lundi 29 avril 2024

Café littéraire # 64

Une bonne douzaine de lectrices et un lecteur se sont retrouvés pour ce 64ème Café littéraire. Des livres divers et variés ont été présentés par chacun. 

Catherine
a pris la parole pour nous parler d’un livre plusieurs fois évoqué ici et qui fait l’unanimité, La carte postale d’Anne Berest. Un roman qu’elle est en train de lire et qu’elle trouve très prenant. Dans ce roman d'enquête, Prix Renaudot des lycéens 2021, l’auteur remonte son passé familial pour en retracer l'histoire marquée par la Shoah. Un beau témoignage de notre histoire. Elle a lu également le premier roman d’Emmanuel-Robert Espalieu, intitulé Fleur de sang. Fin du XVIIe siècle, en s'éprenant de Marguerite, fille unique de l'exécuteur des hautes oeuvres pour la ville de Joigny, Charles a tout perdu : son grade de lieutenant dans l'armée du Roi-Soleil, son titre de comte, et surtout l'amour et l'estime de son père. Une fille de bourreau ne pouvant convoler qu'avec un autre bourreau, Charles doit aussi apprendre les macabres ficelles de ce métier si redouté qui le condamne à vivre au banc de la société. Mais, comme pour conjurer la mort qui partout les suit, les bourreaux ont développé le précieux savoir des guérisseurs. Un livre prêté par une amie, qui rebutait Catherine, et qui finalement l’a embarquée, un formidable roman historique doublé d'une histoire d'amour particulièrement poignante. Une héroïne forte, qui se battra jusqu'au bout pour sauver celui qu'elle aime envers et contre tous. Elle nous le recommande chaudement… 

Armelle a apporté le dernier roman de David Foenkinos, La vie heureuse. La vie est parfois pleine de surprises, bonnes comme mauvaises. Notre héros quadragénaire en est la preuve. En acceptant la proposition étonnante d’Amélie de rejoindre son équipe, Eric n’imagine pas le tournant qu’il prendra bientôt. C’est lors d’un voyage à Séoul début 2020 qu’une expérience unique va le transformer à jamais… Un roman dans l’air du temps qui évoque le désir de changer de vie. L’auteur, témoin clairvoyant de notre époque, l’a bien compris depuis le Covid : hier, les nouvelles générations voulaient de l’argent, aujourd’hui, elles veulent du temps. Encore un bon livre de Foenkinos à savourer. 

Gérard nous signale que Le roman de Jim, dont il nous a chaudement parlé la dernière fois, fait l’objet d’un film, qui sera projeté au Festival de Cannes, raison supplémentaire pour le lire. Sinon il a lu La décision de Karine Tuil, un roman déjà présenté ici en 2022. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. En résumé, des conflits de loyauté pour cette juge dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle. C’est très bien écrit, on a l’impression d’être dans le cabinet du juge. Dans le cadre du Club de lecture Simone Veil, Gérard a lu Automobile club d’Egypte d’Alaa El Aswany, première fois qu’il lit un auteur arabe. Il pensait ne pas pouvoir arriver au bout mais après une vingtaine de pages, on est vraiment dans l’histoire. L’auteur choisit de décrire un microcosme, soit l’Automobile Club d’Egypte.. On est en 1947 avant l’arrivée de Nasser au pouvoir. Ce vénérable cercle privé très sélect a réellement existé et a connu son heure de gloire au temps du dernier roi d’Egypte, le roi Farouk.  Tous ces personnages se croisent, s’aiment ou s’affrontent en un ballet incessant. Des destins croisés, une fresque historique qui permettent aussi de comprendre l’Égypte actuelle . Très intéressant ! 

Régine a lu il y a longtemps Liv Maria de Julia Kerninon. Elle se souvient avoir tellement aimé ce livre qu’elle l’a offert plusieurs fois, mais elle ne peut pas nous en dire beaucoup plus. J’ai donc cherché sur le net un petit résumé : enfant solitaire, née des amours étonnantes d'un père suédois et d'une mère à l'esprit rebelle, Liv Maria devra, pour fuir la violence des hommes, s'exiler à Berlin où elle rencontrera son premier amour, un professeur d'anglais, qui marquera à jamais son corps et son âme. Dans les pas de Liv Maria, l’auteure nous fait naviguer entre liberté, identité et féminité, se demandant comment rester une femme libre lorsque l’on a tant vécu, lorsque l’on devient épouse et mère. Ça donne envie de le lire… 

Christine a suivi les recommandations de Gérard et a demandé au libraire un livre de Pierric Bailly. Elle est repartie avec L’homme des bois. A 61 ans, dans une forêt du Jura, Christian Bailly a chuté dans le vide. On l'a retrouvé trois jours plus tard, mort. Son fils, l’auteur, a mené l'enquête, pour lui dire adieu. Ce n’est n’est pas seulement le récit par son fils de la mort brutale et mystérieuse d’un père. C’est aussi une évocation de la vie dans les campagnes française à notre époque, l’histoire d’une émancipation, d’un destin modeste, intègre et singulier. C’est enfin le portrait d’une génération, celle des parents du narrateur, travailleurs sociaux, militants politiques et associatifs en milieu rural. Christine a trouvé ce livre très émouvant, elle a eu l’impression d’un fils qui essaie de renouer les liens avec un père, dont il n’était pas vraiment proche. Ca se passe dans le Jura, et elle aime quand elle reconnaît les lieux. Christine écoute France-Culture, où Georges Pérec est décrit comme un génie de la littérature. Elle a donc voulu tester avec La vie mode d’emploi, celui paraît-il qu’il faut lire quand on n’en a pas lu d’autres. Dans les presque six cents pages de ce roman, le narrateur décrit la situation d'un immeuble à un instant donné, le 23 juin 1975, alors qu'il est presque huit heures de soir. Comme si la façade avait été enlevée, nous sont dépeints tous les décors, tous les gens qui sont dans l'immeuble et leur occupation. Parfois, nous est racontée leur histoire, celle de leur famille. Pour Christine ça s’est compliqué, car il présente par exemple Le 2ème B, le 3ème C, puis il revient en arrière, il faut sans cesse rechercher de qui il parle, Elle a renoncé. C’est peut-être dommage, car ce livre est décrit comme un chef-d’oeuvre… 

Fabienne, toujours adepte de romans policiers, a apporté Douze ans, sept mois et onze jours de Lorris Murail. Une cabane perdue dans les forêts du Maine, aux USA. C'est là que Walden est abandonné par son père. À partir de maintenant, le garçon va devoir se débrouiller pour survivre dans les bois. Avec pour seule richesse quelques boîtes de conserve, un livre sur la nature et une carabine. À la fin de chaque journée, Walden note son âge sur une écorce de rondin. Douze ans, sept mois et quatre jours, au moment où commence son apprentissage pour le moins étrange… On ne sait pas pour quelle raison le père l’abandonne là, c’est intéressant car le père comme le fils vont se poser beaucoup de questions. Un vrai thriller, bien ficelé et bien écrit, destiné à la base à la jeunesse, mais qui plaît aussi aux adultes. 

Françoise nous propose de nous parler de deux livres qu’elle n’a pas, car elle les a rendus à sa fille, mais elle pense qu’ils ont le mérite d’être lus. Le premier, Journal pauvre de Frédérique Germanaud relate une expérience personnelle. Elle avait une bonne situation dans l’industrie, elle décide de tout abandonner pour écrire .Pendant une année sabbatique, de juillet 2015 à juillet 2016, Journal pauvre interroge ce qu'est subsister sans salaire et se consacrer à l'écriture. Cueillette, glanage, troc, affût des bonnes occasions : une économie de la main à la main s’organise, pour que vivre ne soit pas seulement survivre et que cette expérience de pauvreté soit libre et sereine. Ce journal à durée limitée s’achève sur la décision de quitter définitivement le monde du travail salarié et un modèle économique imposé, ouvrant ainsi sur la possibilité de renouveler ce qui fut au départ une tentative d’habiter autrement le monde. Un petit livre très agréable à lire, dans lequel on se rend compte que finalement tous les objets auxquels nous sommes si attachés ne sont pas si utiles que ça. Le deuxième livre s’appelle Mécano de Mattia Filice, présenté à la Grande Librairie il y a quelques mois. L’auteur transforme son expérience de conducteur de train en une grande fresque épique, dans un premier roman inattendu, avec une écriture très originale. Sa fille a adoré, mais Françoise en a lu les trois-quarts, car c’est quand-même très technique. Technique et poésie se mélangent et c’est à découvrir malgré tout ! 

Jeanine a eu la chance de visiter la Cité de la BD à Bruxelles, et en traversant la boutique, elle est tombée en arrêt devant un livre de Zeïna Abirached, Le piano oriental, entre la BD et le roman graphique avec des illustrations magnifiques. Un récit inspiré de la vie d'un ancêtre, inventeur d'un nouvel instrument de musique dans le Beyrouth des années 1960. Folle tentative pour rapprocher les traditions musicales d'Orient de d'Occident, ce piano au destin méconnu n'aura vu le jour qu'en un seul exemplaire, juste avant que la guerre civile ne s'abatte sur le Liban. Une métaphore amusante et touchante de la rencontre de deux cultures, de deux mondes, qui cohabitent chez Zeina et dans son œuvre. Jeanine, qui d’ordinaire lit peu de BD a été emballée par ce livre. Ensuite elle a visité le Musée Soulages à Rodez et en passant par la boutique, où l’on trouve tout ce qui parle de noir, elle tombe sur un autre livre de Zina Abouchareb, Mourir partir revenir le jeu des hirondelles. Le livre retrace un moment de la jeunesse de l'auteur, à Beyrouth, et plus spécialement dans leur immeuble d'où ils ne pouvaient quasiment pas sortir, pendant la guerre dans les années 80. Elle vient juste de le commencer, en tout cas une belle découverte… 

Noëlle que l’on retrouve après une longue absence a relu deux livres qu’elle avait aimés. Elle vu une émission à la télévision sur nos très très lointains aïeux qui étaient partis en Asie, et ça lui a donné envie de relire Le clan de l’ours des cavernes de Jean M. Auel, le premier livre de la saga Les enfants de la terre. Quelque part en Europe, 35 000 ans avant notre ère, petite fille Cro-Magnon de cinq ans, Ayla est séparée de ses parents à la suite d'un violent tremblement de terre. Elle est recueillie par le clan de l'ours des cavernes, une tribu Neandertal qui l'adopte, non sans réticence, ayant reconnu en elle la représentante d'une autre espèce, plus évoluée. C’est très bien écrit, très documenté, il y en a 7, mais ça se lit très facilement. Autre série dont souhaite nous parler Noëlle, Millénium, les trois premiers ont été écrits par Stieg Larsson, qui est décédé à l’âge de 50 ans, les trois suivants par David Lagercrantz, et le septième par Karine Smirnoff. Elle nous a apporté le sixième intitulé La fille qui devait mourir, À Stockholm, un SDF est retrouvé mort dans un parc du centre-ville, certains de ses doigts et orteils amputés. Dans les semaines précédant sa mort, on l’avait entendu divaguer au sujet de Johannes Forsell, le ministre de la Défense suédois. S’agissait-il des délires d’un déséquilibré ou y avait-il un véritable lien entre ces deux hommes ? Michael Blomqvist a besoin de l’aide de Lisbeth Salander. Mais cette dernière se trouve à Moscou, où elle a l’intention de régler ses comptes avec sa sœur Camilla. C’est un peu gore, mais Il y a quand-même une morale dans toutes ces livres. L’histoire lui a plu, mais le style de l’auteur beaucoup moins. 

Pour ma part, j’ai apporté un très beau livre Les yeux de Mona, écrit par Thomas Schlesser, un historien de l’art, que j’ai découvert à la Grande Librairie, le livre est déjà un best-seller dans le monde entier. Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde. C'est le temps que s'est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une œuvre d'art, avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux. Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Et l’on retrouve les 52 chefs-d'œuvre à l'intérieur de la jaquette dépliable. Pour apprécier, il faut bien sûr s’intéresser un minimum à l’art, mais la relation entre cette petite-fille et son grand-père est très émouvante et on apprend beaucoup de choses sur les œuvres décrites. Vraiment passionnant ! Lorsque je suis allée acheter ce livre, j’ai vu qu’Olivier Bourdeaut, un auteur que j’affectionne, avait écrit un quatrième roman que je me suis empressée d’acheter. Après En attendant Bojangles, Pactum Salis et Florida, voici Développement personnel. En panne d’inspiration pour ce roman, l’auteur loue une maisonnette à Ibiza pour se concentrer sur l’écriture, et finalement il va nous raconter sa vie, avec beaucoup d’autodérision. Il revient sur son enfance compliquée, sa courte et chaotique scolarité et le périlleux apprentissage du métier d’écrivain. C’est à la fois drôle et émouvant, je n’ai pas été déçue. 

Et honneur à nouveau à Pierric Bailly dont Martine a lu le dernier livre La foudre, qui fait d’ailleurs partie de la sélection du Livre Inter. C’est l'histoire d'un berger du Haut-Jura, prêt à partir s'installer avec sa compagne à la Réunion. Parallèlement, il retrouve la femme d'un ex-ami emprisonné pour meurtre, en attente de son procès en assises. Foudroyé par un amour passionnel, et hésitant sur la suite à donner à sa vie, il tente un temps de vivre avec l'une et avec l'autre avant de faire un choix. Martine a aimé la lenteur de ce roman et les lieux qu’elle connaît, dans lesquels elle pouvait se projeter. Elle s’attendait à un coup de foudre, puisque c’est le titre, mais ce n’est pas le cas, la foudre arrive dans les dernières pages et dans la dernière phrase où le héros dit « Je me lève, j’attends la foudre ». Si vous voulez en savoir plus, il faut le lire. 

Nous terminons avec Rosemay qui nous présente un livre de Lucinda Riley, faisant partie d’une saga de 7 livres, Les sept sœurs, elle adore prendre un livre et être tout de suite transportée, et là c’est le cas. À la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a ramenées des quatre coins du monde et adoptées lorsqu’elles étaient bébés, Maia d’Aplièse et ses sœurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève. Pour héritage, elles reçoivent chacune un mystérieux indice qui leur permettra peut-être de percer le secret de leurs origines. Maia est le premier tome de la série, la piste de Maia la conduit au-delà des océans, dans un manoir en ruines sur les collines de Rio de Janeiro. C’est là que son histoire a commencé… Secrets enfouis et destins brisés : ce que Maia découvre va bouleverser sa vie. Donc il y a un roman pour chacune des filles, c’est bien traduit et très prenant. Autre lecture appréciée par Rosemay, La fille sans nom de J.S. Monroe, un livre qu’elle a acquis par un échange dans une bourse. Une femme arrive chez Tony et Laura, certaine de rentrer chez elle. Celle-ci ne se rappelle plus de rien hormis cette adresse. Le couple décide de s'en occuper et la surnomme Jemma. Ils l'emmènent chez leur médecin qui se souvient de l'avoir déjà vue mais sans pouvoir se rappeler dans quelles circonstances. Tony et Laura se demandent si l'inconnue ne serait pas en fuite et simulerait son amnésie. Tout au long du livre, on se crée divers dénouements, qui évoluent au fil de la lecture. Un très bon livre plein de suspense, dans le lequel on ne s’ennuie pas une seconde.

Bernadette 

Prochain atelier d’écriture : Mardi 14 mai 2024 

Prochain Café littéraire : Mercredi 19 juin 2024

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