Yvonne, que nous avons retrouvée avec plaisir, nous a conseillé Le problème Spinoza d’Irvin Yalom. Le lecteur est invité à suivre en parallèle le parcours de Bento Spinoza, juif portugais chassé du Portugal par l'Inquisition avec nombre de ses semblables et réfugié à Amsterdam où régnait à cette époque (1656) une certaine tolérance à l'égard de tous les cultes, et celui d'Alfred Rosenberg, l'idéologue du parti nazi, viscéralement antisémite et grand inspirateur d'Hitler. Yvonne reconnaît avoir eu un peu de mal à rentrer dans le livre, mais au fil de la lecture elle l’a trouvé passionnant.
Elle nous a ensuite présenté le livre qu’elle a fini de traduire Judas d’Astrid Holleeder. Témoin à charge contre son frère Willem, accusé de meurtres, l’auteure signe un récit suffocant sur la violence et les faux semblants familiaux. La traduction s’est avérée difficile, car si le livre est bien passé aux Pays-Bas, pour la version française, il a fallu le rendre plus littéraire, l’auteure ayant jeté ce récit sur le papier, comme une urgence.
Yvonne traduit aussi des livres pour enfants, c’est un travail très différent, mais qu’elle a beaucoup apprécié. Les deux premiers tomes de Rosie et Moussa de Mickael de Cock et Judith Vanistendael pour les illustrations, ont été traduits et paraissent chez Bayard. Comme le souligne Yvonne, c’est frais, avec de l’humour et de la poésie. Il a fallu supprimer de nombreuses répétitions par rapport à la version originale, car aux Pays-Bas, l’éducation est différente, on estime qu’il faut mettre moins de vocabulaire, mais plusieurs fois les mêmes mots pour que les enfants les intègrent. Malheureusement les deux tomes suivants ne paraîtront pas pour des raisons commerciales, ce qui risque de frustrer les enfants.
Christine avait apporté le livre de Lola Semonin, La Madeleine Proust, une vie - Quand j’étais petite (1925-1939). Elle trouve que le livre reflète bien la réalité de l’époque, c’est bien documenté, bien fouillé et ça lui rappelle ce que sa famille racontait de la vie d’alors. On sent au travers de cette belle écriture une grande tendresse pour le monde paysan. Sans mettre en doute la qualité de ce livre, certaines personnes présentes avouent être un peu saturées par le personnage de la Madeleine Proust… Ce qui a fait débat…
Edith, qui regarde régulièrement l’émission de la 5, la Grande Librairie, a été subjuguée par l’invité d’honneur Charles Juliet, un sage philosophe et modeste, comme elle le décrit. Il a écrit beaucoup de poèmes, des entretiens et des carnets de voyage, mais ce qui a intéressé Edith, c’est son autobiographie sur son enfance et son adolescence, L’année de l’éveil. Orphelin, il a été en familles d’accueil, mais ce qu’il évoque, ce sont les années passées à l'école militaire d'Aix en Provence en tant qu'enfant de troupe à la fin des années 40. Il y fera l’apprentissage de la discipline, de l’humiliation, mais aussi de l’amour.
Catherine nous a présenté le livre d’Olivier Norek, Entre deux mondes, un roman noir ayant pour fond la jungle de Calais et la crise des migrants. Ce livre, très proche de la réalité est le résultat de six mois d'enquête menée par Norek à Calais. Il donne avec ce livre une leçon à la fois de cruauté et d'humanité. C’est bouleversant, dur et sans concession. A lire pour découvrir un monde dont on entend beaucoup parler, sans vraiment en connaître les conditions.
Denis V. souhaite nous lire un passage du livre d’Albert Cohen Le livre de ma mère, écrit après la mort de cette dernière en 1954. L’auteur écrit ici une longue et dernière lettre à sa maman, rendant hommage à celle qui a fait preuve de tant d'abnégation et d'amour à son égard. Regardant par dessus son épaule, l'écrivain revient avec tendresse et un immense sentiment de culpabilité sur les moments passés avec sa mère, ...
Denis souhaite également parler du livre qui a fait l’objet d’une lecture à plusieurs voix aux Papiers Bavards, dans le cadre de l’opération « Mon libraire, mon univers ». Il s’agit d’un ouvrage de Violaine Bérot, Tombée des nues, qui traite d’un sujet rarement évoqué en littérature, le déni de grossesse. Ce livre original dont l’histoire se déroule sur quatre jours, peut se lire soit de façon chronologique, soit en suivant un personnage tout au long du livre, puisqu’on a le point de vue de tous les personnages.
Christiane a rebondi sur le livre de Denis pour nous parler du livre de Marthe et Philippe Delerm, Le miroir de ma mère, un livre à deux voix, dans lequel il évoque le livre d’Albert Cohen. Une mère qui, avec talent, livre les reflets d'une autre époque, et un fils qui, comme en miroir, rapproche les images lointaines. Philippe écrit à la suite de chaque tranche de vie de sa mère, s'étonnant, se rappelant, souriant aux anecdotes ou descriptions de la vie d'antan.
Pour ma part, j’ai eu un immense plaisir à lire le dernier livre de David Foenkinos, Vers la beauté. Je n’ai pas lu les premiers livres de l’auteur, mais depuis Charlotte, je suis une fan absolue. J’aime le style et les histoires sont toujours originales. Un professeur d'histoire de l'art, miné par un secret douloureux, plaque tout pour devenir gardien de musée à Orsay. Avec ce roman, c’est avant tout le primat de la beauté sur l’horreur, qui cherche à se faire entendre. Et c’est un pari très réussi…
Bernadette