimé ! Maintenant, un livre jamais présenté, mais très particulier, Ordures ! Journal d’un vidangeur de Simon Paré-Poupart. Une sorte d’essai sur le métier de rippeur et sur la société de consommation qui produit toujours plus de déchets. L’auteur est canadien, ce qui ne facilite pas la lecture, avec des mots inconnus. Il a fait des études, mais continue d’exercer à temps partiel ce métier qu’il aime tant, vidangeur au Québec. C’est très vite lu, étonnant, mais néanmoins intéressant. 

Fabienne a apporté Célestine du Bac de Tatiana de Rosnay, une histoire d’amitié entre Martin Dujeu, 18 ans, mal dans sa peau depuis la mort de sa mère, incompris de son père, et Célestine, qui vit dans la rue depuis des années et raconte sa vie dans son journal intime. Tout les oppose, mais leur rencontre va être le début d'une amitié assez spéciale, une aventure qui nous mène de la grisaille de Paris au soleil de l’Atlas sur les traces familiales, une fable pleine de sensibilité qui met du baume au cœur. Une histoire qui nous invite à nous pencher sur notre propre parcours et à rechercher l’essentiel de nos vies. Un très bon livre que Fabienne nous recommande ! Encore une lecture intéressante avec Le pacte de Jodi Picoult, Christopher et Emily deux ados de 17 ans sont retrouvés dans la voiture de Christopher. Emily est morte d’une balle dans la tête et Christopher est blessé. Qu'a-t-il bien pu se passer entre ces deux ados qui ont grandi ensemble depuis leur naissance, qui ont été élevés comme frère et sœur ? À travers l'histoire d'un drame en apparence classique se dessine une étude pleine de finesse sur deux questions éternelles : l'incommunicabilité entre parents et adolescents est-elle inéluctable ? Peut-on vraiment tuer par amour ? Une lecture pleine de suspense. 

Martine a lu également des romans qui avaient été présentés et qui la tentaient, en particulier le roman coréen que Jeanine lui a prêté. même si elle a eu du mal à entrer dedans, il lui a beaucoup plu. Elle a commencé la trilogie de Pierre Lemaître, Les années glorieuses, et elle prend beaucoup de plaisir à le lire. Parmi toutes ces lectures, elle a découvert par hasard Benoît Philippon et son livre Papi Mariole. C’est une histoire loufoque, servie par un langage truculent. On y suit un tueur à gages amnésique, échappé de son Ehpad, dans une aventure rocambolesque aux côtés de Mathilde, une jeune femme en quête de vengeance. Les personnages, finement ciselés et attachants, naviguent dans un récit où se mêlent émotion et critique sociale. La fin est surprenante ! Martine est allée à la librairie, et a acheté Mamie Luger du même auteur. Un roman plus profond qu'il n'en a l'air et qui malgré ses dialogues verts et loufoques parle d’une condition féminine beaucoup moins rose. 

Jeanine est revenue à la lecture de l’un de ses auteurs préférés, Caryl Ferrey. Le livre Okavango se passe dans le milieu des réserves africaines, où l’on se promène avec les gardes, au milieu des animaux sauvages, et ceci jusqu’à la découverte du corps d’un jeune homme, suivie d’empoisonnements de bêtes sauvages et de massacres. Le roman, très documenté, est construit comme une enquête, où l’auteur met en lumière  l’importance du trafic d’animaux sauvages, 4ème commerce illégal au monde. Ivoire, cornes, peau, dents, griffes, tout se vend sur les marchés parallèles. Un roman porté par la colère de l’auteur devant ce scandale écologique. Magnifique et bouleversant ! 

Chantal nous présente deux livres qui ont un point commun, à savoir l’Allemagne. Le premier, très dur, s’intitule La pouponnière d’Himmler, écrit par Caroline de Mulder. En août 1944, la jeune Renée arrive de sa Normandie natale dans une immense maison entourée d’un jardin magnifique, située en Bavière. Cet endroit, Heim Hochland, est une de ces maternités modèles du régime nazi, voulus par Himmler pour y faire naître des bébés de race pure. Le roman s'intéresse au programme « Lebensborn » instauré par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu’ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l’organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l’abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu’à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ? Un roman à lire pour ne pas oublier ! Le second de Bernard Schlink, La petite-fille, raconte les trajectoires de vies des personnages au sein des deux Allemagnes avant leur réunification en 1990, la vie intellectuelle et libérale à l'Ouest, et la vie sous emprise collectiviste et nationaliste à l'Est. Kaspar a aimé Birgit toute sa vie, malgré ses fuites, malgré l’alcool. Lorsqu’elle meurt accidentellement, il découvre qu’elle a écrit son histoire, sa rencontre avec lui, sa fuite de la RDA et surtout, surtout qu’elle a abandonné sa fille pour le suivre. Le vieux libraire part à sa recherche dans l’ex-Allemagne de l’est et cet intellectuel, féru de culture, de musique et de littérature, la retrouve dans une communauté néo-nazie. C'est surtout à Sigrun sa « petite-fille » de cœur que Kaspar va s'intéresser. Une intrigue romanesque captivante liée à une réflexion historique profonde. 

C’est avec plaisir que nous avons retrouvé Denis F., qui fut un temps notre président, mais que peu ici ont connu, car nous ne l’avions pas revu depuis des années. C’est un adepte de poésie, et il nous a apporté deux ouvrages. Chiaroscuro de Deborah Heissler, est un recueil nimbé d’onirisme et d’inconscient. La voix douce de Deborah Heissler nous y parle en deux mouvements : Camera et Oscura. La technique du chiaroscuro appelle une attention accrue pour le détail, à la fois chez le poète et le lecteur. On est donc sensible à la gradation et aux transformations toutes en nuances qui s’opèrent d’un poème à l’autre. Le livre est illustré par de jolies gravures d’André Jolivet. Denis nous en lit quelques extraits, avant de nous présenter un autre recueil, Femmes poètes du monde arabe, une anthologie de Maram al-Masri, qui rend bien sûr hommage, dans sa préface, aux femmes qui ont joué un rôle précurseur, comme l'Irakienne Nazik al-Malaïka ou la Palestinienne Fadwa Touqan aujourd'hui disparues. Mais son objectif est de faire découvrir ici les nouvelles voix de la poésie des femme, on sera parfois étonné par le respect de la tradition poétique arabe et parfois par la modernité des textes, mais ce qui unit ces femmes, c’est leur liberté d’expression, une liberté gagnée dans un monde difficile. Merci pour cette présentation, car finalement on parle rarement de poésie. 

C’est au tour de Françoise qui a lu le dernier livre de Céline Durupthy, une ancienne adhérente de notre association. C’est son cinquième roman, et celui-ci aborde le thème de la famille. Dans Déracinés, ça commence par un meurtre, et l’on découvre un à un les membres de cette famille quand le grand oncle est retrouvé noyé. On suit la nièce qui est gendarme et qui doit annoncer la nouvelle et puis l’inspecteur venu d’ailleurs chargé de l’enquête. C’est une belle balade en Savoie pleine de suspense, de rebondissements même, une plongée dans ses racines, mais pas un roman policier. Et le dénouement est totalement inattendu ! Un roman bien construit qui a plu à Françoise. Sinon, elle a commencé un autre livre du poète et romancier martiniquais Edouard Glissant qu’elle n’avait jamais lu. Au bout d'une  quinzaine de pages, elle a encore du mal à entrer dans l'histoire, une écriture poétique qu’elle ne comprend pas... 

Nous terminons avec Edith, qui n’apprécie pas Guillaume Gallienne, et qui pourtant a lu Le buveur de brume, un livre écrit dans le cadre de « Ma nuit au musée » . Il a choisi d’aller au Musée National de Tbilissi, là où se trouve le portrait de son arrière-grand-mère, une princesse du nom de Mélita Cholokachvili. Il l’a très peu connue, mais en a beaucoup entendu parler. C’est à la fois un résumé de l’histoire de la Géorgie, un hommage à sa famille et surtout une ode à la création, de la littérature à la peinture, en particulier les peintres ambulants russes. Guillaume Gallienne se livre avec beaucoup de confiance, communiquant par exemple, sur ses rêveries d’enfant pour se bâtir un monde plus doux ainsi que sur son métier, si salvateur pour lui. Cet écrit est une confession intime qu’il transmet avec simplicité à l’adresse de son fils, Tado. C’est plutôt pas mal, mais Edith s’est un peu perdue dans l’histoire de cette famille aux noms compliqués. Elle est contente de l’avoir lu, en faisant abstraction de l’auteur. Passons à Philippe Claudel, et son dernier roman Wanted, qu’elle a lu en deux soirées. Il imagine qu’Elon Musk, le géant de la tech, offre 1 milliard de dollars à qui assassinera Vladimir Poutine. En mettant en scène des Musk, Poutine et Trump plus vrais que nature, Philippe Claudel signe une fable politique ubuesque, angoissante et drolatique qui met à nu les hommes les plus puissants du monde, avec leur langage grossier. On a surtout le plaisir de rire des absurdités de ces personnages qui veulent nous gouverner. Ça se lit presque trop vite, c’est dommage ! 

Bonnes vacances à tous 

Bernadette 

Nous vous donnons rendez-vous le Mardi 16 septembre à 19h à la Louisiane

vendredi 9 mai 2025

Café littéraire # 71

Encore une petite douzaine de lectrices et un lecteur pour ce 71ème Café littéraire.  Avant de commencer, Jeanine tient à nous dire qu’elle est passée à la bibliothèque, où des livres ont été achetés suite à la remise de nos petites fiches « coup de cœur ». A peine le temps de les préparer qu’ils étaient empruntés par des lecteurs curieux, notre travail est donc loin d’être inutile. 

Armelle
, qui n’a pas beaucoup lu ces derniers temps, a néanmoins apporté un livre qu’elle n’a pas encore fini, mais qui lui plaît beaucoup. L’écriture est une île de Lorraine Fouchet, ancienne médecin urgentiste, autrice de nombreux romans, qui met en scène un atelier d’écriture. Alix est romancière, pour son métier, elle a renoncé au reste. Un jour, elle accepte de partager sa passion lors d’un atelier d’écriture sur l’île de Groix. Elle découvre six participants réunis autour des mots qui les bouleversent, les habitent, les hantent ou les émeuvent. Six participants de 20 à 86 ans qui vont vivre une aventure pleine de surprises et apprendre qu’écrire, c’est aussi écouter. Armelle a pensé à nos propres ateliers d’écriture animés par Françoise, chacun se dévoile et c’est à la fois drôle, émouvant, porté par une écriture agréable et facile à lire. Un roman qui fait du bien… 

Andrée-Claude, qui habite Baume-les-Dames, est venue avec Armelle pour la première fois. Elle n’a pas apporté de livre, mais a pris quelques notes. Elle souhaite nous parler d’une BD, ou plutôt d’un roman graphique, d’Art Spiegelman intitulé Maus. Ce récit autobiographique alterne deux époques : les années 1980, les années pendant lesquelles il écrit son livre et les années 1930-1940 avec les témoignages  bouleversants du passé de sa famille et la vie personnelle de Vladek, son père. Ayant une grande difficulté à communiquer avec lui, Art Spiegelman entreprend l’écriture de sa vie. Vladek, juif polonais, déporté à Auschwitz en 1944 avec sa femme, après une vie périlleuse de 1940 à 1944 va de cachette en cachette pendant l’occupation allemande de la Pologne. Art questionne donc son père sur les conditions de vie de l’avant-guerre, du ghetto et du camp de concentration. L’originalité du livre est d’avoir représenté les déportés sous forme de souris et les nazis sous forme de chat. André-Claude, qui s’intéresse beaucoup à cette période de l’histoire, et qui a beaucoup lu sur le sujet, a encore appris de ce livre. 

Christine a lu un conte moderne, L’enfant qui sauva la terre de Didier van Cauwelaert. L’année de ses douze ans, Thomas se prépare à mourir d’une maladie orpheline, lorsqu’une clown d’hôpital lui propose un marché : rejoindre un groupe d’enfants incurables qui soignent la Terre à distance. « Plus tu te battras pour préserver la vie de la planète, plus tu rendras ta guérison nécessaire ». Mythomane, créature surnaturelle ou simple bénévole prête à tous les stratagèmes, qui est cette inconnue décidée à transformer un petit condamné en sauveur ? Réussira-t-elle le pari fou de donner à un gamin perdu une raison de survivre ? C’est étonnant, distrayant et agréable, Christine n’en dira pas plus. Elle préfère nous parler d’une romancière locale, Bérénice Vessot, auteure indépendante et coach littéraire. Son troisième roman, Tu n’es pas seule, nous parle d’une brillante étudiante en médecine, qui fréquente un petit voyou trafiquant de drogue, et elle doit, elle aussi, jongler avec l'illégalité pour vivre un minimum, sauf que tout ne se passe pas comme prévu. On comprend peu à peu son histoire et une vie qu’elle n’a pas choisi. Va-t-elle s'en sortir et enfin vivre loin de l'illégalité ? Il faut vraiment attendre la fin pour rassembler toutes les pièces du puzzle. Une bonne surprise avec ce roman qui tient en haleine ! 

Dans un premier temps, Isabelle nous présente Le silence de mon père de Doan Bui, une histoire vraie racontée par cette journaliste française d’origine vietnamienne, qui a reçu le prix Albert Londres en 2013. C'est l'histoire d'un père enfermé dans le silence suite à un AVC et de sa fille qui part à la recherche de l'homme qu'il fut. C'est une enquête intime menée comme un polar, un voyage dans les secrets de famille, les exils et la mémoire, de la banlieue du Mans aux ruelles de Hanoï. On est vraiment plongés dans la culture du Vietnam et c’est très prenant. Un récit, un roman-quête en forme de puzzle, drôle et nostalgique à la fois. Autre découverte d’Isabelle, Les conditions idéales de Moktar Amoudi, un premier roman qui a obtenu le Goncourt des détenus. Skander n'a pas eu la vie facile. Élevé dans un contexte précaire, sans père et avec une mère souvent absente, il a été confié à Khadija par l'ASE en région parisienne. Malgré ces obstacles, il est résolu à transformer son avenir, refusant de se laisser enfermer dans des clichés. À travers Skander, Mokhtar Amoudi plonge le lecteur au cœur des banlieues françaises, mettant en exergue les combats quotidiens de ces jeunes face au déterminisme social. Un roman d'apprentissage au charme irrésistible… 

Jeanine s’est plongée avec bonheur dans le dernier livre de Jacky Schwartzmann, intitulé Bastion. Fan de l’auteur, elle n’a pas été déçue, c’est truculent, un scénario d’enfer, dont elle ne devine jamais le dénouement. C’est très fin, avec des rebondissements, l'histoire de Jean-Marc Balsan, un ancien socialiste retraité, dont l'ami d'enfance, Bernard, se rapproche d'un groupuscule d'extrême droite violent nommé le Bastion. Inquiet de l'influence de ce groupe sur Bernard, la nouvelle compagne de celui-ci demande à Jean-Marc d'infiltrer le Bastion afin de le protéger. À travers le regard de cet anti-héros, le roman explore le milieu de l'ultradroite lyonnaise, de ses militants de base à ses figures intellectuelles, en passant par un policier chargé de leur surveillance. L’auteur ne juge pas, ne condamne pas, il explique, c’est irrévérencieux, mais pas moralisateur, très intéressant. Autre lecture, La petite bonne de Bérénice Pichat, écrit d’une façon surprenante, en effet dès les premières lignes, la construction aussi audacieuse que réussie, invite le lecteur à passer d'un personnage à l'autre en alternant les styles d'écriture. L'histoire suit une jeune domestique sans nom, au service de Blaise et Alexandrine Daniel. Blaise, pianiste brisé par la Première Guerre mondiale, est revenu mutilé, tant physiquement que moralement. Alexandrine, sa femme, s'est effacée pour devenir son infirmière dévouée, mettant sa propre vie entre parenthèses. Jeanine a trouvé ce livre magnifique, elle a été transportée, elle nous donne vraiment envie de le lire. 

Rosemay nous annonce du plus light avec Angélique de Guillaume Musso. Paris, Noël 2021, après un accident cardiaque, Mathias Taillefer se réveille dans une chambre d’hôpital. Une jeune fille inconnue se tient à son chevet. C’est Louise Collange, une étudiante venue jouer bénévolement du violoncelle aux patients. Lorsqu’elle apprend que Mathias est flic, elle lui demande de reprendre une affaire un peu particulière. D’abord réticent, Mathias accepte finalement de l’aider, les plongeant ainsi, tous les deux, dans un engrenage mortel. Ainsi commence une enquête hors du commun, dont le secret tient à la vie qu’on aurait voulu mener, l’amour qu’on aurait pu connaître, et la place qu’on espère encore trouver… Rosemay ne s’étendra pas plus sur ce livre, qui est un peu brouillon, elle est allée jusqu’au bout, mais est restée sur sa faim. Elle vient de commencer La symphonie des monstres de Marc Lévy, qui semble dans ses deux derniers livres, aborder des sujets plus sérieux. Il nous plonge dans la guerre que mène la Russie à l’Ukraine, en s’arrêtant plus particulièrement sur le cas des milliers d’enfants ukrainiens enlevés par les troupes russes et déportés en Russie. Un thriller qui nous immerge dans une actualité glaçante. 

Après avoir regardé la série Sambre, Catherine a souhaité lire le livre éponyme d’Alice Géraud. Durant trente ans, dans le nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin de long de la Sambre. Elles portent plainte. Mais elles ne sont pas toujours crues. Et pendant longtemps, personne ne fait le lien entre ces viols. En février 2018, "le violeur de la Sambre" est arrêté. C’est un monsieur tout le monde, père de famille et ouvrier apprécié de tous. Comment a-t-il pu commettre autant de crimes, aussi longtemps, sur un si petit territoire, sans jamais être inquiété ?  C’est par cette question que la journaliste Alice Géraud débute son enquête. Bien au-delà du fait divers, Sambre raconte la manière dont nos institutions et notre société ont traité les victimes de viols depuis les années 80 jusqu’à l’ère #MeToo. Ce livre change définitivement le regard. D’ailleurs Catherine nous conseille de regarder la série Flashback, qui est dans la même veine. Elle en profite pour nous signaler la venue de l’écrivain François Hegwein à la Médiathèque de Blamont le mercredi 4 juin, pour ceux qui sont intéressés. 

Après une petite pause café, Martine reprend avec Les morsures du silence de Johana Gustawsson, un roman noir écrit par une Française installée en Suède. Dès le début Martine s’est demandé si elle irait au bout, car ça débute par le suicide d’une enseignante devant sa classe, très dur ! Le cadavre d'un adolescent est retrouvé sur l'île de Lidingö, en face de Stockholm, vêtu d'un costume traditionnel de la Sainte-Lucie. Vingt-trois ans auparavant, une jeune fille avait été découverte assassinée au même endroit, dans le même accoutrement. Le petit ami de la victime avait alors été condamné. Le commissaire Aleksander Storm mène l'enquête. Finalement Martine s’est laissé embarquer dans ce roman dépaysant et très prenant. Bien qu’elle lise peu de BD, elle ne parvient pas à profiter à la fois du texte et des images, elle poursuit néanmoins avec une BD de JeanLouis Tripp, Le petit frère. Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l'insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence... 45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame. Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale... Un roman graphique et autobiographique extrêmement poignant ! 

A mon tour de présenter le dernier livre de Philippe Besson, Vous parler de mon fils, un livre aussi fort que le précédent sur le féminicide. L’auteur se saisit de sujets de société pour les traiter de façon très humaine. Anéanti par le suicide de son fils, Vincent remonte le temps et raconte. Il raconte les brimades et injures incessantes, la lâcheté de ceux qui ont laissé faire. Dans ce puissant réquisitoire contre la violence ordinaire, la bêtise et l’intolérance, Philippe Besson analyse les mécanismes insidieux du harcèlement, tout en interrogeant les failles de l’institution scolaire et l’impuissance des adultes face à l’un des pires fléaux de notre époque. Un roman court mais bouleversant, l'auteur a su mettre l’accent là au ça fait mal, lui qui a vécu le harcèlement dans son enfance est particulièrement sensible à ce problème. Pour me remettre de cette lecture difficile, j’ai enchaîné avec Villa Gloria de Serena Giuliano. Ce livre se passe dans les Pouilles, une région d’Italie que j’ai visité et que j’avais envie de retrouver. A Villa Gloria, une maison d’hôtes pas comme les autres, Iris et sa mère, qui a donné son nom à sa maison, veillent à ce que chaque client se sente comme chez lui. En cette semaine d'avril, les nouveaux venus promettent un cru d'exception. Gregorio est le roi des râleurs. Rien ne trouve grâce à ses yeux. Valentina et sa filleule, Bianca, ont l'air un peu cabossées - surtout la petite, légèrement obsessionnelle. Doria et Edoardo forment un couple très discret. A se demander ce qu'ils ont à cacher... Quant à Carla, allez savoir pourquoi, elle a fait vœu de silence. Mais Gloria, qui aime gentiment se mêler des affaires de ses hôtes, saura percer les mystères de chacun. Ils sont de passage, ne se connaissent pas, mais ont décidé par hasard de poser leurs valises une semaine dans le même lieu. A lire pour un bon moment de détente. 

Edith a apporté Trésor caché de Pascal Quignard, dont on a beaucoup entendu parler ces derniers temps. Elle l’avait apprécié à La grande librairie, mais elle trouve son écriture très bizarre. C’est très poétique, très sensible, mais il est capable dans une même phrase de changer de temps, de lieu, ou de narrateur, et c’est déstabilisant. Pour suivre, il faut parfois revenir en arrière. L’histoire est curieuse également, Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée. Finalement une belle lecture pour Edith. 

Cédric a un livre et demi à nous présenter, explications… Le premier, il l’avait acheté pour un jeune en famille d’accueil dont il s’occupe, mais ce dernier ne l’a pas emporté, donc pas lu. Fils de tueurs de Rachel Corenblit, un thriller psychologique haletant, peut-être compliqué pour un jeune lecteur débutant, c’est l’avis de l’assistance. Clément, 17 ans, est le fils d'Étienne Duval, un serial killer. Après dix ans sans contact, il accepte de rencontrer sa mère incarcérée, espérant découvrir la vérité sur son passé. En échange, elle lui révélera où sont cachés les corps des victimes de son père, mais Clément ne sait pas qui est vraiment sa mère : une victime de Duval, comme lui, ou une manipulatrice ? C’est très bien fait, l’auteur aborde des thèmes profonds tels que la violence, la manipulation et la recherche de vérité. Cédric poursuit avec un livre qu’il n’a pas pu terminer, Camille s’en va de Thomas Flahaut, l’histoire de militants défaits par la répression policière et le changement climatique, à qui il ne reste que l’amitié pour continuer d’espérer. Cédric s’est arrêté lors de l’évocation du Bataclan, il y a trop de métaphores dans ce roman, il n’a pas accroché. C’est rare qu’il ne termine pas une livre, mais... 

Bernadette 

Le prochain Café littéraire et dernier de la saison 

se déroulera le Mardi 1er juillet à 19h à la Louisiane.

dimanche 30 mars 2025

Café littéraire # 70

Pour ce 70ème Café littéraire, nous étions une douzaine de lecteurs et c’est avec plaisir que nous avons retrouvé Edith après une absence de plusieurs années. 

Justement c’est Edith qui va ouvrir la soirée en nous présentant deux livres. Le premier est un énorme coup de cœur, le plus beau livre qu’elle ait jamais lu, ce sont ses propres paroles pour définir Houris de Kamel Daoud, prix Goncourt 2024. L’auteur revient sur la décennie noire (1992-2002) en Algérie et conte l'histoire d'une jeune femme rescapée d'un massacre perpétré par les islamistes dans un hameau de montagne. Égorgée à 5 ans, Aube a survécu, mais elle est restée muette et une cicatrice, en forme de sourire tragique, barre sa gorge. En proie à une profonde colère, elle adresse un long monologue intérieur à l'enfant qu'elle attend, elle se demande pourquoi mettre au monde une fille dans un pays aussi violent pour les femmes. Un livre très émouvant, qui tire les larmes, et qui est merveilleusement bien écrit. Malheureusement, l’auteur a un procès sur le dos, car il aurait raconté l’histoire d’une femme sans son autorisation. Edith en a des frissons en nous en parlant. Le second livre, De nos blessures un royaume de Gaëlle Josse, écrivaine déjà évoquée ici, est un roman d’une infinie délicatesse, une plongée dans la douleur du deuil et dans l’exploration de soi. Le livre suit les pas d’une danseuse lancée sur les traces de son défunt compagnon. Agnès laisse sa troupe de danse pour entreprendre un long et lent voyage qui la mènera de Paris à Zagreb, en passant par l’Italie. Ce périple, qui tient aussi du pèlerinage, va la mener jusqu’à un musée improbable où elle vient déposer un livre. Un récit lumineux malgré la tristesse des propos entre nostalgie et espoir. 

Françoise a beaucoup travaillé pour les ateliers d’écriture, donc elle n’a pas eu le temps de lire. Elle a juste apporté une revue nommée « Eternel », consacrée à Aznavour et offert par sa fille. C’est le numéro 9, si on aime Aznavour, il faut la lire. Chaque magazine retrace l’histoire d’une célébrité, et est conçu comme un véritable livre biographique, enrichi d’anecdotes et de photos. 

Jeanine a apporté deux romans, tout d’abord La maison de Nicolas Jaillet, trois nouvelles, dont l’une un peu plus longue. Le jour de son mariage, Martine se fait une promesse. Elle la tiendra, à l'insu de tous ceux qui l'entourent et au risque de se perdre. Inspiré d'une expérience vécue, "La Maison" raconte la tentative la plus audacieuse jamais tentée dans le domaine de l'évasion domestique. L’écriture est très belle, efficace, car c’est court, un livre étonnant, qui a scotché Jeanine. Dans la maison de mon père de Joseph O’Connor, un auteur irlandais, se passe au Vatican durant la deuxième guerre mondiale. En fait le père c’est le pape, et le livre est inspiré de l’histoire vraie de Hugh O’Flaherty, le prêtre irlandais rattaché au Vatican, qui a défié les nazis et sauvé plus de 6 000 juifs et soldats alliés, de l’enfer de Rome en 1943, un thriller littéraire de premier ordre. Jeanine l’a adoré pour la façon dont il est construit en assemblant ces morceaux de témoignages, pour son suspense et pour la description de la ville de Rome.

Passons à Rosemay, qui après avoir enfin fini la saga des « sept sœurs », a lu l’avant-dernier roman de Guillaume Musso, Angélique. Mathias est hospitalisé suite à une alerte cardiaque lorsqu'il reçoit la visite d'une jeune fille qui lui demande de reprendre l'enquête sur la mort de sa mère dont elle doute qu'elle se soit suicidée. Entre secrets et mensonges, ils se lancent tous deux dans une quête de la vérité. Un bon polar qui se lit d'une traite, de temps en temps ça fait du bien. 

Catherine s’est également plongée dans la saga des « sept sœurs », mais elle a néanmoins d’autres livres à nous présenter. La dernière fois, Martine nous avait parlé de Tata de Valérie Perrin, Catherine l’a donc lu aussi et l’a trouvé super. On est pris dans l’histoire, contrairement au dernier livre de Mélissa de Costa, dans lequel elle a du mal d’entrer… On en profite pour parler de l’adaptation en téléfilm de « Tout le bleu du ciel » dont on a beaucoup parlé ici et les avis sont partagés, beaucoup ont été déçues. Catherine a aussi apporté La charmante librairie des jours heureux de Jenny Colgan, que j’avais présenté il y a quelques années. L’auteure nous plonge dans l'univers de Nina, une bibliothécaire passionnée de livres qui voit sa vie bouleversée lorsque la municipalité décide de déplacer son service dans une grande médiathèque impersonnelle. Déterminée à préserver le contact humain et la magie des livres, Nina décide de créer sa propre librairie itinérante dans les Highlands écossais. Cette décision va non seulement lui permettre de découvrir une communauté chaleureuse, mais aussi de se redécouvrir et de trouver un nouveau sens à sa vie. Un livre positif, agréable à lire, qui fait du bien. 

Quant à Régine, elle souhaite nous parler d’un livre de Serge Joncourt qui s’intitule Chaleur humaine. Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre collines et rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan. Du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits. Ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d'une rare intensité. C’est facile à lire, émouvant avec des personnages attachants, et beaucoup d’humanité. 

Gérard a lu Passé imparfait de Julian Fellowes, le scénariste de Downton abbay, ce roman nous trace un portrait au vitriol de la bonne société britannique des années 1960. L’histoire est basée sur la réception d’une lettre d’un vieil ami : Damian Baxter. Celui-ci est en fin de vie et souhaite retrouver la mère de son enfant, qu’il aurait eu quand il était jeune et qu’il fréquentait le narrateur. Le problème est que le narrateur, dont on ignore le nom, et Damian Baxter ne se parle plus depuis près de 20 ans. Ils sont en froid depuis leurs vacances communes au Portugal. Que s’est-il passé ? Damian Baxter donne une liste de cinq filles avec qui il a une relation. le narrateur va donc reprendre contact avec ces filles. Retrouvera-t-il la mère de l’enfant ? Un roman très prenant que Gérard a lu avec plaisir. Il avait prévu de nous parler d’un autre livre, mais il va laisser d'abord Martine en parler. 

En effet, Martine souhaitait aussi nous présenter Ce que je sais de toi d’Eric Chacour, un premier roman réussi, qui a obtenu des Prix littéraires. Dans le Caire des années 1980, Tarek est un jeune homme à l’avenir tout tracé. Après avoir repris le cabinet médical de son père, il s’apprête à épouser Mira, son amour de jeunesse. Mais, en ouvrant un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam, Tarek fait la connaissance d’Ali. Cette rencontre inattendue ne tarde pas à ébranler ses certitudes… De l’Égypte au Canada, ce roman, fait de dévoilements successifs, nous entraîne à la suite d’un homme en quête d’une vérité aussi brûlante que libératrice. L'auteur capte ses lecteurs du début jusqu'au final, c’est bien maîtrisé, tout en retenue et subtilité. Il a mis une dizaine d’années à l’écrire, ce financier québécois pense se consacrer désormais à l’écriture, une belle découverte ! 

Fabienne nous parle également d’un premier livre de Delphine Giraud écrit en 2018, Six ans à t’attendre. Elle en a écrit cinq autres depuis. Rachel et Vincent s'aiment depuis leur adolescence d'un amour passionnel et indéfectible. L'avenir leur semble tout tracé jusqu'au jour où, l'avant-veille de leur mariage, Vincent disparaît. On retrouve sa moto accidentée sur le bord de la route, mais pas de corps. Six ans plus tard, Rachel s'est reconstruite. Elle sort d'un rendez-vous de travail quand, au détour d'une rue, elle l'aperçoit. Persuadée que l'homme de sa vie est bien vivant, Rachel se lance à sa recherche. Avec une unique question obsédante : se pourrait-il que toutes ces années de deuil l'aient été pour rien ? En somme un bon roman qui tient en haleine jusqu’au bout. 

Isabelle a lu La petite menteuse de Pascale Robert-Diard, un premier roman superbe, d’une grande finesse et d’une justesse dans l’évolution des sentiments et dans l’engrenage de cette affaire judiciaire. Nous sommes dans une petite ville de province. Alice Keridreux, la cinquantaine, avocate pénaliste, sort d’un procès d’ Assises.Dans son cabinet une jeune femme l’attend. Elle veut être défendue par une femme. Lors de son prochain procès en appel. C’est Lisa Charvet, 20 ans, qui doit se retrouver face à l’homme qui l’a violée il y a 5 ans. Alice dissèque le dossier. Un coup de tonnerre se produit : Lise avoue avoir menti il y a 5 ans en accusant Marco Lange, un ouvrier plâtrier, coupable idéal, à l’alcool mauvais et au casier judiciaire chargé. L’avocate reprend point par point toutes les causes ayant entraîné ce qui est peut-être une erreur judiciaire. Pourquoi Liza a-t-elle menti ? Quelles souffrances à la maison et au collège l’ont entraînée dans ce mensonge et cet engrenage judiciaire ? L’auteure aborde un sujet intéressant, à contre- courant de l’époque MeToo, elle démontre le fonctionnement de la justice avec ses dérives, parfois l’oubli de ses grands principes, influencée par les débats de société, les réseaux sociaux. La vérité n’est pas toujours celle que l’on imagine. Et revenons à Gaëlle Josse avec le roman Ce matin-là, un matin, tout lâche pour Clara, jeune femme compétente, efficace, investie dans la société de crédit qui l'emploie. Elle ne retournera pas travailler. Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Des semaines, des mois de solitude, de vide, s'ouvrent devant elle. Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l'amitié, et aussi remonter à la source vive de l'enfance. Une histoire qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer. Vraiment très bien ! 

Et bien je terminerai en évoquant Aquarium de David Vann, présenté il y a quelques semaines par Chantal et lu également par Jeanine, un livre sombre, mais qui vaut la peine d’être lu. J’ai apporté deux livres autobiographiques que je n’ai pas pu dissocier. Par hasard je les ai lus à la suite et ils ont beaucoup de points communs. Le premier est une cri d’amour pour un père, Alors c’est bien de Clémentine Mélois est un vrai coup de cœur. Ce père qui était sculpteur, est un original, malheureusement il a un cancer du poumon il se sait condamné, et toute la famille va préparer avec lui sa mort et ses obsèques. Ce qui devrait être triste devient joyeux, il y a beaucoup d’humour, et c’est aussi la chronique d’une famille où l’amour règne en maître. C’est vraiment très beau, ça dédramatise la mort, je l’ai dévoré ! Le second, Ann d’Angleterre de Julia Deck, a obtenu le Prix Médicis. Je ne dirai pas que c’est une ode à sa mère, car leurs relations n’ont pas toujours été simples. Mais quand elle la retrouve inanimée depuis la veille dans la salle de bain, victime d’un AVC, elle va lui consacrer tout son temps. Il y a déjà les séjours à l’hôpital avec tous les défauts de soins liés au manque du personnel, puis la recherche d’une maison de retraite à Paris, ce qui n’est pas simple et très coûteux, et toute la paperasserie qui en découle. Un chapitre sur deux est consacré à la vie de sa mère, née en Angleterre, et qui n’a pas été un long fleuve tranquille. Ce livre pose des problématiques très actuelles, auxquelles nous avons pu être, ou serons confrontés aussi un jour ou l'autre. Très beau livre...

Bernadette 

 Le prochain Café littéraire se tiendra le Mardi 6 mai à 19h à la Louisiane

vendredi 21 février 2025

Café littéraire # 69

Pour ce 69ème Café littéraire, nous avons le plaisir d’accueillir trois représentants de la bibliothèque d’Audincourt, Diane, Morgiane et Pascal venus nous parler d’une possible collaboration avec nous, et d’événements à venir. 

Suite à la rencontre entre Jeanine et les bibliothécaires, l’idée est venue que nos lectures profitent aussi aux lecteurs de la bibliothèque. Jeanine a donc préparé des petites fiches cartonnées, avec pour en-tête « Les amis des livres ». Nous pourrions écrire cinq mots que nous a inspirés le livre, ou quelques phrases, au choix. Au dos de la fiche, l’auteur et le titre pour qu’elle puisse être glissée dans le bon livre. On peut mettre son prénom ou pas. C’est tout à fait libre, il n’y a pas d’obligation. Jeanine se chargera de collecter les fiches. Il y a d’autres projets, mais pour l’instant, on va déjà tester ça. Il pourrait aussi y avoir une petite affiche à la bibliothèque annonçant les lieux et dates des Cafés littéraires. Pascal en profite pour nous parler de la quinzaine des « Littératures étrangères » qui se déroulera du 1er au 17 avril, et qui est consacrée au Portugal avec trois auteurs invités. Il y aura des rencontres avec les auteurs, des ateliers culinaires avec le lycée Mandela, une conférence sur la « Révolution des œillets » le 10 avril, organisée par l’Atelier, deux soirées festives au « 5 », nouveau tiers-lieu associatif, et bien d’autres animations. Le programme sera transmis prochainement.

Isabelle fait une parenthèse, suite aux précédents Cafés littéraires, elle a lu La nuit des pères de Gaëlle Josse, un superbe livre, merci à Régine qui nous en a parlé, et Roman fleuve, de Philibert Humm,  dont j’ai parlé à plusieurs reprises et avec lequel elle a passé un très bon moment de détente. Elle enchaîne avec un roman de Marie Vareille, Ainsi gèlent les bulles de savon, dans lequel nous suivons le destin de trois femmes. De Paris aux volcans ensoleillés d’Indonésie en passant par un petit campus américain à la frontière canadienne, de vibrants portraits de femmes aux destins entrecroisés se dessinent. Quel secret les unit ? Quelle est leur véritable histoire ? Ça évoque des sujets comme la perversion narcissique, l’ambivalence de la maternité, la dépression post-partum, les relations parents-enfants et l’amitié. Ça se finit bien, car c’est Marie Vareille, cependant ce n’est pas mièvre. Isabelle qui n’avait pas vu le film L’amour ouf, a lu le roman éponyme de Neville Thomson. Elle a beaucoup aimé, c’est une histoire d'amour entre deux adolescents sur fond de chronique sociale, au réalisme cru, tantôt triste tantôt violente. C’est plutôt bien écrit, on n’entre pas dans le pathos, mais contrairement au précédent, ça se termine mal.

Catherine nous présente un premier roman, Les lettres d'Elise, écrit par Charlotte Plumel, une amie de sa fille, qui adore lire, aime écrire depuis toujours, et qui s’est lancée dans la rédaction d’un roman. N’ayant pas trouvé d’éditeur, elle s’est auto-éditée, grâce à une cagnotte sur internet, et les personnes ayant participé ont reçu le livre gratuitement. Catherine l’a trouvé bien, même s’il y a quelques imperfections dans certaines phrases, ce qui arrive lorsqu’il n’y a pas de correcteur. Blessée et meurtrie lors d'un reportage de guerre en Afghanistan, Elise part se réfugier auprès des siens dans son village natal. Après la découverte de lettres de son arrière-grand-père écrites dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, elle décide de plonger dans le passé familial. Accompagnée de deux nouvelles amies inattendues, Elise découvre des secrets enfouis et des récits bouleversants, révélant les liens profonds qui unissent sa destinée à celle de son entourage. Entre reconstruction personnelle et exploration historique, ce trio étonnant traverse une quête émotionnelle qui le transforme et le rapproche. Les ombres du passé permettront-elles à Elise de retrouver un sens à sa vie et le goût du bonheur ? Une histoire prenante et originale.

Pascal souhaite nous parler de son coup de cœur de l’an dernier, Les voleurs d’innocences de Sarai Walker, si l’on aime les romans gothiques et les sagas familiales, alors il nous le conseille. Dans les années 50 en Nouvelle-Angleterre, six sœurs aux prénoms de fleurs grandissent dans une maison victorienne qui ressemble à un énorme gâteau de mariage. Les filles rêvent toutes de s’échapper de cette maison oppressante avec une mère « hantée » qui voit des fantômes dans la maison et un père absent, démissionnaire. Seul le mariage leur permettra de quitter le foyer et commencer leurs vies, mais une malédiction plane sur la famille, si elles se marient, elles meurent. Seule la dernière, restée célibataire, va y échapper et devenir la narratrice de l’histoire. Un roman captivant, résolument américain et féministe avec de nombreux rebondissements, qu’on ne peut pas lâcher ! Pascal veut nous présenter deux livres autobiographique d’Isabela Figueiredo qui sera présente à Audincourt dans quelques semaines. Dans le premier, Carnet de mémoires coloniales, elle revient sur son enfance en exil au Mozambique. Elle y dépeint sa relation aux adultes, à ses parents, à son père. Un livre sur le colonialisme, où elle décrit des mécanismes de domination toujours éminemment violents. Dans le second, La grosse, lorsque le roman débute, Maria Luisa vient de subir une gastrectomie. Elle a perdu quarante kilos, "un second corps". Mais après une vie à être grosse, à se sentir grosse, à subir les brimades, même si son corps a changé, elle sera "toujours une grosse". A travers ce livre, on a aussi l’histoire du Portugal des années 60 jusqu’à aujourd’hui. L’écriture est très belle et très sensuelle. A lire avant la rencontre avec l’auteur. 

Martine a lu Tata de Valérie Perrin, Tata, c’est l’histoire de Colette, la tante d’Agnès, une femme qu’elle n’a d’ailleurs jamais appelée Tata ! Sœur de son père. Colette est une femme ordinaire. Cordonnière de métier, dans un petit village, Gueugnon, en Bourgogne. Tout le village la connaît, Colette Septembre !  Colette est morte deux fois ! La première fois en 2007 et la seconde fois en 2010 ! Sa nièce, Agnès, n’y comprend plus rien ! Agnès a toujours été proche de sa tante. Une chose est sûre : elle l’a enterrée en 2007 et ne l’a ensuite plus jamais revue. Normal puisqu’elle était morte ! Il est évident que ce n’est pas pensable cette histoire de « remourir » ! Agnès va mener son enquête tout au long des 634 pages. Et quand le lecteur arrive à la fin de l’histoire, il n’a qu’une envie, c’est que cela ne s’arrête pas ! Il y a beaucoup de personnages, mais on arrive à s’y retrouver. Colette vivait seule, mais en réalité beaucoup de personnes gravitaient autour d’elle. Martine n’a pas retrouvé l’écriture poétique de Changer l’eau des fleurs, mais c’est un autre style tout aussi prenant. Le seul bémol serait que l’auteur a voulu traiter trop de problématiques dans un seul livre. 

Diane a apporté deux livres, le premier est une BD qui a la particularité de ne pas comporté d’écriture, on a seulement les images pour comprendre l’histoire, ce qui demande beaucoup d’attention. Un océan d’amour du duo Lupano-Panaccione nous conte l’histoire d’un couple de Bretons. Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Un message écologique accompagne cette histoire d'amour ou se mêlent prouesses graphiques et narratives pour mettre en scène plus de 200 pages muettes. Le second Beyrouth sur Seine de Sabyl Ghoussoub que Gilles nous avait présenté en 2023, a beaucoup touché Diane, qui a des origines libanaises du côté paternel. Un roman d’histoire orale dans lequel il va interroger ses parents, et c’est à travers leurs réponses, plus ou moins contraintes, qu’il raconte la guerre du Liban, mais il avoue ne pas tout comprendre, tant c’est confus. 

Moi qui ai toujours envie de présenter quatre ou cinq livres, je n’ai rien lu d’exceptionnel ces derniers temps et j’ai toujours du mal à parler de livres que j’ai lus depuis longtemps, sans m’y être replongée. J’ai choisi Le livre 2 mes envies, de Grégoire Delacourt, un auteur que j’aime beaucoup. Je n’ai pas lu le premier, juste vu le film. Mais j’avais envie de lire celui-là, qui est la suite. Pour résumer le premier, Jocelyne, mercière à Arras, fait une liste de ses envies, mais le jour où elle gagne 18 millions d’euros au loto, elle prend peur, le cache à ses proches. Quand son mari le découvre, il prend l’argent et la fuite. Dans le second livre, on apprend qu’il est revenu, qu’il n’a dépensé que 3 millions d’euros, mais elle ne veut pas le reprendre. Il va décéder quelque temps après. Et Jocelyne se demande ce qu’elle va faire des 15 millions restants, tant ces millions lui brûlent les doigts, la perturbent, lui gâchent la vie. D’ailleurs, pour essayer de s’en sortir, elle participe au groupe de parole des gagnants anonymes. Elle veut faire le bonheur des autres, mais ce n’est pas forcément facile… Une lecture agréable, pas forcément sérieuse, ni réaliste, mais on passe un bon moment et on se demande forcément si l’argent fait vraiment le bonheur. 

Thérèse a pris son téléphone, car ses livres sont dans sa liseuse. Elle dit que ça lui permet de lire beaucoup de livres, nous aussi on en lit beaucoup, ça prend juste un peu plus de place ! Elle souhaite donc nous parler de La librairie Morisaki de Satochi Yagisawa, un roman pour les amoureux des livres. Takako a le coeur brisé lorsque Hideaki, l'homme qu'elle aime, lui annonce ses fiançailles. Dévastée, la jeune femme ne supporte plus de le croiser au travail et démissionne. Takako a bien du mal à remonter la pente... jusqu'au jour où elle reçoit un coup de téléphone de son oncle Satoru, qu'elle n'a pas revu depuis de nombreuses années.  L'homme, un peu excentrique, est à la tête d'une vieille librairie d'occasion, implantée à Jinbôchô, le quartier des bouquinistes à Tokyo. Il lui propose de venir l'aider, et même de s'installer au premier étage de la boutique. Voyant enfin l'avenir lui sourire, Takako accepte et découvre parmi tous ces livres un nouveau langage qui lui était jusque-là inconnu... Un roman tout en douceur qui aborde plusieurs sujets comme la maladie, la rupture amoureuse, l'amitié, le lien familial et surtout l'amour des livres. 

Armelle a lu Il nous restera ça de Virginie Grimaldi, l'histoire d'une colocation improbable entre trois personnages abîmés par la vie. À 33 ans, Iris trimballe sa vie dans une valise. Théo, 18 ans, a peu de rêves, car ils en foutent partout quand ils se brisent. À 74 ans, Jeanne regarde son existence dans le rétroviseur. Rien ne les destinait à se rencontrer. Quand le hasard les réunit sous le même toit, ces trois êtres abîmés vont devoir apprendre à vivre ensemble. Ce roman qui aborde la précarité, l'isolement, la vieillesse ou encore la perte d'un être cher, est très agréable à lire. 

Françoise, à la demande de Jeanine qui ne s’en souvient pas, a apporté un livre de photos. L’occasion de parler de l’association « Mode ouverture » créée par Erick Peugeot, et du Ph’arts où se déroule tous les mois de belles expositions. Il y a une quinzaine d’année, Erick a débuté une série intitulée Au plus près des mots, qui regroupe à présent 85 tableaux mêlant poésie et photographie, autour de l’univers du livre et de l’écriture. Cette série a été exposée dans de nombreux lieux, et a fait l’objet du livre que Françoise nous présente aujourd’hui. Les textes sont de Jean-Claude Vrinat, un très bel ouvrage… tiré en quelques exemplaires seulement, donc précieux pour Françoise. 

Nous terminons avec Jeanine qui a reçu en cadeau L’arbre nu, premier roman de la grande écrivaine coréenne Pak Wan-seo publié en 1970. Cette œuvre autobiographique dépeint l'émancipation progressive d'une jeune femme qui tente de survivre dans un Séoul en guerre. Entre souvenirs et aspirations à l’amour, elle se débat pour échapper au chagrin de sa mère et à la menace qui pèse sur la ville. Sa rencontre avec un peintre sera peut-être l’arbre auquel s’accrocher pour ne pas tomber. Jeanine a déjà lu des livres japonais, et là c’est très différent, elle a eu un peu de mal à y entrer car c’est très lent, la lenteur asiatique, et là elle traîne car elle n’a pas envie de le terminer, elle est bien dedans, même si c’est très dur. Jeanine veut aussi nous parler du livre Le roitelet de Jean-François Beauchemin, auteur qu’elle ne connaissait pas. Un homme vit à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et le chat Lennon. Depuis l’enfance, il partage aussi son quotidien et ses questionnements, sensibles et profonds, avec son frère cadet, schizophrène. Ici se révèlent, avec une indicible pudeur, les moments rares d’une relation unique, teintée tout autant d’inquiétude que d’émerveillement au monde. C’est un livre simple, mais bouleversant, où le mot « amour » occupe une grande place, et où règne le calme et la sérénité. Très belle écriture pour ce roman que Jeanine a adoré. 

Nous terminons la soirée autour d’une boisson et de la brioche russe apportée par Jeanine. 

Bernadette 

 Le prochain Café littéraire aura lieu le Mercredi 26 mars à 19h