mardi 19 avril 2022

Compte-rendu Café littéraire # 50

C’est avec grand plaisir que nous avons retrouvé notre lieu favori « La Louisiane » pour ce 50ème Café littéraire. Une bonne dizaine de participant(e)s ont pu parler de leur lectures du moment, et les échanges furent riches. 

Françoise
que nous retrouvions après une absence de plusieurs années nous a parlé de deux livres qu’elle a particulièrement appréciés. Le premier est un livre d’un auteur régional Luigi de Poli, un ami à elle, qui a écrit Courbet et le continent noir, le continent noir étant le féminisme sous toutes ses formes. Un livre illustré par les œuvres que l’auteur dissèque de façon très pointue. Dans la dernière partie du livre, l'auteur se penche sur L’origine du monde où il y voit tout autre chose que ce qu’on y perçoit au premier abord. Au fil de la lecture, on va de surprise en surprise. A lire absolument pour découvrir ce peintre franc-comtois sous une autre facette. Le second livre est une roman d’Isabelle Flaten, Triste boomer, l’histoire de John, un homme qui a vécu toute sa vie pour lui-même et qui, une fois la retraite sonnée n’accepte pas de vieillir et va se retrouver face à ses regrets. Ce roman est original dans la mesure ou le héros parle à son ordinateur qui lui répond. Une fresque tendre et hilarante que Françoise a lu en une nuit. 

Martine nous présente un livre de Nathalie Azoulai, La fille parfaite,  racontant une amitié au long cours entre Adèle et Rachel, deux filles issues de familles très différentes. Dès le début du livre on apprend qu’Adèle se suicide, son amie Rachel va se remémorer le fil de leur vie. Un roman d’apprentissage, où l’orientation scolaire détermine bien plus qu’un cursus en façonnant l’intelligence et toute une existence, les relations familiales et amoureuses, la maternité, l’ambition et le rapport au monde. Notamment lorsqu' on est une femme et qu’on s’attaque au territoire des hommes. Un livre qui a beaucoup plu à Martine en faisant écho parfois à son parcours personnel. 

Christine a apporté un petit livre qui se lit facilement et pourtant c’est La fureur de vivre du plus célèbre des astrophysiciens, Hubert Reeves. Il ramène toujours tout à des exemples concrets, et comme le dit si bien Denis, avec lui on a l’impression d’être intelligent, car on a tout compris. Un livre aussi concis que profond, qui allie la vulgarisation la plus accessible à la méditation la plus haute, et dont le texte est illustré par de fascinantes images de notre monde. Sa conclusion est que pour durer, la vie doit être en accord avec la nature. Prenons-en de la graine !

Joël, du fait de ses origines, s’intéresse beaucoup à la Russie, il a donc lu Dans la tête de Vladimir Poutine de Michel Eltchaninoff, un livre plus que jamais d’actualité. L’auteur, philosophe, journaliste et essayiste français, est quelqu’un de très brillant. Il restitue toute l’histoire russe depuis Staline, et l'on comprend que pour Poutine avoir perdu tous ces satellites qui constituaient l’URSS n’est pas défendable dans son esprit. Une espèce de nostalgie qu’il a réussi à faire partager à 80% de ses concitoyens. Il est dans le délire de reconstituer ce grand empire. L’auteur n’est pas très optimiste…. Comme tous les empires s’écroulent, ça arrivera un jour, mais quand ? Un livre qui avait été écrit avant les derniers évènements mais qui a été réactualisé. Autre livre évoqué par Joël, un livre tout à fait différent, Paris-Briançon de Philippe Besson, Une dizaine de personnages divers et variés sont obligés de partager leur intimité et les onze heures du trajet Paris-Briançon. Suivant le rythme et les arrêts du train, des liens se tissent, des histoires se créent. L’insomnie relie les personnages et leurs histoires. Dès le début du livre, on sait qu’il y aura des morts, mais qui et comment ? C'est tout l’intérêt du livre, et le dénouement a surpris Joël qui ne s’y attendait pas. Tout cela est très bien vu, bien écrit, intelligent. 

Jean-Daniel souhaite nous présenter le livre de Gisèle Halimi Une farouche liberté, coécrit avec la journaliste Annick Cojean. Il y a quelques mois il avait déjà évoqué ce livre sans vraiment nous en parler puisqu’il l’avait prêté. Une sacrée bonne femme, qui déjà à dix ans entamait une grève de la faim, ce fut sa première victoire féministe, elle ne servirait plus jamais ses frères ! Ce livre retrace les combats qu’elle mena tout au long des soixante-dix ans d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Jean-Daniel a apporté un second livre qu’il nous avait déjà présenté en 2018, preuve que cet ouvrage l’a marqué. Les coeurs simples d’Albert Algoud est un hommage aux handicapés mentaux illustré par des dessinateurs de BD. On y croise tour à tour Quasimodo, les Crétins des Alpes et autres simplets à travers un recueil de textes très émouvants. 

Noëlle qui vient d’entendre parler de récits pas très drôles, anxiogènes, veut nous faire sourire avec La toute petite reine d’Agnès Ledig. L’auteur nous conte le parcours de Capucine et Adrien, depuis leur première rencontre sur le quai d'une gare à cause d'un colis piégé. Ce sont deux personnes fragilisées par les épreuves traversées, qui tentent de surmonter ces traumatismes pour retrouver l'équilibre, le bonheur. Dénouant les fils de leur existence, cette rencontre pourrait bien prendre une tournure inattendue et leur permettre de faire la paix avec leur passé, afin d'imaginer à nouveau l'avenir. Une histoire toute en tendresse, où les choses évoluent pas à pas, comme dans une parenthèse. Un livre qui fait du bien et donne de l’espoir ! 

Denis souhaite nous parler des Hors séries du journal « Le monde » présentant des auteurs sous la forme "une vie, une œuvre". Il choisit des auteurs qu’il apprécie, ici il s’agit de Victor Hugo, Denis nous lit un extrait sur la guerre, dans lequel Hugo soutenait les Polonais face à l’armée russe. C'est ce Victor Hugo là, défenseur des peuples, toujours présent sur les fronts de la justice et de la liberté, que Le Monde nous propose de découvrir dans un hors-série où "La Légende des siècles" côtoie "Les Misérables" et "Notre-Dame de Paris". Denis passe ensuite à une sorte de dictionnaire Le bouquin des mots d’esprit de Jean-Louis Chiflet. Familier des bizarreries et excentricités du langage, ce dernier nous offre un florilège savoureux de " bons mots " des maîtres du genre : Sacha Guitry, Tristan Bernard, Alphonse Allais, Groucho Marx ou Pierre Desproges. Denis nous en lira quelques extraits savoureux , il terminera par cette citation de Queneau qu’il affectionne particulièrement : « Les personnages de ce roman étant réels, toute ressemblance avec des individus imaginaires, serait fortuite. » 

C’est le livre Chavirer de Lola Lafon qui a séduit Catherine. 1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d'obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c'est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d'autres collégiennes. Ce livre est inspiré de faits réels dont on a beaucoup entendu parler ces dernières années, puisque la parole des femmes se libèrent, et d’après une interview de l’auteur, d’un évènement difficile survenu durant sa propre adolescence. L’auteur dissèque les mécanismes d'une machine lancée à plein régime pour soumettre de jeunes proies à des prédateurs sans scrupule.  Un livre très prenant, très bien écrit, et totalement d’actualité… 

Isabelle nous parle d’un autre sujet très actuel, la téléréalité, au travers du dernier livre de Delphine de Vigan Les enfants sont rois. Adolescente, Mélanie Claux est fascinée par la télé-réalité, son plus grand rêve ? Être connue de tous en participant elle aussi à une émission qui la révélerait à la France entière, Comme elle échoue dans cette mission, elle va réaliser son rêve à travers ses enfants. Elle les met en scène toute la journée sur les réseaux sociaux et ça lui rapporte de l’argent, jusqu’au jour où sa petite fille disparaît... L’auteur explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s’expose et se vend, jusqu’au bonheur familial. 

Pour terminer je parlerai d’un petit livre de Lydie Salvayre, Marcher jusqu’au soir, qui relate une expérience déjà proposée à deux autres auteurs, être enfermée une nuit dans un musée et en faire un livre. Ici l’auteur va passer la nuit au Musée Picasso, face à L’homme qui marche de Giacometti. Errant au crépuscule entre les œuvres réunies de Picasso et de Giacometti, l’auteure raille le milieu artistique, gangrené par l’argent et le snobisme. Remontent alors des souvenirs de honte d’une enfance dans un milieu populaire d’immigrés espagnols maltraitant la langue, et considérant l’art comme réservé à un autre monde.  Rattrapée par la peur du noir, la violence de son père malade, elle s’enferme dans les toilettes. Après cette nuit de cauchemar, la pression retombe. L’auteure décrypte son rapport à l’art. Elle se plonge dans la vie de Giacometti. L’écrivaine, qui se bat contre un cancer, s’y dévoile sans fard. Avançant nue, comme L’homme qui marche. Un second livre que j'ai lu, beaucoup plus léger, Je suis le genre de fille de Nathalie Kuperman, chaque chapitre commence par cette phrase, un récit plein d’humour et d’autodérision, à lire à petite dose, un chapitre de temps en temps, car sinon ça peut vite lasser.

Bernadette

Le prochain Café littéraire se déroulera à La Louisiane le Mercredi 18 mai à 19h30

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